Comment l'Opep pourrait réagir face à la chute des prix du pétrole?

Comment l'Opep pourrait réagir face à la chute des prix du pétrole?

La rentabilité des plateformes de forage dans le schiste aux Etats-Unis est menacée avec un prix inférieur à 50 USD pour le baril de pétrole.

En un mois, le cours du Brent a chuté de 22%. Une baisse de la demande de pétrole de la part de la Chine suite à la propagation du coronavirus compte pour une bonne part dans cette chute.

Un mois à peine après la reconduction de l’accord signé fin 2016 entre les 13 membres de l’Organisation des exportateurs de pétrole (Opep) et les 10 pays producteurs non-membres de ce cartel, et visant à soutenir les prix du baril par une réduction de leur production, voilà que l’organisation se demande s’il n’y a pas lieu d’aller plus loin encore. De reconduire au moins une nouvelle fois cet accord censé courir jusqu’à fin mars, au-delà de ce mois.

Depuis son point le plus élevé (70,7 USD) atteint en 2020 dans les jours qui ont suivi l’assassinat d’un général iranien par les États-Unis début janvier, le prix du baril de Brent est redescendu de 22%. Une bonne moitié de cette baisse est à imputer à la propagation du coronavirus en Chine. Avant d’afficher quelques velléités de remontée, il était tombé à 53,95 USD dans la matinée de mardi.

Demande chinoise en baisse

Suite à sa décision de mettre au "chômage économique" une partie de ses travailleurs pour au moins jusqu’à la fin du week-end prochain, et de mettre ainsi au ralenti une partie de son activité économique, la Chine a moins besoin de pétrole. Selon Bloomberg, la demande de pétrole de ce pays aurait baissé de 3 millions de barils par jour (b/j) depuis le 23 janvier. Ce qui représente 21% de sa consommation habituelle, ou encore 3% de la demande mondiale (environ 102 millions b/j).

CONSEIL
Que s’est-il passé aujourd’hui sur les marchés financiers et dans votre portefeuille d’investissements?
En marge de la publication de ses résultats de 2019 ce mardi, le groupe pétrolier BP a indiqué que l’épidémie de coronavirus menace de réduire d’un tiers la croissance de la demande mondiale. "Nous prévoyons une baisse moyenne de la demande de 300.000 à 500.000 b/j pour l’année." La contribution de la Chine dans la croissance de la consommation mondiale a été en moyenne de 36% au cours des 5 dernières années, selon des évaluations établies par l’EIA (Energy Information Administration).  

Le marché déborde  

Plus que jamais, le marché déborde de pétrole. Voilà qui justifie la déprime actuelle des prix du pétrole. Et à vrai dire, une simple reconduction de l’accord de réduction Opep+ signé à la fin de l’année passée, auquel s’était joint un autre portant sur une réduction supplémentaire de 500.000 b/j de la production, risque fort de ne pas suffire. L’Opep et ses alliés parmi lesquels on trouve la Russie, choisiront-ils plutôt de laisser glisser les prix avec l’espoir que l’épidémie de coronavirus ne s’étendra pas sur une longue période? Et espérer dans ce cas une baisse de l’activité pétrolière des États-Unis qui sont actuellement le premier producteur au monde avec 12,9 millions de b/j pompés. Sous les 50 dollars le baril, beaucoup de plateformes de forage américaines dans le schiste rencontreront des difficultés à atteindre un seuil de rentabilité.

Dans les coulisses des marchés, le bruit court que l’Opep s’apprête à retirer 500.000 barils par jour.

BC ENERGY

Opter pour cette voie comporte cependant des risques pour certains membres de l’Opep. Ceux pour qui une chute des prix du baril (159 litres) rendrait encore plus compliqué le financement de leur budget national. Les analystes de JBC Energy rapportent plutôt que "dans les coulisses des marchés, le bruit court que l’Opep s’apprête à retirer 500.000 barils par jour" sur les 28,37 millions b/j produits en janvier. Cette voie, si elle devait être privilégiée, aurait l’avantage de procurer du soutien aux prix pétroliers.

Pour BP, "le prix du baril évoluera aux alentours de 55 USD et ne montera que vers la fin de l’année". De son côté, Fitch estime que les prix du pétrole resteront "hautement volatils cette année".

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de Zahir Serrai MBA

Autres pages consultées

Explorer les sujets