Comment réussir en alternance en équilibrant les 3 piliers du temps
Après 10 ans d’expérience de tutorats universitaires et grandes écoles pour des Masters 1 et 2, voici 3 conseils que je peux vous proposer pour réussir, coté entreprise et coté alternant.
Regardons comment la gestion du temps des 22-25 ans en alternance se compose de 3 parties à équilibrer.
Le temps académique
Un premier ensemble du planning et du temps est dédié à la partie académique qui définit le statut d’étudiant, et se matérialise par du temps de participation active en cours présentiels et distanciels, du temps investi dans les travaux de groupes, parfois excessivement développés dans les business school, pour parait-il stimuler le travail d’équipe, mais aussi me semble-t-il favoriser le métier de passager clandestin, et enfin le temps de travail individuel d’étude des cours, des devoirs, des recherches et de la création de contenu comme les mémoires. Ce dernier sous ensemble est trop souvent sous-estimé par les étudiants comme par les tuteurs entreprise. L’usage est de le traité comme compressible, avec l’approche bachotage, ce qui conduit les étudiants adeptes de cette réduction du temps à la réduction de leurs savoirs.
Premier conseil
Il y aurait assez de contenu et de tâches pour que cette partie en elle seule occupe à temps plein un étudiant. C’est la conception historique de la formation initiale. Le format alternance implique qu’il va falloir donner du temps à deux autres piliers de l’alternance tout en protégeant le temps académique et la performance académique pour que l’essence même de cette période étudiante produise sa valeur. En effet, comment décrire un étudiant qui n'apprendrait rien ou si peu pendant ses études ?
Le temps de l'entreprise
La deuxième partie est naturellement le temps de la partie entreprise qui se compose de la présence active, sur site et à distance, pour réaliser des missions, des études, des productions, tout cela dans le contexte managérial d’une équipe, avec les échanges, les réunions et les courriels. Cet ensemble vise en priorité un objectif d'apprentissage, et pas seulement de production. Ce temps d'entreprise est souvent de deux-tiers ou trois-quarts de l’agenda mensuel, en complet déséquilibre avec le temps académique qui cède sa prééminence à l’entreprise avec la conséquence dramatique que les étudiants se projettent en employé à temps plein dans des entreprises qui les intègrent dans leurs organigrammes au même titre qu’un salarié à plein temps.
Deuxième conseil
Les étudiants sont souvent victimes de dissonance cognitive, et rejouent le syndrome de Stockholm en m’expliquant que l’entreprise compte sur eux, le soir, les journées et les semaines pourtant programmées pour le temps académique. Ce sont les grandes écoles et les universités qui délivrent les diplômes. N’oubliez-pas, chers étudiants, votre objectif. Sachez refuser de sacrifier la partie académique pour la production entreprise hors planning.
Quant aux sociétés qui recrutent des alternants pour profiter des dispositions financières et réduire leurs recrutements en CDI, savez-vous que vous mettez en danger ces jeunes pousses ? Vous les empêchez de grandir à leur taille en saisissant maintenant le fruit de leur jeune production. Certes il est possible de produire en même temps que l’on apprend, mais il s’agit d’une conséquence, pas d’un objectif initial.
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Le temps de vie
L’alternance est un mot qui nous vient du latin alternare et qui suppose le plus souvent que deux choses prennent place ou action successivement. Mais nos étudiants ne sont pas des moteurs à deux temps. Il est une dimension intrinsèque qui est propre à leur vie, leur âge, et leurs niveaux d’hormones. Leur cerveau est le théâtre d’une révolution de connexions synaptiques et leur corps est une immense salle de sport où les activités physiques et sociales sont au pic de la vie humaine. Les grands champions, les grandes rencontres, les grandes décisions sont souvent prises dans ces âges n’est-ce pas ? Alors pourquoi vouloir mettre les étudiants en cage, à l’université ou en entreprise ?
Troisième conseil
Le troisième conseil est donc de prendre conscience de cette réalité et de respecter ce troisième pilier en lui donnant le temps nécessaire. Le temps de vie est indiscutablement le plus important pour le développement humain. Montaigne, ainsi que d'innombrables sages le répètent depuis des siècles. Mon expérience personnelle et professionnelle le confirme au XXIème siècle. de plus, l'essor des moyens de communication et l’explosion des connaissances dépassent les capacités de diffusion des universités et des entreprises. L'innovation est partout. il est bien normal que l'apprentissage se réalise au-delà du temps académique et du temps en entreprise. Les connaissances générales et les qualité humaines réclamées en entreprises en seront renforcées.
Conclusion
Je n’ai jamais observé que le temps académique empiète sur les deux autres. Au contraire, le temps de l’entreprise ronge trop souvent les piliers académiques et les piliers de vie des étudiants, si bien que l'aspiration de nombreux étudiants en fin M2 est de prendre une année sabbatique. Quel drôle de démarrage dans la vie post académique et professionnelle.
Le temps académique donne les bases des connaissances pour apprendre à apprendre, pour s'adapter et grandir toute sa vie. Protégeons-le pour le succès de la nouvelle génération.
En conclusion de 10 ans de tutorats de très nombreux alternants, mes trois conseils, sur le temps académique, le temps de l’entreprise et le temps de vie, fusionnent vers la recherche de l’équilibre des trois piliers de temps pour la réussite de l’étudiant, et par voie de conséquence, pour la réussite de son établissement d'enseignement supérieur et de son entreprise.
N’allez pas croire que l’alternance est un partage en deux parties du temps des étudiants, car nous sommes trois. C'est l'équilibre et non la concurrence qui les mène vers le succès.
Investissez sur les étudiants en alternance. Ils sont notre plus grand espoir et vous avez le pouvoir de les faire réussir.