Réseaux sociaux d’entreprise : le secret est dans les écosystèmes
Un réseau qui marche est un réseau qui marche mal. Ce sont les solutions bricolées qui sont les plus efficaces. Depuis qu’on s’intéresse aux réseaux sociaux d’entreprise, on cherche davantage à comprendre pourquoi ça marche, que : pourquoi ça ne marche pas.
Voici deux cas particuliers d’entreprise.
Quand réseau social = écosystème fermé.
La première, DIGINEXT, travaille dans le domaine de la défense et de la sécurité. Pour elle, pas question d’importer une solution toute faite avec des “briques” plus ou moins contrôlées. La sécurité des informations qui circulent dans le réseaux est absolument primordiale. Jérôme Perelman le précise “on ne peut pas réellement faire du collaboratif”. On a donc des solutions largement développées par les ingénieurs de la structure et qui se limitent à des fonctions très basiques du réseau, outre la messagerie : partage, mise en commun d’informations, création de liens, d’espaces de rencontre. Et ce besoin spécifique : thésauriser les connaissances à partir de veille technologique effectuées par les uns et les autres. Une fois de plus, c’est le professionnel qui passe devant le convivial. La question de la sécurité qui est ici dominante, se retrouve dans tous les réseaux qui veulent pouvoir maîtriser ce qui circule et où. Dans cet exemple, on est sans doute assez près de ce qu’est le besoin le plus basique possible d’un réseau. On est dans un modèle d’écosystème très fermé.
Quand réseau social = écosystème ouvert.
La deuxième entreprise travaille dans le domaine de la santé et des biotechnologies. Un groupe international qui communique sur dix sites et en trois langues : anglais, français allemand. Un vrai besoin de mise en réseau. Après avoir tenté l’expérience d’un prestataire “trop gros”, ils choisissent un partenaire à leur taille, mieux apte à comprendre leurs besoins et à y répondre. Car l’outil qu’on va leur proposer doit être accessible aux gens qui vont le gérer et le faire vivre. Après trois premières années de mise en place on s’aperçoit que des changements ont commencé à se montrer. Le fil d’actualité marche bien, les salariés se mettent à liker les infos qu’ils préfèrent, c’est le début d’une interactivité. Le réseau de correspondants internes se mobilise pour faire vivre l’outil en mode “partagé”. De nouvelles formes de contenus apparaissent, inspirées des réseaux sociaux externes : davantage de vidéo, des présentations en talk show. On cherche comment réaliser des enquêtes d’opinion en ligne. Bien sûr ce sont les communautés réelles qui sont les plus actives, les sites communiquent plus entre eux qu’avec les autres. Bien sûr, la branche la plus traditionnelle de la hiérarchie n’a pas tendance à encourager le mouvement. Mais c’est bien parti. Brice Roquet le remarque “maintenant, on commence à se libérer un peu plus”. Ici, on voit une entreprise qui met en avant la communauté humaine avant la technologie (c’est l’outil qui s’adapte à l’homme et pas l’inverse) et qui accompagne le changement au long cours sans imposer de “gare d’arrivée” depuis l’origine.
Faire en marchant ou construire pas à pas son réseau social en fonction de son écosystème
Le principal obstacle au changement c’est la peur de perdre, d’être dépossédé. L’intérêt d’une démarche d’ingénierie du changement fondée sur l’écologie de l’information, c’est que personne ne perd rien. On commence par gagner. On met l’accent sur de nouveaux possibles, on crée des rôles, de nouveaux espaces de jeux en forme d’écosystèmes, on développe de nouvelles pratiques, on adapte les solutions au fur et à mesure. Et comme les supports avec lesquels on travaille sont ludiques, il amènent tout doucement à sortir de son rôle habituel.
Pierre Gandonnière
Remerciements
Un grand merci aux professionnels qui nous ont apporté leur expérience et leur point de vue, ainsi que leur temps précieux : Jérôme Perelman, Brice Roquet, Alain Garnier