Comparer les crises de 2008 et 2020, kamoulox de la pensée moderne.
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Comparer les crises de 2008 et 2020, kamoulox de la pensée moderne.

Non, la crise de 2008 est incomparable à celle actuelle. Se risquer à une telle comparaison revient à insulter le vivant en n’envisageant que les seules conséquences économiques.

2008, c’est la crise de l’homme par l’homme ; la crise d’un système cynique qui se retourne contre celui qui l’a créé, à la manière de cette créature artificielle qui se retourne contre le docteur Victor Frankenstein qui l’a fait naître. 2008, c’est la vie classique d’un système capitaliste qui n’est fait que de crises et de rebonds.

2020, c’est tout autre chose.

Ce n’est pas la crise de l’homme par l’homme mais la crise du vivant contre l’homme qui l’exploite jusqu’à l’anéantir. Plus qu’une mise en garde, c’est une leçon d’humilité. C’est cette claque que le parent porte à son enfant capricieux qui vient de franchir une ligne rouge. C’est la riposte d’un pangolin dont on retrouvera la peau sur un bracelet de montre dans une vitrine des Champs Élysées. C’est la riposte d’une biodiversité qu’on anéantit, d’hectares de zones sauvages que l’on détruit au risque de faire parvenir jusque dans les zones urbanisées des espèces animales aux agents pathogènes qui étaient auparavant cantonnées à des espaces vierges de toute présence humaine. C’est ce qui se passe pour le COVID19, comme cela a été le cas avec Ebola, en sachant que la viande dite de brousse était ensuite envoyée aux quatre coins du globe avec le risque sanitaire que suppose cette mondialisation de notre anthropocentrisme acharné ; Anthropocentrisme humain qui lui-même s’accompagne d’anthropocentrismes nationaux aux relents de racisme inconscient. En effet, certains ont vite fait d’accuser les Chinois en qualifiant d’étranges leurs habitudes alimentaires. Est-ce plus étrange que notre tradition gastronomique consistant à se sustenter de cuisses de grenouilles, d’anguilles, d’escargots jusqu’à l’inscrire au patrimoine culturel immatériel de l’humanité ? Est-ce plus étrange que cette réalité qui consiste à objetiser le vivant pour le réduire à un vulgaire produit de consommation ? Chaque seconde dans le monde, nous ôtons la vie à 1900 animaux. Chaque seconde. 1900 animaux. Du haut de notre égoïsme d’espèce toute puissante, nous décrétons ce qui peut vivre et ce qui peut mourir, ce qui peut être anéanti et ce qui peut être conservé, allant jusqu’à attribuer une valeur marchande au moindre élément constitutif de ce monde vivant qui aspire qu’à n’être protégé de ces perversions financières.

Celles et ceux qui se posent la question du monde que nous voulons n’ont pas compris que nous n’avions même plus le luxe d’une telle interrogation. Nous sommes déjà au stade d’après, celui de l’ultimatum terrifiant mais aussi exaltant de la survie de l’humanité avec les défis qu’elle suppose. Cet ultimatum, que nous pose aujourd’hui le monde vivant qui se rappelle brutalement à notre attention, est le suivant : soit on change maintenant radicalement, soit on prend la responsabilité mortifère de la destruction d’une biodiversité au sein de laquelle nous ne représentons qu’une seule espèce parmi 9 millions d’autres.

Il est grand temps de retrouver la voix de la raison et de l’humilité.

Des agents pathogènes comme le COVID19, les scientifiques en estiment le nombre à 1,7 millions. 1,7 millions de virus encore inconnus et susceptibles d’être libérés du fait de notre action (animaux sauvages zoonoses dont on détruit les lieux de vie et qui finissent par être en contact des Hommes, fonte du permafrost accélérée par le réchauffement climatique enfermant des virus aux taux de létalité vingt fois supérieurs à celui du COVID...).

Cette crise nous engage à un triple impératif :

- Faire taire notre anthropocentrisme afin de renouer avec une humilité qui conditionne le respect du vivant ;

- Placer les enjeux de fraternité comme clef de voûte d’un système d’interactions humaines. L’économie, l’argent au sens large, est un serviteur et non un maître.

- Gagner en raison : cesser de créer de nouveaux besoins auxquels nous nous habituons logiquement mais qui vont à l’encontre des deux objectifs cités plus haut et qui concourent donc à notre perte et à celle du monde vivant que nous entraînons avec nous.

Profitons de ce répit imposé pour réaliser une introspection sincère et sans tabou :

quel est l’avenir que je désire pour mes enfants ?

Où est passée la neige de mes hivers d’antan ?

Pourquoi les fabuleux animaux sauvages ont disparu, ceux qui étaient autant d’êtres merveilleux dont mes parents me contaient les aventures avant de m’endormir ?

Ai-je vraiment besoin de cet objet ?

Qu’est-ce qui m’est vraiment important ?

Quel besoin secondaire ai-je érigé en nécessité vitale ?

Qu’est-ce qui compte vraiment ? Vraiment ?

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