Confinement : "aide toi, le ciel t'aidera"
Le dernier billet de mon blog ("Entre Marne & Forêts") rassemble quelques réflexions d'ordre général sur la parenthèse insolite de plus de deux mois que nous avons vécu. Une période riche en enseignements, qu'ils soient de l'ordre de l'intime, il n’est pas si fréquent d’avoir l'opportunité d'un dialogue inédit avec soi même, ou plus collectifs, la place prise par des services publics aussi essentiels que l'hôpital et l'école, l’importance des "premiers de corvée" dans notre vie quotidienne ou encore l'impact des mesures gouvernementales liées notamment au soutien à l'emploi et à l'économie, y compris si certains de nos concitoyens, trop nombreux, ont perdu leur emploi.
Cette crise sanitaire a révélé également toutes les fragilités d’une société considérée jusque là comme invulnérable et accéléré dans le même temps un processus de décomposition avancée dont nous ne soupçonnions pas l'ampleur. «Le vieux monde se meurt » et un nouveau semble surgir soudainement, sans prévenir … « the times is out of joint », attention aux dégâts, il y en aura, ils risquent d’être nombreux et douloureux ...
Les spécialistes auront tout le temps de théoriser et de débattre sur une expérience spatio temporelle aussi singulière qu’unique, constituant un véritable arrêt sur image dystopique. Nous verrons bien … Un constat cependant s’impose à tous, l’homme est devenu au fil des millénaires le pire virus que la terre ait connu et le prouve encore au quotidien.
A titre personnel, mon activité de Maire m’a permis de toucher du doigt les lignes de fracture d’un modèle organisationnel littéralement à bout de souffle et apprécier à sa juste valeur le formidable potentiel humain d’une société qui n’en manque pas et qui constitue une véritable richesse et une promesse pour l'avenir.
Soyons cash, si l’État a fait preuve d’inertie, démontré sa pesanteur et ses contradictions, beaucoup de collectivités ont relevé le défi et agi utilement pour leurs administrés : initiant, animant, tissant réseaux de solidarité et fédérant des dynamiques solidaires citoyennes. Depuis le début de cette séquence une avalanche d’injonctions contradictoires provenant du sommet d’un état pyramidal déconnecté de sa base, le terrain, et perdant de vue la nécessité absolue d’agir vite et au plus près de nos territoires se sont succédés. Le manque d’anticipation, d’agilité ou de réactivité d’une administration "pétrifiée" dans l'attente d'une parole « libératrice » venant « d’en haut », a été dommageable. Contexte qui a incité nombre d’acteurs du terrain à appliquer avec bonheur une maxime chère à Jean de la Fontaine et bien connue de tous les élus de France « Aide toi, le ciel t’aidera » (Le chartier embourbé).
A bien des égards, cette crise sanitaire aura constitué un crash test qu’il faut savoir prendre comme tel, révélant nos failles organisationnelles, multiples, les limites d’un modèle technocratique pyramidal et sclérosé, aux lignes hiérarchiques venues d’un autre âge et de périmètres de compétences en mode silos isolés, avec pour corollaire une multitude de comités « théodules », le tout aboutissant au bout du bout à une véritable paralysie décisionnelle témoignant d’une « stupidité fonctionnelle » inadaptée aux défis de la société complexe qui est désormais la notre.
Toutes celles et ceux qui durant ces journées se sont retrouvés en première ligne, j'ai une pensée particulière pour les personnels soignants, savent qui durant ces journées à été à leurs côtés ou non, et qui a agit utilement ou pas. Je n’oublie pas quand à moi l’aide de la Région Ile de France comme de celle du Département de Seine et Marne.
A Trilport nous sommes intervenus au cœur même de la fragilité, avec des moyens pourtant limités, grâce à une mobilisation collective et un état d’esprit qui nous ont permis d’initier des actions citoyennes solidaires répondant concrètement aux aléas et urgences successives. Une énergie collective et des initiatives qui ont suscité une réelle curiosité médiatique qui m’a amené notamment à répondre a certaines sollicitations des journaux et chaînes de télés.
Nous avons ces dernières semaines expérimenté certaines pistes d’action reposant sur des concepts simples que je vous propose d’explorer, en m’excusant du prisme territorial qui est le mien, celui d’un élu local donc réducteur par nature.
Plus que jamais je crois à notre capacité collective à développer une résilience territoriale, elle nous permettrait d’être plus solidaire, agile et innovant. Encore faut il l’impulsion d’un état "stratège" qui privilégie une lecture collaborative, et développe en profondeur, certaines qualités intrinsèques qui nous permettraient sinon de modifier quelque peu notre ADN territorial, du moins de mieux répondre aux incertitudes et aléas d’une société qui n’en manque pas et deviendra je le pressens de plus en plus complexe.
Quelles sont les pistes à explorer ? En voici quelques unes, je n'ai jamais prétendu à l'exhaustivité ...
Faire société, Créer du lien, Oser le collaboratif, Devenir agile, Entretenir les dynamiques de nos territoires
Pour en savoir plus, lire le billet du blog
Activateur de synergies, en contextes humainement complexes
4 ansJe ne crois pas que « l’Etat stratège » puisse être aussi « collaboratif ». L’usage du terme « stratège » dans le système public (et ailleurs) conduit, implicitement ou explicitement, à considérer la supériorité des « stratèges » sur les autres qui, ensuite, « déploient », exécutent. Et s’ils ne le font pas, c’est parce qu’ils sont coupables, pas parce que la « stratégie » est inapplicable... Tout cela est dramatique quand on considère les compétences réelles de beaucoup de « stratèges » publics, avec des Copil « nobles » et des Cotech d’exécutants. Une bonne stratégie est une stratégie que l’on peut mettre en œuvre. Et que l’on conçoit donc de façon collaborative, avec toutes les parties prenantes, et pas d’une part avec ceux qui « savent » et d’autre part ceux qui « font ». Bravo aux « premiers de corvée » qui ont sauvé le système malgré les « premiers de cordée » ! Et malheureusement, je ne crois qu’à la capacité à exercer ce que certains appellent le « push back » dans des grandes organisations complexes (et internationales) : résister. Ça s’appelle l’équilibre des pouvoirs (d’où l’usage du terme anglo-saxon), une vertu publique que le système français n’apprécie guère...
Consultante RH, Executive coach, Facilitatrice et formatrice
4 ansEn première ligne Jean Mi