CONSEIL CONSTITUTIONNEL : LA THEORIE DU COMPLOT

Le Conseil constitutionnel a tranché. Présidé par un ex-premier ministre socialiste, il a été aussitôt accusé par les médias et les syndicats d’être une bande de « vendus » ou « d’achetés ». Après Mme MICHEMU, employée à la RATP, déclarant « selon mon analyse...», nous avons eu le droit à un nouveau bal des égos. Dans ce climat d’ultracrépidarianisme généralisé, de nombreux « experts » autoproclamés ravis de l’occasion de se faire valoir à la télé, après avoir été chez le coiffeur et mis leur plus belle cravate choisie par leur épouse, sont venus déclarés qu’ils étaient contre l’analyse du Conseil constitutionnel. Nous avons découvert avec stupéfaction que la France compte des centaines de spécialistes en droit constitutionnel comme nous avions découvert, lors du Covid, qu’elle comptait des centaines de spécialistes en épidémiologie. Nous avons eu le droit ensuite à l’interview du leader de la CGT Cheminots affirmant « représenter le peuple et les travailleurs ». Quel est le journaliste qui a eu le courage de rappeler que l’ensemble des organisations syndicales dites représentatives ne représentent que 8 % des salariés du privé (donc la CGT, 2,5 %) et que la CGT Cheminots ne fait que défendre un régime qui, par ses privilèges, incarne l’injustice et l’inégalité du système de retraite français. Nous avons eu le droit ensuite à l’interview de François HOMMERIL leader de la CFE-CGC. Quel est le journaliste qui a eu le courage de lui rappeler que la première chose qu’il a faite avec son compère Laurent BERGER en 2015 est d’imposer au sein de l’ARRCO-AGIRC un âge de liquidation sans décote de 63 ans entre autres mesures drastiques qui se sont traduites pour les salariés et les retraités du privé par une forte baisse de leur pouvoir d’achat. Nous avons entendu François HOMMERIL nous dire que la réforme était inutile, que l’équilibre financier du régime de retraite n’était pas menacé et que les prévisions du gouvernement (10 Md€ de déficit à horizon 2030) étaient fausses et mensongères. Quel est le journaliste qui a eu la curiosité d’examiner le discours tenu en 2015 par François HOMMERIL et Laurent BERGER pour justifier ces mesures à effet catastrophique destinées à éviter la faillite du régime ARRCO-AGIRC. Ils auraient pu s’apercevoir alors que leurs prévisions étaient de 10 Md€ de déficit à horizon 2020 pour le seul régime ARRCO-AGIRC...et se poser alors de sérieuses questions sur leurs compétences en matière de prévisions économiques ou leur honnêteté intellectuelle...lorsqu’on sait, que malgré le COVID, l’ARRCO-AGIRC a terminé 2022 avec un résultat technique (hors résultat financier) de 5,6 Md€ après un excédent de 2 Md€ en 2021. Nous avons eu le droit ensuite aux sondages : A la question voulez-vous travailler plus longtemps pour assurer la pérennité du régime par répartition dans l’intérêt de vos enfants, les français répondent majoritairement non. Puis à l’apologie du RIP. A la même question, les français répondront majoritairement non. Comme ils répondront majoritairement oui à des questions telles que « souhaitez la suppression ou la baisse de l’impôt sur le revenu, de la CSG, de la TVA ? ». Cela n’a aucun sens. Un cinquième des parlementaires (de tous bords) auront-ils le courage de déposer un projet de RIP dont les deux (bonnes) questions claires, binaires et compréhensibles par tous seront :

1° Approuvez-vous le projet de loi visant à instaurer, en matière de retraite, le principe de règles identiques entre tous les français quel que soit leur statut - salarié, indépendant, fonctionnaire ou agent des régimes spéciaux -, quel que soit leur sexe et leur situation de famille, en ce qui concerne l’âge légal de liquidation, les conditions de durée d’activité, les modalités de calcul de la pension de retraite, les critères définissant la pénibilité et la réversion.

2° Approuvez-vous le projet de loi visant la suppression immédiate et totale des régimes spéciaux de retraite ?

Si des parlementaires ont ce courage, nul doute qu’il sera facile de recueillir 10 % de votes oui dans le corps électoral avec un respect total de la démocratie.

Le Conseil constitutionnel a censuré deux mesures : l’index seniors et le contrat seniors. Des pitreries faites pour amuser la galerie. Un index sans sanction et une baisse de cotisations financée par la solidarité nationale pour inciter le patronat à réembaucher les seniors dont il s’était séparé plus tôt ! La principale question de la réforme des retraites n’a jamais été traitée. Elle devra l’être dans le cadre d’une loi travail. Comment faire en sorte que la France ne détienne pas le record d’inactivité des seniors, que l’âge de sortie du marché du travail ne soit pas inférieur de 2 ans à l’âge de liquidation de la retraite, comment s’attaquer aux racines du mal à savoir que les seniors sont systématiquement mis à la rue avant 62 ans. En concertation avec les syndicats ? Force et de constater que patronat au nom d’un jeunisme stupide et syndicats au nom de la doctrine du partage du travail (virer un vieux expérimenté permet d’embaucher un jeune sans qualification) sont les principaux responsables et complices de cette situation en ayant inventé et promu la rupture conventionnelle, un divorce à l’amiable dont l’indemnité compensatoire est prise en charge par la solidarité nationale, par l’assurance chômage ! 

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