Construction : Les Carteron montent le ton
Crédit photo de l'article : Raphaël Susitna
Extrait d'un article paru dans le Canard Casqué, journal qui Rassembler les acteurs et passionnés du BTP, édité par Monsieur Eric Chalvin
Croire en ses valeurs et « mouiller le maillot » en s'engageant sur le terrain sont des qualités qui méritent à être partagées et diffusées par le Canard Casqué. Reconnus pour leurs analyses pertinentes et engagées, Danièle et Bertrand que l'on appelle aujourd'hui les « Carterons », exposent leurs constats et proposent leurs idées. Des réflexions à partager sans modération.
Danièle Carteron
Titulaire d’un master 2 en droit public, je suis gérante d’une société d’assistance à maîtrise d’ouvrage, à maîtrise d’œuvre et aux particuliers et formatrice à la CCI. Mariée à Bertrand, mère d’une petite fille de 6 ans, première maire adjointe à la Mairie de Saint-Jean-de-Sixt et conseillère communautaire au sein de la C.C.VT. Je suis une vraie fille de la vallée comme on dit par chez nous. Un père de Thônes, Jeannot Maschio, qui était conducteur de travaux chez Barrachin BTP, une mère de La Clusaz, Dominique Mermillod Blondin, qui était gérante d’une société d’électricité dans le haut de la vallée. Nous vivons à Saint-Jean-de-Sixt et nos bureaux sont au Grand Bornand ! Très tôt, j’ai commencé à respecter les hommes sur les chantiers qui construisaient nos commerces, nos bureaux et nos lieux de vies. Petite, mon père m’emmenait souvent sur ses chantiers. J’ai appris à toucher un « beau béton », à m’émerveiller devant une belle réalisation, notamment devant le monument des Glières, magnifique œuvre à laquelle mon père a eu la chance de participer.
Une phrase du petit livre dédié à sa construction m’a marquée profondément et continuent encore aujourd’hui à me guider :
Bâtir, construire, aménager, laisser une empreinte durable et de qualité reste aujourd’hui une très belle voie pour donner un sens à sa vie.
Une vraie révélation qui me décide à créer Carteron Conseils, une société spécialisée dans la construction de logements. Ceci dans le but qu’au-delà même des relations contractuelles que j’enseigne à mes élèves, je puisse remettre des relations humaines dans l’acte de construire tout en espérant participer à l’édification de logements durables sur le magnifique territoire où je vis. Mon métier consiste notamment en la gestion des TMA (Travaux Modificatifs Acquéreurs), des choix acquéreurs, de la relation client en général avec une spécialisation dans les fins de chantiers.
J’arrive lorsque les responsables de programmes sont à bout ou ont littéralement quitté le navire, que les relations avec les entreprises sont parfois mises à rude épreuve, alors que la phase cruciale de l’acte de construire touche à son but : la livraison de son logement à une personne qui l’a attendu entre 1 et 3 ans, qu’il n’a jamais vu sauf sur plan, qui l’a payé au prix fort du mètre carré de notre beau département... grâce à un crédit sur 25 ans.
Vous allez me dire que mon métier ne devrait pas exister. Et vous avez raison !
Mais voilà, nous sommes passés de la reconstruction des années 1950, à de la « sur construction » en usurpant le droit de la construction au droit au logement qui , lui, est un droit à valeur constitutionnelle qui vise à garantir un toit pour tous, tout simplement. Il suffit juste de se référer aux besoins en logements neufs de nos territoires réalisés par la DDT pour s’en rendre compte. Notre territoire respecte-t-il les besoins évoqués ?
En effet, je constate que, depuis ces 14 années d’exercice de mon métier, l’accession à la propriété est de plus en plus difficile dans notre département.
Je ne compte plus le nombre de personnes sur mes programmes qui me confient acheter pour faire de l’investissement locatif. Je suis lassée des nombreuses lois qui paraissent au Journal Officiel sur la défiscalisation. Je suis inquiète quand les communes de ma vallée m’indiquent que la solution serait donc in fine de dissocier le foncier du bâti afin d’offrir, à une certaine catégorie de personnes seulement, le droit à l’accession à la propriété. Car soyons francs, revenir vivre au sein de la vallée des Aravis a mis le point final à mon constat. Mes amis d’enfance, aux noms de familles historiques du haut de la vallée, ont commencé à tous descendre vivre dans le bas de la vallée. Une vraie désertification de nos communes dont les habitants n’ont plus eu les moyens de vivre là où ils travaillaient, alors que fleurissaient à l’époque les offres Airbnb et les envies de Club Med à tire-larigot. Je décide alors de « prendre le taureau par les cornes et je me lance.
Je deviens conseillère municipale en 2020 et décide d’ajouter une corde professionnelle à mon arc : le conseil en construction de logements permanents en montagne. Aidée par des promoteurs allant de petits groupes familiaux à de plus importants promoteurs privés, je propose aux communes de montagne des constructions avec des logements à prix maîtrisés en plus des Baux Réels Solidaires si à la mode, et des logements sociaux le plus souvent obligatoires mais nécessaires, afin d’essayer de toucher toutes les catégories de notre population pour qu’elle puisse rester, face à des prix de l’immobilier toujours plus élevés !
Je découvre en même temps la réalité du monde politique et la différence entre ce qui est prôné à la radio et scandé dans la presse, et la réalité sur le terrain, où se mêlent enjeux politiques et propagandes.
Ma profession de foi est écrite : je vais faire des logements permanents mon « cheval de Troie », et peu importe le temps que cela prendra !
Par chance, suite à un remaniement interne, j’ai l’honneur d’être nommée première adjointe et conseillère communautaire depuis avril dernier. Je n’ai pas la prétention de vouloir révolutionner le monde, ni de demander à nos bâtisseurs de cesser de construire. Comme cité auparavant, j’aspire à « donner un sens à ma vie en laissant une empreinte durable ». J’espère, par mes actions et mon investissement, transmettre les valeurs qui sont les miennes, l’honnêteté, la sincérité, la confiance et la probité. Et ainsi participer à faire en sorte que le plus grand nombre puisse rester vivre dans nos montagnes et accède à la propriété. Je sais que le chemin est long, mais impossible n’est pas Carteron. Comme le dit souvent notre fille Anna : « si on le fait pas Maman, Papa, qui le fera » ?
Avec tous les lecteurs du Canard Casqué, faisons de cette phrase « Bâtir, construire, aménager, laisser une empreinte durable et de qualité reste aujourd’hui une très belle voie pour donner un sens à sa vie » notre leitmotiv, en travaillant ensemble et sans relâche à la réalisaiton de ce projet. Merci !
Parler de ses valeurs. Un exercice à la fois passionnant et délicat en raison de la réflexion intime et sincère, et du devoir de transparence qu’il impose.
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Bertrand CARTERON
Marié et papa. Je vis à Saint-Jean-de-Sixt et j’exerce à mon compte le métier d’expert en évaluation immobilière.
Passionné par ce métier, j’ai à cœur de transmettre mon savoir en qualité de formateur consultant en milieu universitaire et professionnel.
Derrière le métier d’expert en évaluation immobilière se cachent 4 compétences :
Le tout en restant neutre, impartial et indépendant. Si cette présentation peut sembler imposante, elle n’en demeure pas moins logique, et, mise en application, devient une posture et un véritable art de vivre :
Connaitre, observer, transmettre
L’immobilier joue sur le temps court, alors que le bâtiment et l’urbanisme ont besoin d’un temps long. Notre problématique est simple : l’immobilier a pris le pas sur le bâtiment, dictant désormais ses impératifs financiers et calendaires. Pour savoir où nous allons, regardons d’où nous venons :
Plus que jamais, notre environnement (dans toutes les acceptations du mot) nous impose de prendre le temps de la réflexion, de l’introspection et de la prospective.
Vu la vitesse actuelle de la construction, en combien de temps notre territoire va-t-il être saturé ?
Pour que nous puissions vivre correctement, notre territoire doit être équilibré et respecter la règle des trois tiers : 1/3 de terrain bâti, 1/3 de terrain agricole, 1/3 de terrain naturel. En Savoie (73 & 74), nous exploitons les 3/3, soit 100 % de notre territoire, avec une nuance pour les Bauges. Plus que jamais, à tous ceux qui se présentent comme bâtisseurs (par l’acte de bâtir ou l’acte de conseil), la situation leur impose d’être à la hauteur de leur prétention. Nous devons nous prendre en main et bâtir notre destin. Cette tâche est tellement ambitieuse que nous avons besoin de toutes les bonnes volontés, qu’elles soient publiques ou privées.
Prenons garde : réfléchir n’est pas agir... et le temps presse. Nous n’avons plus le luxe de nous perdre dans une réflexion sans fin. Notre temps doit être celui de l’action.
Nous faisons face à trois dettes : une dette climatique, une dette financière et une dette générationnelle. Cette situation de fait nous autorise une fenêtre de tir de 30 ans. Passé ce cap, la situation sera hors de contrôle et nous la subirons.
À titre de comparaison, 30 ans, c’est le mètre étalon temporel de l’urbanisme. C’est le laps de temps nécessaire pour observer si une décision en urbanisme est bonne ou mauvaise (les POS créés en 1967 ont été remplacés par la loi SRU de 2000 et l’impact de cette loi sera réellement quantifiable en 2030, au lieu de 2020 initialement annoncé).
Les bâtisseurs le savent : construire une carrière / une réputation, c’est comme édifier un immeuble. C’est un travail de fond, du long terme, qui nécessite de la préparation, de l’engagement, des valeurs humaines et des compétences. C’est du concret, un travail de technicien. C’est ici que tous les acteurs qui se disent responsables entrent dans la partie, pour porter une parole et écrire une belle histoire qui racontera à leurs enfants et petits-enfants comment ils ont relevé les défis pour construire et bâtir notre futur tout en préservant notre environnement, notre territoire, notre bien commun. Pour l’être humain, le logement est une nécessité qui répond à un besoin primaire. C’est un bien de première nécessité. Les solutions les plus simples sont toujours les meilleures. Sans aller très loin, c’est certainement là que se trouve une part importante de la réponse à notre problématique : nous devons revenir aux fondamentaux, bâtir pour vivre.
Du fait de sa composition, le bâtiment n’est pas un bien de consommation. Nous ne pouvons plus faire perdurer et promouvoir un modèle qui conduit à ce que, sur de nombreuses commîmes savoisiennes, plus de la moitié des logements soient des résidences secondaires, et qu’en agglomération, près de 60 % des logements soient occupés par des locataires. Les Savoie ont besoin de leurs forces vives, de leurs habitants, de leurs propriétaires. Le patrimoine doit être une conséquence du logement et non l’inverse. Le bâtisseur est l’opposé du rentier.
Intrinsèquement, l’argent n’a aucune valeur. Ce sont les projets que nous bâtissons avec, qui en ont.
Antoine de Saint-Exupéry écrivait : « Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants ».
Ainsi, dans 20 ou 30 ans, quand ma fille viendra me voir et me demandera : « Papa, qu’est-ce-que tu as fait en 2021 quand tout le monde parlait du changement climatique ? » Je veux pouvoir lui dire : « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour fédérer un maximum de personnes, pour qu’ensemble, nous préparions et bâtissions ton avenir. Et maintenant, c’est à toi, et à vous de jouer ».
Là sont quelques-unes de mes valeurs.
Expert en évaluation immobilière REV | Concepteur et éditeur de logiciels | Formateur consultant | Président de la CNEI
3 ansL'Essor Savoyard & Groupe Le Messager, intéressé(s) pour un échange sur les thématiques du #logement, de l'#urbanisme et de la #construction ?
Expert en évaluation immobilière REV | Concepteur et éditeur de logiciels | Formateur consultant | Président de la CNEI
3 ansLe Dauphiné Libéré, intéressé pour un échange sur les thématiques du #logement, de l'#urbanisme et de la #construction ?
Gérant chez Morzine Immobilier
3 ansBravo et merci pour vos competences qui font plaisir a voir!
Assistante polyvalente - Véritable couteau suisse des missions administratives, financières et de communication au service des entreprises et associations de la Copamo et des communes limitrophes
3 ansUn joli duo rempli de compétences transverses et complémentaires
Développeur et formateur FileMaker
3 ansBelle unité !