Construisons 2030 #4 : L'écologie à la française 🇫🇷

Construisons 2030 #4 : L'écologie à la française 🇫🇷

Chères lectrices, chers lecteurs,

Voici la quatrième édition du nouveau format de "Construisons 2030" !

Depuis le début de la semaine, c’est le branle-bas de combat au gouvernement. Après une prise de parole d’Emmanuel Macron dimanche soir, puis à nouveau lundi, les deux ministres de la Transition énergétique et de la Transition écologique ont détaillé les contours de la planification écologique et de l'"écologie à la française". On vous résume toutes les annonces de la semaine.

Jusqu'au 15 octobre, on vous propose de vous réabonner ou abonner vos proches à Natura Sciences pour 29 € au lieu de 59 € pour un an. Il suffit de renseigner le code promo "RENTREE2023" lors de votre commande.

Merci pour votre soutien, bonne lecture et bon week-end,


Planification écologique : transports, énergie, industrie... que retenir ?

L’annonce était attendue depuis plusieurs mois. "Souveraine" , "compétitive" et "juste". C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a dit vouloir sa planification écologique ce lundi 25 septembre, après avoir parlé la veille d’une "écologie à la française".

En sortie du Conseil de planification écologique, emmanuel Macron a expliqué que l'écologie la française était pour lui une "écologie qui crée de la valeur économique", une "écologie compétitive" qui favorise l’industrie verte, "basée sur la science et sur les résultats objectifs". Il y voit aussi "une écologie souveraine" pour réduire la dépendance aux énergies fossiles.

Pour l’instant peu de mesures concrètes ont toutefois leur plan de mise en œuvre. Fruit de 14 mois de travaux et de concertation, à ce stade, la planification écologique constitue plutôt une multitude de feuilles de routes à construire.

Sur les mesures concrètes, il s'agit principalement d'annonces de budgets liés à des projets déjà connus ou des précisions de calendrier :

👉 Emmanuel Macron a annoncé la future création de 13 RER métropolitains (contre 10 projets annoncés précédemment). Le projet devrait coûter 10 milliards d’euros. Le président a assuré que 700 millions d’euros seraient immédiatement débloqués pour le démarrage.

👉 Emmanuel Macron précise la mise en place d’un leasing social pour permettre aux ménages les plus modestes de louer une voiture électrique en déboursant 100€ par mois. Dès le mois de novembre, les pré-réservations seront ouvertes pour quelques dizaines de milliers de véhicules. Ainsi, seuls les ménages les plus modestes, dont le revenu fiscal de référence annuel est inférieur ou égal à 14.089€, pourront en profiter. Cette mesure devrait donc concerner environ 100.000 personnes sur le territoire.

👉 En parallèle de l'accélération des énergies renouvelables, il s'agira bien de relancer le nucléaire, avec "la construction de 6 EPR 2 et la préparation d’un second palier équivalent à 8 nouvelles tranches, le lancement d’un programme SMR [les petits réacteurs modulaires] en vue d’une décision de construction avant 2030".

Parmi les annonces qui demeurent floues à ce stade, citons celle de lancer en octobre un mécanisme qui permettrait de "reprendre le contrôle du prix de l’électricité au niveau français et européen". L’État, actionnaire à 100% d'EDF, souhaite que les prix de l'électricité soient les plus proches des coûts de production du nucléaire historique pour soutenir consommateurs et compétitivité industrielle. Ces prix de l’électricité devraient assurer la compétitivité et donner de la visibilité aux ménages et aux industriels, a promis le président de la République.

Emmanuel Macron a aussi annoncé l’objectif de sortie du charbon d’ici 2027, repoussé de cinq ans en raison de la crise énergétique actuelle. À l’issue du Conseil de planification écologique organisé à l'Élysée, il a alors défendu une stratégie énergétique basée sur le triptyque "sobriété - efficacité énergétique, déploiement des ENR et [relance du] nucléaire". Le "nouveau cap" incluant ces choix énergétiques sera décliné dans une loi énergie-climat et plusieurs décrets. On vous en dit plus dans cet article.

En bonus :🎉 COP Bretagne, COP d’Azur... - Des COP régionales sur la transition écologique pulluleront partout en France dans les prochaines semaines. C’est ce qu’a annoncé la Première ministre Élisabeth Borne ce jeudi à Saint-Malo, devant les différents présidents de régions françaises, réunis à l’occasion du congrès annuel de l’association Régions de France. Cette décision donne suite à la volonté d’associer plus fortement les actions de l’État et des collectivités territoriales dans le cadre de la transition écologique. "Les régions sont les cheffes de file de l’aménagement du territoire, l’échelon pour la réflexion stratégique et la planification", a indiqué Élisabeth Borne pour justifier sa décision.


🤔 Pour Emmanuel Macron, tous les scientifiques seraient pour la relance du nucléaire en France et dans le monde. Pourtant, un appel a été lancé en juin 2023 contre la relance du nucléaire en France par le Groupement de scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN) et par l’ONG Global Chance. Il a depuis été signé par plus de 1.000 scientifiques.

En plus, le gestionnaire du réseau électrique RTE, l’agence de la transition écologique (ADEME) et l’Association négaWatt ont développé des scénarios montrant la possibilité d’un mix électrique à base de 100% d’électricité renouvelable en 2050. Un tel scénario serait complexe à mettre en oeuvre, mais est possible à des coûts compétitifs.


62 milliards d’euros - C’est le budget 2024 des ministères en charge de la transition écologique et énergétique, hors mesures de soutien aux consommateurs d’énergie (boucliers), soit + 15 % par rapport à 2023. Le Gouvernement engage 10 milliards d’euros supplémentaires en 2024 pour accélérer la transition écologique, dont 7 milliards seront portés par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et le ministère de la Transition énergétique.

Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu l’assure : "Le PLF pour 2024 nous donne les moyens de réussir la transition écologique. Par un effort inédit de 10 milliards d’euros, nous démontrerons que la planification écologique est synonyme de « mieux » : mieux préserver la nature, mieux se déplacer, mieux se loger, mieux vivre en somme."

Si vous l'avez loupé la semaine dernière, on vous partage à nouveau la réparation du budget de la planification écologique :


1 million - C'est le nombre de pompes à chaleur que le chef de l’État souhaiterait voir produites chaque année en France en 2027. Il s'agit d'un triplement du nombre de pompes à chaleur produites chaque année sur le sol français. En parallèle, le président de la République souhaite la formation de 30.000 installateurs .

Mais selon les professionnels du secteur, ce cap n’est pas tenable. "Avoir un marché d’un million de pompes à chaleur par an d’ici 2030, c’est une ambition importante et réaliste, partagée par la filière. En revanche, pour 2027, c’est un peu tendu. D’autant plus si on parle d’une production sur le sol français", alerte Arnaud Kautzmann, secrétaire de l’Association française des pompes à chaleur (Afpac), au média 20 Minutes. "Attention à ne pas vouloir aller plus vite que la musique", avertit de son côté Nicolas Moulin, fondateur de Prime énergie.

En effet, le déploiement des pompes à chaleur pose entre autres la question de l’isolation des logements. Si elles permettent effectivement de limiter les émissions de gaz à effet de serre, ces dispositifs de chauffage sont pratiquement inefficaces dans les passoires thermiques. "Le problème, c’est que la puissance de chauffage d’une pompe à chaleur varie en fonction de la région où elle est installée. Plus le climat est froid, plus la pompe à chaleur peine à extraire des calories de l’air extérieur et plus sa puissance thermique est faible", explique UFC-Que choisir.

La pompe à chaleur est-elle une bonne solution pour votre logement? On vous répond dans cet article.


Consigne pour recyclage et pour réemploi : il n'y aura aucune obligation

🧴 "La  consigne pour le verre n’est pas plus obligatoire que la consigne pour le plastique", a annoncé ce mercredi Christophe Béchu aux Assises nationales des déchets. Il n’y aura pas de "consigne généralisée au 1er janvier prochain", a-t-il assuré, devant les professionnels de la gestion des déchets.

Les collectivités locales et la plupart des recycleurs dans le plastique n’en voulaient pas. En revanche, les ONG œuvrant dans la lutte contre la pollution plastique et les entreprises de l’économie sociale et solidaire du réemploi l’attendaient de pied ferme.

Plus globalement, le ministre dit préférer l’activation des onze leviers de performance identifiés par l’ADEME dans un rapport publié en juin dernier. L’agence y identifie neuf leviers pour améliorer la collecte des bouteilles à domicile et quatre pour la consommation hors-foyer. Citons par exemple l’extension des consignes de tri, le respect du décret 5 flux qui oblige normalement les entreprises à trier leurs déchets, la tarification incitative des déchets et le développement de la collecte hors-foyer.

Dès 2019, la fédération des entreprises du recyclage (Federec) et le Cercle national du recyclage (CNR) s’inquiétaient du déploiement de la consigne en vue du recyclage des bouteilles. Celle-ci créerait des circuits parallèles de collecte des bouteilles en plastique en vue de leur recyclage. Dans un communiqué, ils dénonçaient alors déjà "la fausse bonne idée de la consigne". Et pour cause : les bouteilles en PET constituent la première source de revenus des centres de tri. Ces derniers ont été dimensionnés pour trier les bouteilles. Et ils ont été récemment modernisés ou sont en train de l’être pour trier l’ensemble des emballages plastiques. On vous résume cette lutte d’influence qui fait rage pour garder les bouteilles… au centre de tri dans cet article.


Verts de rage. Quand ils pensent à la planification écologique à la sauce Macron, la moutarde leur monte au nez. Voilà pourquoi à l’occasion de la reprise des questions au Gouvernement à l’Assemblée nationale ce mardi 26 septembre, les députés écologistes se sont adonnés à un "happening" original, en plein hémicycle en arborant des T-shirts barrés des "warming stripes", ces bandes rouges et bleues représentant le réchauffement climatique.Ce bref incident leur a valu des remontrances de la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) et du ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, qui a dénoncé "une espèce de happening pour ne pas parler du fond". "Nous avons eu des formules de com", "une planification mais pas de plan", des "objectifs mais pas de moyens". "Vous ne pouvez pas en même temps défendre les transports collectifs et la 'bagnole', comme vous dites. Votre hésitation est irresponsable', leur a vivement rétorqué la députée écologiste de Paris Eva Saas. // PHOTO :

MEHDI FEDOUACH AFP

Et voilà, Construisons 2030, c'est fini pour cette semaine ! En attendant la prochaine édition vendredi prochain, rendez-vous sur Natura-sciences.com et sur notre page LinkedIn!

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets