Coup de gueule

On vient d'apprendre que le G20 va débloquer 5000 milliards de dollars pour sauver l'économie... la plus inégalitaire et destructrice de l'histoire de l'humanité.

Quel cynisme...

Rappelons juste qu'en 2015, l'ONU a publié un rapport "La Faim Zéro d’ici 2030"... Il fallait 267 milliards de dollars entre 2016 et 2030 soit 4005 milliards en 15 ans...

Pour 4005 milliards de dollars sur 15 ans, on pouvait peut-être changer le monde.

Mais il est certainement préférable d'en dépenser 5000 milliards pour que surtout rien ne change.



Emmanuel Pélisson

Président chez FINANCE CONSULT

4 ans

Mon cher David, c’est un peu facile quand même… Tu as raison, le monde est méchant. Il est même affreux souvent, sale parfois, moche la plupart du temps. Mais moi, j’aimerais bien qu’il soit sauvé quand même. Pour plusieurs raisons. Déjà parce que je ne suis pas certain, comme toi, que l’économie mondialisée actuelle soit « la plus destructrice et la plus inégalitaire » de l’histoire de l’humanité. J’avoue que je ne connais pas toutes les économies « de l’histoire de l’humanité ». Mais il me semble que d’autres économies, comme le « grand bon en avant » de Mao ou « l’industrialisation à toute vapeur » de Staline et j’en passe, n’étaient ni des modèles de créativité, ni des modèles d’égalité. Mais sans doute que j’ai loupé une étape, et que j’étais distrait – une fois de plus – au moment où on m’a expliqué comment devrait fonctionner l’alternative merveilleuse à notre modèle actuel, cette économie à la fois libre, égalitaire, créatrice, bienveillante, non polluante, etc. Ne compte pas sur moi pour essayer de raconter que le modèle économique sur lequel nous vivons est parfait, j’aimerais comme toi moins d’inégalités, moins de pollution, l’accès à l’eau potable pour tous, et je pense comme toi que l’éradication de la faim dans le monde est possible. Je pense aussi comme toi que les dirigeants du G20 sont certainement plus prompts à ouvrir le tiroir-caisse quand il s’agit de se sauver eux-mêmes que de sauver les autres. Steven Pinker, qui est peut être un penseur optimiste, a expliqué déjà que notre pessimisme nous conduit à penser – à tort – que les efforts que nous pouvons faire  pour améliorer le monde dans le cadre du système actuel est une perte de temps et que ce sentiment nous conduit parfois à croire que tout ira mieux une fois qu’on aura renversé la table. Pourtant, si on regarde les faits, notre affreuse économie mondialisée a permis de raccorder (selon les données de l’OMS) 1 milliard de personnes à l’eau potable en 15 ans (il en reste 1 milliard qui n’y a toujours pas accès) et selon la FAO, proportion de personnes sous-alimentées a été divisé par 2 depuis le début des années 90 (même si ce taux semble remonter depuis les trois dernières années). Je sais bien que tout ça n’est pas assez, mais qui peut croire que nous ferons mieux une fois nos économies entrées en récession ? Alors voilà, j’aimerais bien qu’ils y arrivent, les méchants dirigeants du G20, à sauver notre économie affreuse, sale et méchante. Parce que le monde pourrait bien s’enfoncer dans une crise dont les premières victimes seront les plus précaires, les moins riches et les plus malades. Par ce que la crise actuelle ne résorbera pas les inégalités au contraire. Elle ne réduira pas la faim dans le monde au contraire. Amitiés

Sébastien Jourdan

Ingénieur développement/support informatique et Scrum master certifié chez Apside

4 ans

JE partage ton coup de gueule. J'ai peine à croire que cette épidémie, une fois contrôlée, servira de leçon. Tout redeviendra comme avant, exploitation de la nature et de la population.

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de David-André Camous

Autres pages consultées

Explorer les sujets