COUPLE ET FAMILLE: LES EFFETS PERVERS DE L’EXTERNALISATION

COUPLE ET FAMILLE: LES EFFETS PERVERS DE L’EXTERNALISATION

Ceux qui sont familiers avec le monde de l’entreprise savent de quoi il s’agit. L’externalisation ou « outsourcing » est l’acte de confier une partie de ses activités à un prestataire externe à qui on paye  régulièrement pour cette prestation. Il s’agit par exemple d’une banque qui confie ses activités de recouvrement à un tiers spécialisé en recouvrement. Quand la banque rencontre un cas de client qui ne paye pas ses créances, elle confie le dossier a cette entreprise de recouvrement qui utilise ses procédures propres a lui pour rentre en possession des sommes dues. Le bénéfice est certain pour la banque. Cela lui évite par exemple d’envoyer ses staffs accompagnés ou non de policiers pour aller sceller le magasin d’un commerçant qu’ils ont certainement démarché quelques mois auparavant. Au-delà de ce confort « psychologique », cette situation libère la banque de cette activité ingrate et distrayante (le plus souvent), et lui permet de se focaliser sur des activités pures de banquiers.

Mais l’externalisation n’a pas que des bénéfices. De nombreuses entreprises qui s’y sont essayées et y ont laissé leurs plumes et ce, pour diverses raisons. L’une des leçons apprises, est qu’il ne faut pas confier le cœur même de son métier à un tiers. Il s’agirait par exemple d’une société de gardiennage, qui confierait la garde des propriétés de ses clients à une autre entreprise, pour seulement se focaliser sur la vente et  la gestion des contrats ou des  litiges. La surveillance des propriétés est l’activité centrale qui, avec le temps, s’améliore pour le bien de l’entreprise. Le faire faire par quelque d’autre à un risque évident. Se déposséder de l’essence même de son métier pour quelques raisons que ce soit, équivaut à équiper lourdement un concurrent potentiel.

Bref ! Vous vous demandez certainement quel est le lien avec nos familles.  A bien des égards, une famille s’apparente à une entreprise qui a une mission, une vision, des valeurs  et qui disposent aussi de ressources. Le parallèle est si fort que on est tenté  de croire les mêmes principes de causalité déterminent leur succès ou leur échec. Par exemple, voici une question :

Faut-il TOUT confier à la bonne* ?

« Ah non! Jamais ! » Me répondent fermement les dames. Et pourquoi pas ? Eh bien parce qu’il y a de nombreux exemples de foyers brisés ou en difficultés  du fait de la bonne.  Et comment cela est-il arrivé ? Est-ce l’avidité sexuelle de certains hommes sans scrupule qui tirent sur tout ce qui bouge ?  Est-ce que parce la bonne est passée outre ses attributions pour aller jouer sur le terrain de madame ? Il est essentiel de comprendre la cause réelle de ce problème pour pouvoir l’éviter.

L’emploi des domestiques dans nos maisons est comparable à une externalisation. C’est une personne extérieure à la famille à qui on confie : le balayage de la cour, le lavage de la vaisselle, la garde des enfants, la préparation et le service du repas, la propriété des chambres, etc. Tout ça moyennant un salaire.

Mais ce qui pose problème ne semble pas être le nombre de tâches qui sont confiées à la bonne. Non. Les dames sont unanimes qu’il y a des choses qu’il ne faut pas laisser à la bonne, et pour cause. Préparer les petits plats de Monsieur, faire le lit conjugal, ranger la chambre du couple, bercer les tout petits ne sont pas n’importe quelles tâches. Dans notre conception africaine de la famille, nous avons placé ce sont des activités qui sont au centre de la cohésion  du couple. Quand un époux (votre gros bébé) rentre du travail, et trouve un séjour propre et rangé, une salle d’eau qui sent la lavande et dont les sanitaires scintillent, un repas préféré un lit bienfait au centre une chambre fraiche, il ne peut que être heureux. Il trouve enfin un refuge confortable après une journée de stresse et de chaos. Il ne va pas seulement être satisfait.  Il va aussi être reconnaissant ou admiratif (ouvertement ou pas) à la personne qui a pensé à lui préparer cet abri douillet. Et quand c’est madame, alors c’est l’amour qui va se renforcer. Et si c’est la bonne, c’est une mini- affection qui va naitre et on sait ou ça peut mener avec le temps.

Je caricature un peu avec des exemples simplistes. Mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’il y a des ’jobs’ (différentes selon les familles et les cultures) essentiels au couple qu’il ne faut pas externaliser. Elles ont une valeur affective très forte. Tout comme les entreprises, les dames qui se risquent à ce que jeux pourrait équiper une rivale sans le savoir. Mais c’est difficile avec les activités professionnelles, les enfants, la grande famille de faire certaines choses soi-même. Mais le risque n’existe pas seulement avec les dames et les domestiques. On a tous entendu des cas de romance entre des femmes avec leur cuisinier ou leur chauffeur. Le principe de reste le même. Bien sûr que ça diffère selon les couples ; bien sûr que ce n’est ce qui garantit un foyer stable et harmonieux. Mais savoir quoi externaliser et quoi ne pas externaliser y contribue fortement.

En la matière,  il n’y a de leçons toutes faites.  Pas de checklists qui puissent qui puissent vous épargner tel problème ou tel problème. L’essentiel c’est de savoir comment nait le problème et étouffer ses graines avant qu’elles germent. Pour le cas évoqué plus haut par exemple, penser que le problème est un problème de moralité des hommes ou de paresse des femmes n’est pas exact.  La plus part des problèmes dans nos foyers ne sont pas du fait d’un fait brutal, une pulsion qui déborde. C’est en général une situation anodine qui grandit insidieusement, qu’on nourrit même sans le savoir et qui nous pète  à la figure un jour.   Le détecter le plus tôt possible est la clé pour une longue harmonie dans le menage.

Bon courage à nous tous.

*Bonne : Domestique ou femme de ménage. Appelation frequente en Afrique de l'Ouest