Courage, détermination, handicap : le parcours inspirant d’une jeune lorientaise sur le chemin de l'emploi
La Mission Locale réseaux pour l'emploi du Pays de Lorient et SATO INTERIM LORIENT vous partagent aujourd’hui l’histoire d’une jeune femme que nous appellerons Lucie.
Voici son interview croisée, avec la participation de Romuald de Sato Intérim, et Raphaël son conseiller à la Mission Locale.
Lucie :
Lucie a un BAC pro gestion des administrations, un BTS assistante de gestion et un Bachelor en ressources humaines qu’elle a obtenu en septembre 2020. Elle s’est immédiatement lancée à la recherche d’un travail et a entrepris de nombreuses démarches. Oui, mais voilà... Lucie a une reconnaissance de travailleur handicapé (RQTH) et se déplace en fauteuil électrique. Au fil des mois, elle s’est confrontée de nombreuses fois à l’inaccessibilité des locaux, aux craintes des employeurs, à la discrimination…
« La Mission Locale m’a d’abord permis de reprendre confiance en moi car après de tels refus, on se sent démotivé. Avec Raphaël, j’ai travaillé sur comment chercher un emploi, comment gérer mon stress qui était un gros blocage pour moi. J’ai appris à réaliser de façon innovante mes CV et mes lettres de motivation puis un tableau de suivi afin d'être à jour sur mes candidatures. A cette époque, j’avais tout envisagé : stage, service civique, parrainage... j’avais besoin de travailler, de sortir de chez moi, de me sentir utile. C’était compliqué psychologiquement, je déprimais. Et puis j’ai rencontré chez Sato Intérim, Romuald Kerguelen (Responsable d’agence) et Sébastien Lucas (Chargé d’insertion professionnel) qui m’ont aidée à trouver un poste correspondant à ma formation et mes aspirations, et qui comme Raphaël, ont su apprécier mes compétences et aller au-delà de mon handicap.
Le handicap ne définit pas la capacité professionnelle d’une personne.
Je ne souhaitais donc pas écrire mon handicap tout en haut de mon CV. Cependant, je précisais toujours une petite phrase “je me déplace en fauteuil” et je vérifiais toujours quand un employeur m’appelait, qu’il ait bien lu cette mention. J’ai un handicap visible, il est donc important d’en parler lorsqu’on s’adresse à un employeur. »
Lucie, comment s’est déroulée ta première mission via SATO intérim dans une entreprise de Quéven ?
« J’ai débuté par un stage de découverte et une mission intérim dans une entreprise spécialisée dans l’installation de système de chauffage. L’intégration s’est très bien passée. Dès les premiers jours, ils ont adapté les locaux pour mes déplacements, la hauteur des bureaux, les téléphones, l’environnement de travail était, je dirais, adapté à 70%. Après cette mission, je me suis rendu compte qu’un contrat à temps plein (37h) n’était pas forcément adapté et engendrait beaucoup de fatigue. Il n’y avait pas de doutes sur mes capacités professionnelles mais le temps que cela nécessitait était trop pour moi. Aussi, il me fallait adapter mon contrat de travail pour que je puisse me rendre à mes rendez-vous liés à mon suivi médical. Prendre conscience de cela m’a permis d’orienter plus précisément mes recherches d’emploi. »
Cette mission intérim a pris fin mais tu as trouvé un travail dans la foulée !
« Effectivement, aujourd’hui, je suis agent administratif en CDI dans une entreprise adaptée. Pour faciliter mon intégration, j’ai passé plus d’une journée avec la personne que j’allais remplacer. Mon employeur actuel a adapté le poste avant même le jour de mon arrivée. En plus d’un bureau et d’un téléphone adaptée, il a investi dans une agrafeuse automatique et une affranchisseuse automatique, un casque avec micro pour effectuer le standard et un bureau amovible. Au-delà du matériel,
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les employeurs doivent changer leur regard sur le handicap et se doivent d'être plus inclusif. C’est un travail d’équipe et une histoire de rencontre aussi. »
Raphaël, conseiller à la Mission Locale et référent sur la thématique du handicap :
« J’ai eu le grand plaisir d’accompagner Lucie pendant 6 mois. C’est une bosseuse, elle force le respect et l’admiration. Sa personnalité et ses efforts ont été si exemplaires qu’elle m'a marquée. Elle a réalisé une multitude de démarches, envoyé une centaine de candidatures et essuyé beaucoup de refus. Malheureusement, on ne sait jamais la part du handicap dans les refus. Est-ce une problématique de compétence ? de profil ? Est-ce que c’est une appréhension du handicap ? Est-ce les deux ? Ce n’est pas simple en tant que conseiller d’accompagner sur ce sujet car on touche à un sujet avec toutes les représentations qu’il y a derrière. Il y a des choses que l’on peut mettre en place comme des CV podcast, des aides financières versées aux employeurs (par l’AGEFIP ou dans le cadre des contrats aidés). Des partenaires font aussi un super travail d’adaptation des postes au sein des entreprises.
L'important c’est l’approche compétences, au-delà du handicap. Quand les compétences sont identifiées et qu’elles coïncident avec les besoins de l’entreprise, c’est gagnant –gagnant !
Romuald – Responsable d’agence chez Sato Intérim :
« Je suis ravi d’avoir collaboré avec Lucie, même sur une courte période. Au vu de sa motivation et de son savoir-être, j’ai eu envie de l’aider, même si je n’avais pas de poste long terme à lui proposer. C'était un devoir moral de notre part de faire en sorte qu’elle réussisse. Elle a tout pour réussir, on a juste donné un coup de pouce ! Lucie a toujours tout fait pour être à l’heure et présente au travail et nous souhaitions la remercier pour son engagement.. Elle s’est donné les moyens de prendre les transports en commun sur toute l’agglomération quand c’était nécessaire. Nous sommes ravis qu’elle ait trouvé un emploi stable et long terme avec une entreprise et un employeur qui a tout fait pour adapter son poste de travail et qui comprends ses contraintes. En tant qu’agence d’intérim inclusive, notre rôle et est de travailler sur l’employabilité des personnes en situation de handicap. Les employeurs n’ont pas la bonne appréhension de l’insertion, le handicap peut faire peur. Ils pensent que les gens porteurs de handicap sont des personnes avec de grandes difficultés. Nous souhaitons mettre plus en avant les savoirs-être, la motivation, l’esprit d’équipe. Le CDI de Lucie, c’est la plus belle récompense que nous, acteur de l’insertion, nous puissions avoir. L’une des choses qui m’a le plus impressionné c’est de voir Lucie prendre le bus tous les jours et faire le trajet en fauteuil sous la pluie, le vent et qu’elle ait toujours le sourire ! »
Le conseil de Lucie pour les personnes avec une RQTH :
« Il faut en parler car cela évite les blocages des deux côtés : l’employeur qui reçoit et qui se rends compte que son entreprise n’est pas accessible” et c’est compliqué à vivre pour la personne en situation de handicap. Pour les handicaps invisibles, il ne faut pas laisser paraitre que tout va bien, il faut oser en parler, il ne faut pas le cacher.
Quoi qu'il en soit, le handicap se verra à un moment donné. Je pense qu’il faut assumer, même si c’est difficile. »
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11 moisBravo Lucie !