Couture à la maison : une affaire d'image

Couture à la maison : une affaire d'image

En matière de design, les constructeurs de machines à coudre semblent avoir raté le cap de la modernité

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Beaucoup de couturières vous le diront : le plus dur pour se mettre à la couture, c’est d’abord de sortir la machine à coudre. Geste évident mais pas si anodin.

Question de poids

6 à 10 kg. C'est ce que peut peser une machine à coudre, souvent 2 fois plus qu'un robot de cuisine multifonction. L’extirper de son carton ou de son placard demande donc une bonne dose de motivation, d’autant que l’objet en question a vocation à être rangé après usage.

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Une histoire de taille… de logement

La taille moyenne de nos habitations ramène à une portion congrue voire nulle, toute velléité d’aménager un atelier de couture. Résultat : faire de la couture revient à truster pour une durée indéterminée le lieu de vie principal de son chez soi, la salle de séjour, qui a souvent le mérite d’être la mieux exposée.

Les constructeurs de machines tardent à saisir ce que les fabricants d’électro-ménager ont compris depuis des années. Avec les rangements qui rétrécissent et les cuisines qui s’ouvrent sur l’espace à vivre par souci de gain de place, il a bien fallu rendre la vue de votre robot ménager trônant sur le plan de travail, acceptable voire admirable, même du fond de votre canapé. Au point qu’un mixeur rutilant ou une machine à café design sont devenus des marqueurs sociaux. Les Français se pâment pour les cours de pâtisserie ? L’esthétique des robots pâtissiers a suivi !

La couture DIY : réservée aux puristes et aux passionné.es ?

Se mettre à sa machine à coudre demande de l’implication et de la motivation. Les personnes qui pratiquent régulièrement la couture en sont littéralement au stade de la dévotion voire de l’abnégation. Pourtant, 90% disent coudre pour le plaisir de créer et de montrer qu’elles maîtrisent un savoir-faire.

Mais on tend à restreindre la machine à coudre à un marché de niche pourtant sujet à quelques soubresauts inattendus, comme la crise sanitaire et la frénésie des masques à coudre. Comprend-on vraiment tout le potentiel du marché de la couture chez soi ? Quid de nouveaux arrivants ?

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L’utile et l’agréable. Le ringard et le moderne.

Faut-il s’appuyer seulement sur un cœur de cible de passionné.es pour penser votre offre ? La couture est un plaisir, pas un sacerdoce pour initié.es. Concepteurs de machines à coudre, non mais sérieusement ! Ne devriez-vous pas reconsidérer :

  • Les motivations qui amènent à la couture : le plaisir
  • Les freins : la place et comment la machine à coudre pourrait s’inscrire dans un lieu de vie
  • Il est temps de penser à celles et ceux qui viendraient enfin à la couture si on en dépoussiérait l’image.

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En matière de design, la machine à coudre maison est traitée au mieux en objet utilitaire, au pire en accessoire chochotte (coloris layette égayés de fleurs et de papillons). Je sais de quoi je parle : je vous parle de ma machine à coudre.

Je ne dirai que sous la torture qu’une machine à coudre est belle. Non. Elle détonne de façon affligeante dans mon salon, pourtant seul endroit où je peux pratiquer la couture. Je ne la sors de son emballage que contrainte et forcée. Tout bien considéré, ce n'est pas le fait de coudre qui me décourage, c'est la machine en tant qu'objet que je trouve contraignant.

En fait, il s’agit moins d’une question de poids que de modernité. Par exemple, les robots Kitchenaid, connus pour leur design, font partie des plus lourds du marché. Ils ont été conçus pour la cuisine, mais aussi (surtout peut-être) pour qu’on les y laisse bien en vue. Voyez-vous, le problème, c’est l’image que projette la machine à coudre encore aujourd’hui : l’instrument de mamie ou Tata Josette. Image de nostalgie mêlée de ringardise.

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Coudre, c’est chic et moderne !

Ça permet de se réaliser.

Ça permet de faire sa mode.

Ça permet de créer sa déco.

Et pas seulement des petites choses mignonettes.

N’en déplaise aux aficionados de la couture, je n'affectionne pas le terme « cousette » pour désigner un projet de couture. Je le trouve gnangnan et réducteur.

Je rêve d’une machine à coudre belle et design qui ne détonne pas dans mon séjour et qui flatterait un peu mon égo lorsque je recevrai de la visite.

Alors, concepteurs de machines à coudre, au travail, innovez !

Marie-Pierre Batoz

Cheffe de Projets ACV et Eco-conception, Secteur Mode et Textile

3 ans

Bonjour à tous, Une bel article Valérie sur lequel je ne peux que être d'accord, même si ma machine n' pas de petits papillons bleus ... Le regain d'intérêt pour le DIY n'en serait que démultiplié si nous pouvions laisser trainer cette machine au salon, au même titre qu'un double écran incurvé cher aux gamers !

Anne Thoraval

Cheffe de projet éditorial

3 ans

Ne reste plus à un designer qu'à concevoir la machine à coudre esthétique qui n'existe pas encore :)

Laurence Challamel-Lawrenson

International | Communication interne et externe | Stratégie de contenus | Marque Employeur | Ecosytème digital | Organisation d'événements | RSE

3 ans

Un chouette article qui donne envie de s'équiper malgré tout. Bravo Valérie ! Longue vie à KITAC 😊

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