Couverture dépendance collective, le coup de l’Ani ?
Constatant l’impossibilité dans laquelle il se trouve de financer une véritable couverture universelle de la dépendance, l’État va-t-il nous refaire le coup de l’Ani (accord national interprofessionnel) ? Pour celles et ceux qui ont vécu dans une grotte ces derniers mois, rappelons que l’Ani (Accord national interprofessionnel) concerne le financement d’une couverture santé obligatoire par les entreprises et les salariés. L’employeur étant obligé de financer 50 % d’un socle commun de soins, et l’employé les 50 % restant, tout en conservant la possibilité d’acheter des options supplémentaires. S’il appliquait ce modèle à la dépendance, dire que l’État se défausserait serait de mauvaise foi, puisqu’il finance déjà les soins des personnes âgées à travers la Sécurité sociale et leur dépendance à travers l’Apa (Allocation personnalisée d’autonomie). Reste que les besoins actuels et futurs sont bien supérieurs aux moyens d’un État endetté, plombé par une conjoncture économique mauvaise.
Les entreprises et les salariés vont-ils prendre le relais ? Pour Arnaud Berjon, directeur général adjoint de Ciprés Assurances, l’hypothèse est crédible, sinon souhaitable : “pour l’instant, l’État n’est pas arrivé à mettre en place ce cinquième risque. Ça coûterait trop cher, mais il peut obliger les entreprises à le faire. Et peut-être qu’un jour, il rendra le financement collectif de ce risque obligatoire”. Mais cela viendrait encore alourdir les charges sur les entreprises et grèverait leur compétitivité. Les salariés ne seraient quant à eux pas forcément demandeurs, car comme l’ensemble des Français, ils ne souhaitent pas voir en face le problème de la dépendance. On peut aussi se demander si c’est aux entreprises de financer un risque qui arrivera longtemps après que le salarié aura pris sa retraite, soit entre 20 et 30 ans. Certaines entreprises de taille importante, dont la maturité est forte, ont cependant mis en place ces produits. Si bien qu’aujourd’hui, 350 000 personnes sont couvertes par ces contrats collectifs en France.