Covid-19 : vers un déconfinement progressif et adapté localement
A ce jour, le nombre de décès officiellement recensé au niveau mondial s’élève à près de 250 000. Toutefois, bien que le décompte du nombre de décès (modulo certaines imprécisions, comme la prise en compte des décès à domicile pour la France par exemple) soit plus fiable que le décompte du nombre de cas, largement dépendant de la politique de tests des différents pays, des disparités notables sont à constater, tel que l’indique le graphique suivant :
Ces disparités sont liées à la dynamique de propagation du virus, aux disparités locales (notamment en termes de densité de population et de mobilité), à la célérité à mettre en place des mesures visant à freiner la propagation et au respect de ces mesures par les populations. D'autres causes peuvent également être évoquées, sans certitudes néanmoins, telles que les conditions climatiques, les immunités préalables selon les zones géographiques ou encore les facteurs génétiques.
Malgré le risque sanitaire toujours présent, la majorité des pays organise dès à présent le déconfinement plus ou moins progressif des populations, afin de limiter la casse économique, qui aurait elle aussi des conséquences sanitaires, non directement liées au virus.
Ainsi en France, le plan de déconfinement (qui a permis de restreindre le nombre de décès de plus de 60 000 suivant une étude de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique) a été annoncé mardi dernier par le Premier ministre Edouard Philippe. Ce plan, basé sur la contrainte de devoir vivre avec le virus faute de vaccin ou de traitements (même si différentes pistes sont prometteuses sur ces points) se veut progressif et adapté localement.
Ainsi, depuis le jeudi 30 avril, Jérôme Salomon (directeur général de la Santé) communique quotidiennement une carte des départements assortie d’un indicateur rouge ou vert basé sur 3 critères (taux de contamination, nombre de places disponibles à l’hôpital et capacité à tester rapidement la population), synonyme d’un déconfinement plus ou moins marqué, voire différé, à partir du 11/05 (date de début de la première phase de déconfinement).
La dernière carte, rendue publique dimanche 3 mai, segmente le territoire français en trois types de départements (rouges, verts et oranges) en fonction de la circulation du virus et de la tension hospitalière sur les capacités des services de réanimation. Les départements verts sont ceux dont le taux de contamination et l'occupation des lits de réanimation permettent de passer à un déconfinement progressif de la population, à la différence des départements rouges. Quant aux départements oranges, ces zones risquent de basculer en "vert" ou en "rouge" selon l'évolution de la situation dans les jours à venir.
Source : Ministère des Solidarités et de la Santé (04/05/2020)
La carte ci-dessus est témoin des disparités régionales quant à l'impact de l’épidémie sur le sol français. En effet, depuis le début de la crise, des disparités départementales conséquentes en termes de propagation et de létalité ont pu être constatées, tel qu’en attestent les graphes suivants :
Toutefois, même au niveau d’un département, la saturation des places en réanimation est également variable, du fait des entrées/sorties et d’un temps passé en réanimation important pour certains patients (de l’ordre de 2 semaines pour certains).
Ce dernier graphe a été réalisé sur la base du nombre de lits en réanimation préalablement à la crise. Le report des opérations et traitements hors Covid-19 a permis à une part importante d’hôpitaux de se réorganiser et d’augmenter leur nombre de places en réanimation, conformément à la stratégie gouvernementale. Il n’en demeure pas moins que ce nombre de places est nécessairement limité, que la dynamique de propagation reste sujette à variations, et qu'une absence de saturation à une date t n’est pas nécessairement synonyme d’une absence définitive de saturation. Il en résulte qu'un département classé en vert pourrait potentiellement redevenir rouge en cas de relâchement trop prononcé.
En ce sens, la restriction de mobilité à un rayon de moins de 100 km, hors motif professionnel ou motif familial impérieux, semble être une mesure nécessaire.
Avec la collaboration de Charlène DUPONT et Emmanuel BERTHELE pour OPTIMIND.