Crise du COVID-19 - L’insupportable mise à l’écart des cliniques privées
L’incompréhension, voire la colère, montent chez les médecins libéraux qui exercent dans les structures privées. Les établissements privés se sentent actuellement victimes, dans certains territoires, d’un ostracisme de l’État qui reste arc-bouté sur une stratégie d’un autre-temps, qui ne consiste qu’à penser « Hôpital public ». Pourtant, les médecins libéraux et leurs équipes, l’arme au pied depuis 10 jours, pourraient prendre en charge des patients graves immédiatement, sans attendre pour être sollicités le débordement des structures publiques.
Les médecins cardiologues, qui sont en première ligne dans ces établissements privés, interpellent le ministre de la santé, Monsieur Olivier Véran, sur quatre points essentiels :
1. Pourquoi les équipements de protection (masques, gel, gants, etc.) sont distribués via les GHT aux hôpitaux publics qui les redistribuent, en fonction de leurs stocks, aux cliniques ? La vie des soignants du privé est-elle moins précieuse ?
2. Pourquoi les respirateurs des réanimations du secteur privé, doivent-ils être transférés vers les hôpitaux publics, alors que ces établissements disposent de services de réanimation performants, reconnus comme tels par les Agences Régionales de Santé ?
3. Pourquoi surcharger les personnels des hôpitaux publics en leur demandant des heures supplémentaires et mettre les équipes des établissements privés en RTT, voire en chômage partiel ?
4. Pourquoi ne pas utiliser les compétences des médecins libéraux cardiologues, et autres médecins et personnels soignants, au service des patients ?
La crise que nous traversons est majeure, nombreuses sont les voix qui s’émeuvent actuellement de la gouvernance par les pouvoirs publics de cette catastrophe sanitaire, pour son manque d’anticipation et son dogmatisme aveugle qui laisse à l’écart de nombreuses compétences.
Il faudra un jour rendre compte de ces choix, il sera facile de s’apercevoir que l’État et les ARS ont privilégié le choix de certaines structures au détriment de l’intérêt et de la survie de la population.
Il est encore temps d’éviter le pire, donnez dans l’urgence la possibilité aux médecins libéraux d’exercer leurs talents dans l’intérêt de la nation. C’est alliés que l’hôpital public et la médecine libérale limiteront le plus efficacement l’épidémie.
Marc Villaceque
Président du Syndicat National des Cardiologues