Crise sanitaire & Digitalisation : Evolution de la fonction RH et des attentes collaborateurs

La crise sanitaire a bousculé le quotidien des entreprises et celui de ses collaborateurs, elle a également apporté une nouvelle preuve que la fonction RH doit se transformer. Depuis plusieurs années, la fonction RH est martelée par les observateurs du monde de l’entreprise et du travail pour que de réels changements soient appliqués dans les pratiques et le fonctionnement global.

L’année 2020 aura accéléré et largement changé les mentalités vis-à-vis de l’utilisation du digital dans la gestion des Ressources Humaines, que ce soit les RH eux-mêmes ou les collaborateurs, de nombreuses évolutions sont à prendre en compte au sein du monde professionnel actuel ou futur.

La fonction RH a été et est toujours en première ligne depuis le début de la crise sanitaire, cette période permet de démontrer son importance de plus en plus stratégique au sein de l’entreprise.

Ayant été un des acteurs majeurs dans la gestion de crise, la fonction RH a dû endosser un nouveau rôle dans la gestion de la pandémie. Outre le fait de garantir le respect des protocoles sanitaires et d’organiser le télétravail, 97% des cellules de crise ont été composé d’un binôme DG/RH (Edition Tissot, Baromètre 2020, les RH au quotidien).

Et ces cellules de crise ont été nécessaires puisque le passage imposé au télétravail a changé l’organisation et les relations entre collaborateurs, RH et managers. Ce changement a été si rapide que de nombreuses entreprises se sont retrouvées au pied du mur, n’ayant pas d’autre choix que de se transformer radicalement.

En effet, se retrouver à passer de l’occasionnel télétravail quelques jours par semaine à un travail 100% à distance durant plus de deux mois a demandé une grande capacité d’adaptation structurelle pour les entreprises. Ce changement était vital pour garder une activité mais toutes les entreprises n’ont pas réussi à supporter cette évolution. Pourtant, certaines sociétés ont tout de même réussi à trouver la « bonne formule » et ainsi garantir un télétravail optimal, productif, humain et sécurisé qui prend en compte les attentes des collaborateurs et les souhaits de ceux qui préfèrent venir au bureau.

L’adaptation de la MAIF

La Maif a su rapidement rebondir et tirer des leçons du premier confinement, la société propose aujourd’hui pour près de l’ensemble de ses collaborateurs le travail à distance comme ils le souhaitent (3 jours par semaine maximum). Etant donné que 84% des salariés Français pratiquant le télétravail veulent continuer après le confinement (Enquête Malakoff Humanis, mai 2020), le groupe a su prendre en compte les attentes de ses collaborateurs tout en maintenant une productivité égale à celle d’avant la crise.

 La satisfaction des collaborateurs face au télétravail dépend de la maturité des entreprises vis-à-vis de leur transformation digitale, de leur capacité à s’adapter rapidement et ainsi pouvoir revoir leur modèle organisationnel. 

La technologie mise en place en  entreprise avant ou après la crise (sécurité des données, qualité de connexion, outils intégrés et adaptés…) et la culture du digitale permettront et faciliteront la transition vers le télétravail et la collaboration à distance.

Cette perspective de transformation digitale est aujourd’hui un défi pour les RH qui, avec la crise, l’anticipent comme une conséquence positive de cette période. Cette adaptation nécessaire peut être bénéfique pour l’ensemble des parties prenantes et notamment pour les collaborateurs. Il est facile aujourd’hui de constater les entreprises ayant su se digitaliser tôt et s’adapter rapidement, c’est pour cette raison qu’il est primordiale pour la fonction RH de suivre ses évolutions tout en écoutant les nouvelles attentes des collaborateurs.

Les effets de la crise sanitaire ont pu être constatés sur le fonctionnement de la fonction RH mais les salariés ont eu aussi dû revoir leur organisation : perte des repères liés au travail, liberté du lieu et du temps de travail, rapport hiérarchique assoupli…

Selon une étude réalisée auprès de 1000 salariés non cadres en France par le cabinet Walters People, 76% des répondants estiment que la possibilité de faire du télétravail après la crise est l’aspect le plus important pour l’évolution des entreprises. De plus, 51% d’entre eux souhaitent que l’attention portée à leur bien-être soit accentuée lors de leur retour sur le lieu de travail.

La quête de sens et la satisfaction personnelle sont les principaux critères vers lesquels les collaborateurs se tournent suite à la crise sanitaire.

Les pratiques RH pour maintenir le lien social durant la crise ont évolué et doivent continuer à s’adapter. Le bien-être au travail est un des éléments clés pour garder la motivation et donc la productivité des collaborateurs. Les entreprises doivent donc orienter leur culture interne vers plus de QVT en utilisant différents outils : une charte de télétravail (respect vie professionnelle/vie personnelle), encourager les pauses bien-être (sessions virtuelles, pauses café, activités collaboratives, séances de sport virtuelles…).

La quête d’autonomie et de flexibilité est également une des attentes les plus importantes pour les collaborateurs suite à la crise : les salariés ayant été en télétravail ont apprécié la souplesse et la flexibilité de ce mode de travail (80% d’entre eux) et avoir une plus grande autonomie (44%). Afin de favoriser durablement cette configuration, les entreprises vont devoir revoir leur management afin qu’il soit plus axé sur l’humain et l’individu : en réalisant des feedback continus, la mise en place d’ateliers collaboratifs, favoriser le développement personnel…

La fonction RH possède aujourd’hui un double enjeu : conserver l’engagement de ses collaborateurs en évoluant pour répondre à leurs nouvelles attentes tout en restant attractive auprès des nouveaux candidats.

La crise a donc accéléré les tendances déjà existantes : télétravail, quête de sens, exode urbain, transformation digitale… Les RH devront trouver un équilibre stable et durable suite à la crise pour que l’entreprise retrouve sa productivité et sa croissance, elles pourront même les améliorer en alliant l’utilisation des outils digitaux et la prise en compte des attentes des salariés.