Culture Afrique : Recrutement Femme de maison
Parmi les petits bonheurs octroyés par l'Afrique, embaucher une femme de ménage se hisse à la première place. Fini les tâches ingrates du quotidien qui consument votre énergie. Mais avant de se délecter de ses services, débusquer, cette fée s’impose. En une semaine, je me mue en chasseuse de têtes hors pair pour dénicher la fée du logis. Me voyant un peu trop optimiste, ma famille et mes amis ont vite calmer mon enthousiasme. Ils égrènent en détails les différents profils d’employés de maison qui risquent de croiser ma route. Médusée, j’écoute le récit de leurs aventures domestiques.
Amélie, la bonne élève
Elle s’appelle Amélie. Elle a quarante trois ans, trois enfants, le corps généreux, le sourire franc, le pas lent, mais possède une motivation à revendre. Au service du même foyer depuis quinze ans, elle maîtrise les codes pour pérenniser sa place confortable. Honnête, ponctuelle, travailleuse et apte à prendre des initiatives, autant dire qu’elle s’érige en exception. Son sens de la retenue et fidélité la situent comme une pièce cruciale du puzzle familial. Elle comprend vite en devenant ménagère que sa bonne conduite sera sa meilleure alliée.
Alice, l’instable
Alice cumule sept ans d’expériences professionnelle. Frêle, elle déploie néanmoins beaucoup d’énergie dans ses tâches domestiques. Ses seuls talons d’Achille sont la maladie et les enterrements. Combien de fois une personne peut-elle attraper le paludisme en alternance avec un décès dans son entourage ? À chaque palu ou deuil, c’est à la générosité de l’employeur qu’on fait appel. Après avoir adhéré à la commedia dell’arte les premiers mois, les différents patrons d'Alice l’ont mis face à ses responsabilités et elle s’est retrouvée sans travail. À trop vouloir tirer la corde sensible et tester les limites, on perd au change…
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Yvette, la modeuse
Yvette est une jeune fille à la mode. A vingt ans, seul son téléphone, sa manucure et sa coiffure lui importent. Pour continuer à profiter de ses plaisirs, elle parvient à duper cette mère de famille en quête d’une nounou pour son enfant de trois ans. Un mois de travail avec salaire en poche a raison de sa motivation. Elle dépense son magot en quelques heures. Dans quelques semaines, elle jouera un autre rôle pour son prochain engagement. Yvette incarne le stéréotype de cette jeunesse en perdition qui vit au jour le jour et rêve de devenir Beyoncé ou Rihanna sans démontrer le moindre effort.
Magoué l’envieuse
Magoué travaille depuis quelques mois pour ce couple d’expatriés Québécois. Elle a été recommandée. L’appartement spacieux répond aux standards européens. Elle jalouse tout chez eux, leur fraîcheur, leur aisance financière et leur épicurisme. Derrière le sourire professionnel, l’aigreur creuse son sillon. Durant les congés de ses boss, elle essaie les habits de Madame et s’applique à vivre leur vie par procuration. Mois après mois, Magoué cumule les larcins : vol d’argent, de denrées alimentaires, de vêtement. La sanction tombe vite grâce aux caméras distillées dans l’appartement. L’envie et la malveillance pervertissent les rapports humains et constituent la plupart du temps, la base des relations de subordination.
Amélie, Alice, Yvette et Magoué forment en réalité le patchwork de toutes les employées de maison : des qualités et des défauts. À nous de placer le curseur de notre tolérance à leur égard. Ma mère m’a appris que malgré certains manquements, traiter cet entourage avec respect demeure nécessaire : offrir un repas. Une employée bien considérée est plus encline à travailler avec entrain, surtout n’oublions pas de leur dire merci.
Fathy Sanogo