Décarbonation des mobilités, quels leviers ?

Décarbonation des mobilités, quels leviers ?

Le 23/03/2023 s'est tenu un "RDV de la mobilité" dédié à la décarbonation des mobilités et organisé par le CEREMA. L'occasion de faire une piqure de rappel sur les enjeux de la décarbonation des transports et les principaux leviers à actionner en vue de réduire les émissions du secteur.

Constat :

1. Le secteur des transports génère 30% des émissions nationales :

  • ~46% des émissions proviennent de la mobilité individuelle routière (véhicules particuliers et deux roues)
  • ~34% des émissions induites par la mobilité professionnelle routière (véhicules utilitaires et poids lourds)
  • ~20% incluant plusieurs modes : Aérien national et international, Maritime/Fluvial national et international… au premier rang desquels nous retrouvons l'aérien national et international qui représente respectivement 3,4% et 11,5% des émissions françaises.

2. Le secteur des transports est en retard vis-à-vis des objectifs de réduction des émissions de CO2 augmentant l’ampleur du défi à relever dans un laps de temps de plus en plus contraint :

  • Les objectifs de Kyoto de 1992 en matière de décarbonation ne sont pas atteints (objectif de réduction de 24Millions de tonnes de CO2 à 100millions en 2020). En 2018, force est de constater que les émissions s'élevaient à 137 Millions de tonnes… soit une hausse d'environ 10% par rapport à 1992.
  • Bien que le progrès technique (efficience des performances des moteurs) ait permis de diminuer les émissions unitaires par passager/kilomètre (120 grammes par passager/kilomètre en 1990 vs.100 grammes en 2018) celles-ci n'ont cessées de croitre du fait d'une très forte augmentation du trafic routier et aérien en France (+46% des émissions depuis 1990) induite par une augmentation de la population française, une diminution du taux de remplissage des véhicules et une augmentation de la mobilité individuelle.

Pour atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050 imposés par le paquet « Fit for 55 » et la Stratégie Nationale Bas-Carbone, il est nécessaire de repenser nos politiques et modèles de mobilités. Pour ce faire, plusieurs leviers peuvent être actionnés.


Quels leviers pour décarboner les mobilités et tenir nos engagements à horizon 2050 ?

L’approche « Eviter, Changer, Améliorer » présentée lors de la conférence est un modèle non techno-centré pertinent pour réduire les émissions du secteur. Celle-ci préconise la mise en œuvre de trois grandes catégories d’actions :

1. Eviter : diminuer les distances parcourues avec des modes motorisés (diminution des trafics routiers et aériens) via :

  • la mise en place de zones à trafic limité et la réduction de l’espace public destiné à la voiture
  • le recours à la circulation alternée
  • la planification et l’aménagement du territoire en vue de réduire les distances à parcourir
  • la formation aux enjeux de la mobilité décarbonée
  • la dé/incitation financière (péage urbains, ZFE…)

2. Changer : changer nos pratiques de mobilités par des pratiques moins consommatrices de ressources énergétiques et matérielles notamment à travers :

  • l’écoconduite (réguler et apaiser les vitesses, former les conducteurs…)
  • l'allègement des véhicules qui n'ont eu de cesse de grossir depuis 1960 (630Kg en 1960 vs. 980 à 1455Kg en 2020 ; une réduction de 10% du poids induit une réduction de la consommation de 6-7% du véhicule)
  • le report modal vers le transport en commun et la mobilité partagée (mutualiser l’usage des ressources énergétiques et matérielles)
  • l'incitation au développement des modes actifs (marche, vélo) bons pour l’environnement et la santé !

3. Améliorer : améliorer les motorisations et les substituer par des technologies moins émissives notamment en organisant la transition énergétique des flottes de véhicules. A noter toutefois que l'électrification massive n'est pas une solution en soit, notamment du fait de l'intensité carbone de l'électricité (production et disponibilité d'une électricité peu carbonée) et de la consommation de ressources (extraction de terres rares - minerais pour la fabrication des batteries) ayant un important impact environnemental (modification des paysages, des sols et du régime hydrographique local...).


En conclusion, changer de modèle de mobilités impose de traiter les épineuses questions :

  • de l’acceptabilité sociale des mesures nécessaires à la décarbonation qui se doivent d’être juste et inclusive si l’on veut un jour voir les politiques de décarbonation aboutir.
  • du financement des politiques de mobilités – qui plus est dans un contexte de réduction des recettes de la TICPE induite par la transition énergétique (électrification) du parc national. Sans ressources fléchées et pérennes les politiques de mobilités décarbonées ne pourront garantir les effets escomptés.

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