Développement des PME en Afrique Centrale. Quelle stratégie ?

Le secteur prive et les PME en Afrique Centrale sont qualifie de marginales. Les initiatives entreprises par les Gouvernements et les bailleurs de fonds internationaux malgré leurs nombres et leurs diversités n’atteignent pas jusqu’au moment les objectifs et ne répondent pas clairement aux attentes du peuple centrafricain.

De nombreuses initiatives de la Banque Mondiale, de l’Union Européenne, de l’Afd, de la BDEAC sont mises en place, associées a des initiatives des Gouvernements mais peu sont les succès.

De part mon expérience en Afrique centrale dans ce domaine, les causes sont diverses et je peux les classer en trois catégories :

Objectifs :

En termes d’objectifs, je constate ce qui suit :

  • Manque de vision ; les programmes inities ne sont pas fondées sur des études approfondies des besoins et surtout des cartographies réelles des situations des PME et du secteur prive et des attentes des jeunes des sociétés en Afrique Centrale,
  • Les programmes inities par les bailleurs de fonds et des partenaires au développement sont limites par le temps et par les budgets donc avec des objectifs très limites ;
  • Les initiatives en matière de développement de la culture entrepreneuriale manquent beaucoup en Afrique Centrale. Un volet important est négligé dans la conception et la mise en œuvre des programmes ;
  • Les Gouvernements malgré leurs volantes ne travaillent pas sur la pérennité et la continuité des programmes. Des que le programme arrive a échéance, le travail est fini et les équipes mis en place sont limoges et les objectifs deviennent ponctuels ;

Opérationnalisation :

Les programmes mis en place font face souvent à des obstacles :

  • Bureaucratie et systèmes administratifs lourds qui n’assurent pas la mise en place et l’opérationnalisation des actions au moment opportun ;
  • Dans les pays de l’Afrique centrale, il y’a plusieurs intervenants et plusieurs institutions avec des rôles dupliques ce qui rend difficile de travailler sur un programme convenablement avec un seul interlocuteur ;
  • La mise en place des programmes fait toujours face a des problèmes de financements, ce qui rend difficile la mobilisation des ressources auprès d’un même bailleur de fonds deux fois sur un même projet, d’où l’expiration automatique des programmes.

Institutionnel :

Au niveau des institutions, mon constat est le suivant :

  • Manque de professionnalisme au niveau des institutions en relation avec le développement du secteur prive et des PME pour plusieurs raisons dont la multitude des institutions travaillant sur le développement du secteur prive et des PME, le manque de ressources financières et surtout la défaillance des ressources humaines qualifies travaillant dans ces institutions.
  • Les Gouvernements optent souvent pour la création de nouvelles institutions pour chaque initiative ou projet sans voir les institutions existantes et voir comment les renforcer ;

Il y’a tant d’obstacles qui rendent la création des PME en Afrique Centrale difficile. Un secteur prive qui veut certes se développer, un potentiel de jeunes qui ont la capacité de créer et gérer des entreprises et créer de l’emploi mais, par quoi commencer, ou aller et que faire c’est l’énigme des jeunes en Afrique Centrale.

Ma modeste expérience a fait sortir quatre grands axes sur lesquels il faut travailler pour développer le secteur prive et les PME en Afrique Centrale avec des programmes bien identifies dans chaque axe :

FINANCEMENT

 

  1. Fonds de Garantie
  2. Fonds des ressources concessionnelles
  3. Société d’Investissement à Capital Risque (SICAR)
  4. Banque de Financement des PME (BFPME)
  5. Fonds spécial pour le développement des PME
  6. Fonds spécial pour le développement des entreprises dans le secteur des Technologies de l’information et de la communication TIC
  7. Fonds spécial pour la conversion et la reconversion minière
  8. Crédit bail (leasing)

 

APPUI ET DEVELOPPEMENT INSTITUTIONNEL

 

  1. Programme National de structures d’appui à la création d’entreprises
  2. Programme de mise à niveau des entreprises
  3. Structure / Agence d’assistance, certification et d’accréditation des entreprises
  4. Réseau de centres de formalités pour les entreprises (CFE)
  5. Agence foncière industrielle et agricole
  6. Centres techniques sectoriels

DEVELOPPEMENT DES CAPACITES

  1. Programme pilote de formation et d’accompagnement des promoteurs privés
  2. Programme pilote de formation des formateurs, accompagnateurs et coachs des promoteurs privés
  3. Programme d’appui et de renforcement des capacités des gestionnaires et fonctionnaires des structures d’accompagnement (ADPME, CDA, PE, IE …)
  4. Programme d’appui et de renforcement des capacités des gestionnaires et fonctionnaires des CCI et des organisations patronales

ACTIONS & PROGRAMMES SPECIFIQUES / PAYS

  1. Etude sur les orientations économiques stratégiques / pays
  2. Etudes sectorielles, monographies sectorielles, fiches projets
  3. Etude sur le commerce transfrontalier et la facilitation des échanges commerciaux
  4. Etude sur les incitations aux investissements et la fiscalité des entreprises
  5. Etude sur le secteur informel : problématique et solutions

 

Parce qu’elles sont classes dans les derniers rangs du rapport Doing Business de la Banque Mondiale, les pays de l’Afrique Centrale soient n’admettes pas les critères de classification et rejettent le résultat de ce rapport soient ils optent pour des issues de secours juste pour améliorer leurs classement sans faire un travail de fonds et de long terme pour pérenniser leurs politiques d’employabilité des jeunes et de création d’entreprises. Les résultats atteints ne seront par ce fait que ponctuels, limites par le temps et par l’espace.

Le travail de fonds stipule que la problématique de l’emploi, la création d’entreprises et le développement d’un secteur prive actif doit être revue en globalité et en profondeur, d’admettre les insuffisances et surtout de réfléchir et négocier des programmes pérennes, de long terme et surtout inclusifs.

Mounir BEN GUIRAT

Expert en développement du secteur privé et des PME, Appui institutionnel.

9 ans

Monsieur Mahmud merci d’abord pour le commentaire et pour votre contribution pertinente. Vous évoquez un sujet pertinent qui concerne le secteur informel. Oui, ca constitue un problème majeur pour le développement économique. J’ai eu la chance d’étudier le cas du Cameroun par exemple et d’autres cas en Afrique Centrale. Je veux dire d’abord qu’il faut préparer le terrain et les conditions pour que les entreprises opèrent dans le formel ; réviser les incitations aux investissements, alléger la fiscalité, réduire les délais et les procédures administratives pour exercer les activités économiques et régner un climat de confiance et un dialogue entre l’Etat et le secteur prive. L’informel malgré qu’il participe a la création de l’emploi et génère des richesses, échappe malheureusement du contrôle des autorités économiques, échappe des surveillances statistiques alors il échappe des prévisions et des mesures économiques que les Etats prennent. Et c’est un manque à gagner énorme et une perte aussi bien pour l’Etat que pour les promoteurs.

Mahmud Hammuda

Chief Executive Officer at BIM CONSULTING

9 ans

Pertinente analyse Si Mounir .Je pense aussi que le developpent des PME commence par l'apport d'un accompagnement du secteur informel afin de faciliter le passage au formel et augmenter ainsi les chances de succes . Bien Cordialement

Mohamed Abdellahi LEMRABOTT

Analyste financier - Maître de conférences à l'ITB - CFPB chez cfpb

9 ans

Très pertinent!

zouhir ZRIBI

Consultant en management chez Z2management

9 ans

D’après mon vécu et mes lectures, je partage parfaitement votre diagnostic et j'ajoute l’inefficacité et le dysfonctionnement du système financier d'une part et le circuit parallèle, le tribalisme, la fraude, la raquette et la corruption. Ces entraves limitent l'initiative privée et immobilisent l’ascenseur social. Le choix du secteur prioritaire et l'orientation des actions de développement sont en majorité inadéquats. Ceci implique une révision de la structure socio-économique et une concentration institutionnelle pour bien gérer le développement et booster la croissance donc il y a un travail de long halène qui devra être engagé par les autorités de ces pays et la société civile pour une réhabilitation de la structure socio-économique c'est peut-être ce que Mme Karafi a voulu dire en écrivant "les pays d'Afrique doivent trouver eux-mêmes les solutions". Je vous remercie Mr Mounir pour votre diagnostic et analyse.

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