D’abord moi, on verra ce qu'on peut faire pour les autres!


Nos partis politiques sont devenus, ouvertement, des groupes ou des collectifs extrêmement égocentristes, c'est-à-dire, un ensemble de personnes qui n'agissent qu'en fonction de leurs propres intérêts. La notion de parti/حزب a perdu son éclat et sa sincérité lorsque cette notion a pris la forme d'un assemblage hétérogène de personnes ayant chacune un objectif suspect, se situant aux antipodes des principes de ce qu'il est convenu d'appeler un "parti politique".

Lorsqu’on consulte des dictionnaires d’arabe classique, le verbe حَزَّبَ (hazzaba) signifie rassembler et rendre fort. Lorsqu’on dit, par exemple, حَزَّبَ القومَ, cela signifie rassembler des gens ou un groupe de gens et le rendre fort. Cela rappelle le fameux proverbe qui dit : “l’union fait la force”. Un parti politique est donc un rassemblement de personnes dont l’union constitue une force. Une force qu’il faut concevoir non pas dans le sens physique mais dans le sens mental et intellectuel. C’est cette force qui fait d’un parti politique un instrument social destiné à défendre l’intérêt général, donc, finalement l'intérêt des citoyens.

C’est ce que prévoit la Constitution en faisant d’un parti politique,  un contre-pouvoir dont la mission principale est de représenter le peuple auprès des instances qui gèrent la chose publique. Comme il est là pour plaider les causes de ce peuple auprès de ces mêmes instances.

Mais contrairement à cette vocation naturelle des partis politiques, à savoir celle de défendre les causes du peuple, une majorité de partisans et partisanes, au lieu de s'atteler à cette défense (l’intérêt du peuple) et mettre en avant ses aspirations et ses ambitions, appliquent la devise qui dit : «charité bien ordonnée commence par soi-même». 

Chez nous, l’exemple le plus frappant et le plus illustratif vient de nos parlementaires qui se sont battus férocement pour bénéficier d’une retraite amplement non méritée. Quand il s'agit de se sucrer, ils oublient pertinemment que lorsqu’ils siègent au parlement, ils doivent avoir toujours présent à l’esprit qu’ils sont là pour représenter le peuple et défendre ses intérêts. 

Non! Une fois élus et dès qu’ils foulent le seuil du portail du parlement, ils se débarrassent de l’étiquette de représentation et deviennent cyniquement messieurs untel qui défendent jalousement leur territoire où ne comptent plus que leurs intérêts personnels, les rentes et tout avantage d’ordre matériel ou moral. Alors, que dire : sommes-nous en face de parlementaires, soit-disant issus d'un suffrage ou sommes-nous en face  de personnes opportunistes? La réponse est claire!

Chez nous, comme par hasard, il y a une ressemblance fâcheuse entre les parlementaires et leurs partis politiques. Ces derniers, qu’ils soient au parlement ou au gouvernement, ils ne représentent plus qu’eux mêmes. En fait, une fois au gouvernement ou au parlement, ils se comportent comme des sociétés privées qui ne voient pointer à l'horizon que le chiffre d’affaires qu’elles vont réaliser. Là, les partis politiques, qu’ils soient administratifs ou soit-disant nationalistes, font preuve d’une compétitivité féroce : qui réalisera le meilleur chiffre d’affaires?

Montrez-moi un seul dirigeant politique qui s'est, sincèrement et publiquement, insurgé contre son parti pour dénoncer ses irrégularités et ses déviances! Bien au contraire, ce qu'on observe, c'est que tout mécontentement se traduit par une transhumance politique (التِّرحال السياسي) à la recherche d'autres opportunités plus juteuses et plus payantes.

Dans tout cet amalgame, que devient le citoyen qui s’est donné la peine d’assister aux campagnes électorales et s’est déplacé aux bureaux de vote pour se faire représenter au parlement et au gouvernement? 

Tout simplement, il n’a pas de chance et, par conséquent, il est relégué aux oubliettes. Oui, il est relégué aux oubliettes parce que ceux qu’il a choisis pour le représenter, n’ont pas résisté à leur égoïsme et se disent au fin fond de leur inconscience : d’abord moi, on verra ce qu'on peut faire pour les autres! Et comme par hasard, ce «on verra», personne ne le verra!

A tel point que le pauvre citoyen s’est habitué à absorber tous les malheurs qui découlent du bonheur des politiciens qui ne sont en réalité que des politicards politicailleurs.

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