Daech, paroles de déserteurs

Daech, paroles de déserteurs

Documentaire de Thomas Dandois (France, 2016) 52 mn. Arte. Inédit

« Daech est un ennemi de l'Islam » affirme dans la pénombre un ancien combattant de l'Etat Islamique. Abu Oussama a 32 ans, il est syrien, et il a réussi à quitter l'organisation terroriste. Aujourd'hui, il se confie à visage couvert sur les raisons qui l'ont poussé à partir, tout comme celles qui l'ont incité à s'engager. Comme lui, en un an, une centaine de personnes ont été exfiltrées grâce à Thuwwar Raqqa, une brigade rattachée à l'Armée Syrienne Libre (ASL). Elle travaille conjointement avec des agents infiltrés au sein de Daech, qui ont pour mission d'aider les combattants qui souhaitent déserter. A terme, ceux-là doivent leur permettre d'en savoir plus sur l'organisation, et de faire le lien avec ceux qui attendent l'exfiltration. En proie à un stress permanent, les « traîtres » de l'EI ne regrettent pas d'en être partis, eux qui y voyaient au départ un modèle d'ordre et de sécurité à opposer à la corruption. Loin d'être un eldorado du bon musulman, Daech devient le fardeau de ces déserteurs de l'ombre...

Avec une série de témoignages poignants, Thomas Dandois entend donner la parole à ceux dont on parle peu. Malgré l'atmosphère parfois pesante de ces scènes tournées dans une quasi-totale obscurité, le réalisateur a le mérite de rendre compte du caractère intimiste des confidences d'anciens combattants qui vivent dans la peur des représailles. Au fil des intervenants, il met en lumière leur désillusion, la prise de conscience progressive que là n'est pas leur place. On découvre à travers eux la vie quotidienne des frères d'armes de Daech, arabes et européens, réunis au sein d'une communauté ultra-organisée, autour d'un même espoir de vie meilleure. Il souligne enfin l'implication de Thuwwar Raqqa, qui lutte pour infiltrer le système tout en exfiltrant ses fidèles, quitte à se mettre en danger. Un angle de vue intéressant qui nous plonge dans l'organisation terroriste qu'on ne présente plus. - Audrey Paillasse

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