De la financiarisation à la digitalisation : la mondialisation en folie
La mondialisation est un processus ancien. Cyclique au regard de l’histoire, si l’on se focalise sur l’intensité des mouvements internationaux des marchandises, des hommes ou des capitaux, mais en approfondissement constant si l’on considère l’étendue des flux qui peu à peu se globalisent. Alors bien sûr, certains pronostiquent le reflux de la vague contemporaine. Les choses ne sont pourtant pas si simples, dès lors que l’on admet que derrière les mots de mondialisation / globalisation, il y a des phénomènes multiples.
Par Olivier Passet, Directeur des synthèses Xerfi
D’abord, la libéralisation des échanges commerciaux
Derrière la mondialisation il y a d’abord eu ce que l’on pourrait qualifier de libéralisation du monde. Une libéralisation des échanges d’abord, voulue après-guerre et matérialisée par l’accord du GATT de 1947. Partant de 23 pays, il s’est approfondi continuellement au cours des différents cycles de négociation, engageant aujourd’hui 164 nations, avec pour point d’orgue l’accession de la Chine à l’OMC en 2001. A la clé, un allégement des barrières tarifaires et non tarifaires, sur un champ de plus en plus étendu de flux matériels et immatériels.
Cette intensification du commerce a eu plusieurs conséquences majeures :
• La prégnance de la thématique de la contrainte extérieure sur la conduite des politiques économiques nationales, qui a bousculé le logiciel keynésien.
• La montée en puissance du dogme néo-libéral à l’origine de la vague de dérèglementation qu’ont connue la plupart des grandes économies développées ou émergentes.
• Une nouvelle division internationale du travail qui a eu pour corollaire une intensification de la concurrence sur le travail non qualifié, dont les multinationales ont été des acteurs clés. Et cette intensification de la concurrence constitue une première source de pressions déflationnistes à travers le monde.
Ensuite, la financiarisation et la libéralisation des capitaux
A cette première tendance s’est superposé le mouvement de financiarisation du monde, d’origine réglementaire et technologique comme le précédent. A son origine, le big bang financier des années 80-90, et la vague de libéralisation des flux de capitaux. Ce qui la caractérise, c’est l’explosion des transactions financières à travers le monde, dont certains économistes nous disent qu’elles représentent plus de 100 fois le PIB mondial.
Mieux vaut cependant ne pas s’attarder sur cette statistique qui compare des choses non comparables, les transactions étant de nature différente d’un flux de production, et probablement de moins en moins quantifiables avec l’explosion du trading à haute fréquence.
Ce qu’il faut retenir, c’est d’abord le déplacement des transactions sur les marchés dérivés, la montée du shadow-banking - avec des risques de moins en moins traçables -, et la montée de la problématique de l’attractivité, qui rajoute une nouvelle contrainte sur les politiques nationales dépassant de loin les exigences de la contrainte extérieure du temps des Barre et Delors. C’est désormais à un véritable concours de beauté en matière de rentabilité auxquels doivent se livrer les États, ce qui leur a fait perdre de leur liberté en matière de fiscalité et de régulation.
La diffusion des modèles de gestion axés sur la création de valeur, et la représentation de l’entreprise comme un portefeuille d’actifs que l’on fusionne ou acquiert à échelle du monde, génèrent une énorme pression. Et cette intensification de la concurrence sur le capital constitue une deuxième source de pressions déflationnistes à travers le monde.
Et maintenant, la numérisation
Ces deux premières dimensions de la mondialisation sont certainement en partie réversibles, sous le jeu de nouvelles contraintes réglementaires destinées à faire rentrer le torrent dans son lit. Mais on ne peut ignorer le troisième étage de la mondialisation contemporaine, que l’on pourrait qualifier de digitalisation du monde. Une accélération considérable de l’histoire depuis les années 2000, qui expose tout à coup toute la composante tertiaire de nos économies à la concurrence, puisque presque tout devient exportable à terme, pouvant demain être traité par algorithmes ou par le truchement de machines intelligentes autonomes ou pilotées à distance.
Voilà donc que les deux tiers de notre production, qui étaient hors du jeu de la compétition mondiale, y rentrent. Et que des acteurs ultra-dominants, les GAFA notamment, font main basse sur la valeur créée et la matière fiscale. Les chaines de valeur mondiales doivent épouser de nouvelles formes.
Difficile dans ce contexte d’adhérer au mot de « démondialisation », quand des plateformes tentaculaires émergent, et quand les chaines de valeurs tendent à se raccourcir, mais aussi à se fragmenter à travers le monde. Au final, la digitalisation du monde c’est un peu comme si le big bang de la finance s’étendait à l’ensemble de la sphère productive, propageant sa folie à tous les flux dématérialisés.
tant que les échanges reconnus seront limités aux biens et aux services destinés au court terme, nous ne pourrons pas stopper cette folie. Il est grand temps de reconnaitre l'existence d'une autre économie du bien commun (famille, savoirs, innovations, démocratie et spiritualité). Cette économie, inscrite dans le long terme et dédiée aux besoins de la communauté va occuper nos concitoyens au fur et à mesure que le tissu entrepreneurial se transforme (économie circulaire + robots + big data) et va devenir la base de la compétitivité de chaque nation. Mais pour cela, inventons les outils de gouvernance qui conviennent ... (www.genevieve-b.fr)
Assistante
7 ansAlors on va redescendre un tout petit peu. Digitaliser c est numériser. Les flux immatériels ne peuvent être que des données migrants via Internet. Aucune chance qu' une entreprise de production matérielle fasse transiter ses données aux 4 coins de la planète. Seuls restent concernées les entreprises de production immatérielle et encore sans grande plus value intellectuelle, les Uber et autres sites rentiers. Cette forme d entreprise existe déjà depuis plus de 10 ans. Ce discours soutient indirectement l idée de ne pas taxer les entreprises comme Uber et nous présente ce modèle comme celui de l avenir
Responsable technique en recherche de mission
7 ansLorsqu’on s’intéresse à la culture digitale actuellement en plein essor, comment ne pas s’interroger en comparant les enthousiasmants principes de base (partage collaboratif, open innovation) à la prédominance financière des géants du numérique (GAFA, avec les NATU dans leur sillage) ? Libéralisation/ dérégulation sans limite et guère de contrôle, voire sans projets définis (mais du test & learn), laissent effectivement dubitatif. C’est à la source même de la digitalisation que les exaltantes valeurs promues s’opposent aux traditionnelles, en prônant de troquer le contrôle contre la confiance, de substituer le lâcher-prise à la maîtrise, la modération a posteriori à la validation a priori, l’innovation à la précaution. Quant à la redistribution de la valeur produite, ainsi concentrée dans une bulle autonome sinon virtuelle, le doute ne peut que croître aussi rapidement…
Chargé D’étude Division Synthèse Budgétaire au Ministère du budget République de Guinée
7 ansAujourd'hui la mondialisation se globalise à travers les quartes coins du monde, à cause des innovations et de l'évolution de la technologie de l'information qui fait que tous les flux financiers sont possibles en un clique de doigt, les marchandises sont payées a distance, les affaires sont décentralisées,la concurrence détermine l’économie mondiale, les modales de gestions sont sélectionnés pour atteindre des objectifs xn--souhaits-h1a.et cela peut nous ramener au sous emploi des les secteurs financiers oû le digital va remplacer les personnes humaines. Donc en plus de la financiarisation de l’économie qui créée moins d'emploi, les flux financiers par le digital en crée aussi moins,et en ma qualité d’économiste, je crains que dans une décennie le chômage mondial ne soit multiplié par deux. il faut des solutions de prévention pour réguler la financiarisation et les transactions par des digitales électroniques.