La qualité de l'édition logicielle
C'est assez rare de ma part, mais cela fait du bien de temps en temps. Même avec toute la bienveillance et la compréhension que je peux avoir généralement, il y a des moments où quand vous voyez le montant des factures qu'on vous demande et le service qu'on vous délivre, vous avez juste envie d'espérer qu'on arrête de se moquer du monde.
Il fût un temps où pour écrire un programme informatique, il fallait optimiser son code, ses algorithmes, gérer la mémoire à la main, travailler avec un jeu d'instruction fermé,... Malgré toute ces contraintes, le développeur arrivait à ses fins et les applications étaient fiables et performantes.
L'avènement de la virtualisation, des frameworks, des languages de haut niveau, des architectures applicatives, des API génériques, des AGL, des IDE ont grandement facilité les choses et ont permis d'accompagner rapidement la transformation numérique de l'économie...
Mais à quel prix?
Franchement, nous opérons une plateforme numérique modeste (env. 300 serveurs virtuels) et nous voilà avec des dizaines To de RAM, des centaines de To de Stockage, des multi-GHz de fréquences, des multicores, des dizaines de milliers de Watts pour faire tourner quelques dizaines d'applications pour 700 à 800 users quotidiens... Ces applications dysfonctionnent aussi régulièrement qu'un politicien finance ses idées par de nouvelles taxes...
C'est simple, lorsqu'on allume nos datacenters, les lumières de la ville d'à côté baissent ;-)
Pourquoi en sommes-nous à cette débauche de moyens et d'énergie? Pour les mêmes raisons que plus haut. Fuites mémoires, requêtes qui bouclent ou simplement qui prennent des dizaines de secondes, erreurs non-catchées, plantages...
Des couches, des couches et encore des couches... voilà le travail des 10 dernières années. Empiler les couches !
La facilité a eu un coût. On remplace l'intelligence par la puissance ! Cela part des OS, du middleware, des SGBD, des applications pour, au final, punir l'utilisateur par des bugs et des lenteurs ainsi que l'exploitant qui tente de faire tourner sa plateforme.
Pour faire un parallèle avec le dicton très connu: "C'est lorsqu'un moustique se pose sur nos parties génitales, que l'on comprend alors que la violence n'est pas le meilleur moyen de résoudre les problèmes". Je dirais donc que pour la puissance, c'est la même chose.
Un exemple parmi tant d'autre; une requête applicative qui demande plus de 15s (au seul niveau SQL) à chaque fois pour répondre. Notre "vieux" DBA y jette un oeil, la réécrit et la voilà à 0,3s !!! Vous pouvez mettre 4 fois plus de capacité, votre requête sera toujours mauvaise!
Une application qui appel Word pour sa partie bureautique et qui, fermant mal l'appel, nous génère des centaines de processus Winword sur nos serveurs CITRIX...
Des fuites mémoires Java qui nous obligent depuis des mois à scripter des redémarrages de service pour garantir le fonctionnement à la journée d'une application...
Il y a aussi des idioties comme des chemins d'accès à des programmes externes codés en dur dans l'application et qui mettent en péril chaque mise à jour avec des effets de bords ignorés même par l'éditeur lui-même...
Bref, messieurs les éditeurs, le temps va bientôt venir où le watt/h sera hors de prix!
Vous avez le choix... attendre le mur et le moment où les CCTP aborderons en dur les conditions de ressources allouées ou commencer dès maintenant à vous intéresser au sujet... vraiment... en recrutant et en formant.
On me rebat les oreilles à chaque visite d'un fournisseur:
- De la "démarche Qualité" mise en oeuvre ... A mon avis, on a pas la même définition du mot "Qualité". Etre ISO, c'est bien, mais cela n'a jamais introduit de la qualité réelle, juste montrer que vous êtes au courant des défauts (et encore, parfois, on se demande qui l'est vraiment...)
- De la réactivité du support... Si, à titre privé, vous aviez des fournisseurs aussi prompt que vous en SAV, je pense que vous seriez les premiers à gronder fort...
Et puis l'argument: "On ne comprend pas, il n'y a que chez vous qu'on a le problème!!! SVP, arrêtez de nous prendre pour des c..., on a le téléphone depuis un moment et on sait que chez les autres clients aussi, cela ne fonctionne pas !!!
A bons entendeurs...
Founder & CEO
6 ansEntièrement d'accord avec toi Olivier. Alors cela fait du bien ? Apaisé ? 😊