De l'automobile vers la mobilité
Comme vous le savez (ou pas), le salon de l’automobile a eu lieu en septembre dernier à Francfort[1]. L’événement a connu un taux de fréquentation amoindri de 13% en comparaison de l'année précédente. Cette baisse fait suite aux 15%[2] affichés lors du dernier mondial de l’auto à Paris. Quelles sont les raisons de ce désaveux ? Force est de constater que sur le plan énergétique, bien que le constat soit sévère, la stratégie reste légère. En effet, que ce soit Dieter Zetsche, PDG de Daimler, ou Harald Krüger, son homologue, chez BMW le son de cloche est identique ; le business modèle des constructeurs ne favorise pas le passage à l’électrique. Rassurons-nous : leur taille et leur puissance protège ces acteurs immémoriaux d'une extinction soudaine. Cependant, le marché semble glisser de l’automobile vers la mobilité.
Illustrant cette tendance, Porte de Versailles se tenait en juin dernier la deuxième édition du salon Vivatech[3], sur l’innovation et le digital. S’y sont retrouvées les GAFA mais aussi d’importants acteurs historiques de la mobilité française parmi lesquels figurent la RATP et la SNCF. Ce ne sont pas les plus attendus : les startups sont les grandes lauréates de l’événement empochant plus de 10 millions d’euros pour développer leurs projets.
Sortant du lot : Karos, dont le fonds de commerce n’est autre que la mobilité. L’idée est cartésienne : bénéficier de l’utilisation d’une voiture sans en subir les affres de la propriété. Concrètement, cette application permet à l’utilisateur de sortir dans la rue et d’héler une voiture pour se rendre à destination. Actuellement, c’est grâce à Transdev que la startup se développe et assure le service de transport sur des tronçons non desservis par les réseaux en place. L’utilisateur paye son abonnement Navigo et il se voit proposer un accès à un système de covoiturages réguliers & disponibles. Très belle entrée sur un marché prometteur, appelé à concurrencer l’automobile traditionnelle. L’idée proposée par Olivier Binet (fondateur de Karos) n’a rien de révolutionnaire ; tout le succès réside dans sa réalisation. L’enjeu est de coordonner un accès à un mode de transport fiable, intégré et efficace.
Il est alors possible d’imaginer à terme, une application qui mette en relation le détenteur d’un véhicule (utilisateur de Waze par exemple) avec un covoitureur (utilisateur de l’application RATP). Le conducteur peut accepter/refuser les demandes de courses et est rémunéré à un prix suivant la loi de l’offre et de la demande. Le bénéficiaire règle alors le trajet selon le même mode qu’Uber. Dans le but d’assurer la sécurité de tous, les profils des chauffeurs et des utilisateurs sont visibles et notés par les usagers eux-mêmes. Cette application ne se heurte pas à la loi si elle se développe dans le cadre d’une mission de service public. La principale différenciation avec Karos est l’intégration du marché : les utilisateurs et la technologie existent déjà et ne sont donc ni à développer ni à conquérir.
De nombreux acteurs se tournent vers ce nouveau marché comme Via (250m€ levés), Vulog (17,5m€ levés), Datawarehouse (SNCF, RATP, Blablacar, Transdev) ainsi que certains cabinets de conseil en stratégie.
[1] Source Les Echos, 12 septembre 2017, par ANNE FEITZ & JULIEN DUPONT-CALBO « A Francfort, les constructeurs automobiles s’inquiètent pour leurs marges »
[2] Source Argus, Publié le 17 octobre 2016 par Stéphane Bonnegent : « Mondial de l'auto 2016 : baisse de fréquentation et remise en question »
[3] Source « Vivatechnology », 15/06/2017