DENOUEMENT EN GAMBIE: MON POINT DE VUE
Depuis le début de la situation électorale en Gambie, je me suis gardé de donner mon opinion pour respect que je dois à la Gambie et aux Gambiens.
J’ai toujours défendu une résolution pacifique de la crise dans mon cercle d’amis et de collègues et je suis content qu’une solution pacifique soit trouvée.
Toutefois, la démarche de la CEDEAO et de l’ONU me semble très maladroite et elle constitue un précédent dangereux pour la démocratie et l’intégration sous régionale.
Quand on parle démocratie, on pense à ses piliers que sont la liberté d’expression et de presse, les élections et l’état de droit. La position de la CEDEAO et de l’ONU a empêché le processus électoral d’aller jusqu’à son terme en Gambie alors que leur rôle était de garantir son aboutissement.
Les élections reposant sur fondamentaux d’ouverture (libre participation), de transparence (du processus et du vote) et d’arbitrage (gestion des contentieux), la CEDEAO et l’ONU on refusé au candidat Jammeh son droit à un recours contentieux. Malgré les arguments avancés, je pense que la meilleure solution était de négocier avec le Nigeria et d’autres pays pour la disposition des juges devant statuer sur l’affaire, ou si nécessaire mettre des juges de la CEDEAO à la disposition de la Gambie pour cette affaire. C’était plus facile que la mobilisation des armées et des armes.
Même si Jammah était un autocrate, ses droits et un aspect fondamental des élections (le recours) ne devaient pas être violés par des institutions qui surveillent la démocratie et les élections.
C’est tellement dangereux que je n’arrête pas penser à ce qui arrivera si jamais un candidat au Sénégal, au Nigeria, au Ghana, etc. félicite son adversaire et trouve ensuite des raisons permettant de remettre en cause la sincérité des résultats d’une élection. On sait l’acte de féliciter un adversaire n’a pas de valeur juridique sinon des résultats provisoires ne seraient pas proclamés pour donner place à une période de recours avant la proclamation des résultats définitifs. Si reconnaître oralement sa défaite avait une valeur juridique, les résultats définitifs seraient logiquement proclamés directement.
En outre, sur le traitement de Jammeh, je pense que le peuple gambien est libre de choisir la suite, mais à mon avis une commission vérité, pardon et réconciliation apporterait une paix plus durable et une démocratie plus consolidée que l’agitation judiciaire des organisations de droits de l’homme et d’une certaine presse manipulée.
J’ai eu le privilège de faire le tour du musée de l’apartheid en Afrique du Sud ce samedi et croyez-moi, ce qu’il ont subi est de loin plus cruel, plus inhumain et plus injuste que ce qui s’est passée en Gambie, mais il ont décidé de tourner la page sombre de leur histoire pour voir un avenir de paix et de réconciliation.
Les rancunes et les vengeances ne feront que nourrir les cycles de violences et haine.
Les opprimés d’hier ne doivent pas être les oppresseurs de demain.
Waly Faye, citoyen sénégambien.