Des enfants comme moi, il en existe des centaines de milliers partout en France
[Mot d'ouverture de la remise de rapport du 08.09.2020] Je vais faire une entorse au protocole et commencer par vous raconter une histoire. Celle d'un petit garçon qui a grandi dans un quartier, à 30 km d'ici, en banlieue parisienne.
Il avait tout du ticket perdant : mauvais élève, perturbateur, les étiquettes s'accumulent, l'école n'est pas faite pour lui. Chaque matin, le fait de se rendre en cours le rend malheureux. Mais ce petit garçon a aussi des parents qui ont vécu de plein fouet les conséquences de ne pas avoir de diplômes, de compétences reconnues par le système.
Ils font tout ce qui est en leur pouvoir, pour que leur fils fasse des études. Après tout, les études, ça ouvre des portes, n'est-ce pas ?
Soutien scolaire, aide aux devoirs à la maison de quartier, cours du soir, conseiller d’orientation de la ville… tout est bon pour ne pas laisser ce petit gars tomber dans les méandres de la déscolarisation précoce. Pourtant, à aucun moment on ne lui parlera des métiers d’avenir, du numérique, des filières d’excellences, sous prétexte qu’il ne rentre pas tout à fait dans les cases, ou tout simplement qu’ici on ne rêve pas… ou plus.
Ce petit gars, c'était moi. Il y a 12 ans. Des enfants comme moi, il en existe des centaines de milliers partout en France. Et tous ne sont pas, comme moi, passés entre les mailles du filet. Plus que cela : la situation n'a pas beaucoup évolué pour mes jeunes semblables.
Alors d'où vient le problème et par où commence t-on? Plusieurs questions s'imposent à nous :
- Pourquoi parle t-on rarement aux lycéens des filières d'excellence ou des métiers d'avenir dans nos banlieues et dans nos zones rurales ?
- A quel moment va-t-on faire savoir à tout ces enfants que les métiers de la tech et du numérique vont représenter 1/3 des offres d’emploi a venir en France et en Europe ?
- Pourquoi ne pas puiser dans ce vivier que représentent les potentiels de la ruralité et des quartiers ?
- Comment se fait-il qu'avec ce vivier, 80 000 emplois étaient non pourvus dans la tech en 2018 ?
- À quel moment allons-nous créer des passerelles entre les formations, les acteurs de l’insertion professionnelle et les acteurs de la Tech ?
Aujourd'hui, me voilà missionné par 4 ministres pour apporter des réponses à cet enjeu monumental. Car il questionne l’avenir de la jeunesse de nos territoires. J’ai pris cette mission très à coeur, nous y avons impliqué avec le Conseil National du Numérique plus de 120 personnes dans les auditions, avec l’énergie de 5 personnes à mes côtés, Touhfat , Mélanie, Ménehould, Leïla et Hugo, que je tiens à remercier.
En pleine crise de la COVID, nous avons travaillé d'arrache-pied pour réunir ces recommandations. 15 recommandations que les ministres apprécieront, parce qu'elles permettent d'avoir un impact immédiat, à long terme, sans dépenser des milliards. Leur coût est ailleurs : elles impliquent l'impérieuse nécessité de travailler de manière transversale.
Vous voulez savoir ce qui m’a le plus choqué et interloqué dans cette mission bénévole aux côtés du conseil national du numérique ? En interrogeant des jeunes de quartiers, bien plus brillants à l’école que je ne l'étais… je constate que ces jeunes ne sont toujours pas informés que les métiers de la tech sont une voie d'avenir et qu'ils peuvent leur permettre de s'élever socialement ! Pourtant il sont parfois Instagramers, Développeurs, Youtubers, Gamers ou tout simplement créatifs, ils expriment leurs compétences d'une multitude de manières. Mais pour plusieurs raisons que vous découvrirez dans ce rapport, ces jeunes se sentent peu représentés dans l’écosystème numérique, ou même à peine concernés.
Il faut retourner la table, et vite. Il n’y a pas de recette magique, il n’y a que des actions concrètes à opérer ! De manière très pragmatique, les 15 recommandations présentées dans ce rapport peuvent contribuer à changer la donne.
On peut changer la donne de différentes manières, mais cela suppose un important pas de côté dans nos politiques publiques,
- un « changement de logiciel » dans les processus de pensée en entreprise pour qu'elles misent davantage sur la compétence, le potentiel, plutôt que sur le CV traditionnel ou le diplôme de telle ou telle école,
- Un soutien plus important des acteurs de proximité, actifs sur les territoires
C'est une occasion solide de faire de la diversité de notre pays un levier majeur pour la performance de notre économie. Car l'urgence est là : si ce n’est pas maintenant, dans 5 à 10 ans, nous le paierons cher. Car si nous laissons de côté les territoires en effectuant le virage du numérique, nous aurons abandonné les populations qui y vivent. Il est encore temps d'agir, ensemble. Cela ne tient qu'à nous !
Chief Digital & Customer Experience Officer
4 ansBravo Anthony Babkine des recommandations absolument essentielles ! Digital Ladies & Allies 🔵
🚀 IOTA Director @42born2code 🌟 Réseau Makesense Entreprendre dans l'Education | Youth empowerment through digital skills | Diversity & Inclusion | Former 🇫🇷 national junior ⛸️ team
4 ansMerci Anthony Babkine pour ce travail et hâte de développer encore plus de transversalité pour que nos jeunes deviennent de vrais citoyens du numérique et qu’ils puissent se découvrir une fibre pour un métier de la Tech, univers passionnant en besoin urgent de profils capables de penser différemment le monde de demain. Philippe Oddou Quentin Moreno Guillemette Petit
Psychologue clinicienne libérale
4 ansC’est incroyable, félicitations !!
Dirigeant @ Anagramme Formation 🟠 Management I Assertivité I Coaching
4 ansSe faire se rencontrer compétences et viviers de recrutement , c’est tout l’enjeu du marché de l’emploi à horizon 10 ans. Je retiens du rapport 2 mesures phare, la sensibilisation dès le collège et la création du bac pro développeur. Car oui, il faut montrer que les passerelles existent, que l’ascenseur social peut encore fonctionner et ce, le plus tôt possible. Je crois aussi beaucoup au pouvoir des figures inspirantes, donc bravo à vous Anthony Babkine et à vos équipes !
Human-centricity and rigour for impact at scale.
4 ansMaud Lhuillier - besoin de passerelles en France aussi!