Des hommes ordinaires ?

Des hommes ordinaires ?

Depuis le 2 septembre, 51 hommes comparaissent devant la cour criminelle du Vaucluse, accusés d'avoir violé Gisèle Pelicot, droguée et endormie par son propre mari. 

Âgés de 26 à 74 ans, ces hommes, jusque-là insérés socialement et menant des vies apparemment ordinaires, n’avaient, pour la plupart, jamais eu affaire à la justice. 

Accusés de Mazan : Des hommes ordinaires ? 

L’atrocité du mal, ou sa « banalité », surgit ici dans ce paradoxe glaçant : des hommes, jouissants du corps d’une femme endormie, tout en étant, au quotidien, des individus que rien ne destinait, en apparence, à la violence. 

Le « temps normal », c’était cette routine que ces hommes partageaient avec leurs compagnes, leurs enfants, leurs amis, leurs collègues de travail. Jusqu’à ce que, dans la pénombre d’une chambre, leurs vies basculent. Ce jour-là, ou plutôt cette nuit-là, ils ont fait le choix de violer une femme inconsciente, endormie par celui qu'elle aimait et qui aurait dû la protéger. Le père de ses enfants. 

Un procès hors norme ou une effrayante banalité ? 

Ce procès est-il unique en son genre ou au contraire, très banal en raison de l’effrayante récurrence du crime que l’on y juge : le viol ou la violence faite aux femmes, aux mères, aux épouses. Et, aussi, à leurs filles et à leurs descendances. 

Jusqu’où l’homme peut-il porter la folie en lui ? 

Il me vient en mémoire, ces bordels militaires sordides, où les autorités organisaient la prostitution pour maintenir le « moral » des soldats. Ou encore certains cloaques prostitutionnels, où sur des matelas souillés des femmes comme morte, car ligotée chimiquement avec tout ce qu’il est possible de s’injecter dans les veines, pour fuir cette réalité des hommes qui « y vont » sans jamais s’avouer, encore moins entre eux, l’ignominie de leur prédation. 

De quelle humanité ces hommes se sont-ils temporairement détachés pour jouir d’un corps sans défense ? 

Les témoignages des accusés : une sexualité compulsive et immature 

Certains accusés déclarent avoir mené une sexualité « débordante », multipliant les liaisons extraconjugales. L’un d’eux a même parlé de sa quête constante de nouvelles conquêtes comme d’un « challenge ». 

Les images sont sans appel. 

« On dit souvent que les hommes ont deux cerveaux. L’un, en haut, pour réfléchir, l’autre en bas ». Mais, les vidéos font s’écrouler la thèse d’un viol par inconscience, par inattention ou imprudence. Ce que ces images révèlent, ce sont des viols par opportunité de le commettre. 

La dynamique de groupe : une complicité collective et silencieuse 

Si la justice s’attache à juger chaque homme pour ses actes individuels, peut-on ignorer l’effet du groupe ? Dans cette affaire, la diffusion de vidéos par Dominique Pelicot, montrant d’autres hommes en train de commettre les viols, a servi de déclencheur. Cela révèle une forme de validation, voire une normalisation implicite, de ces comportements au sein du groupe. 

La culture du viol : un fléau enraciné dans la société 

a domination masculine s’inscrit dans un cadre social qui codifie les inégalités, créant des normes qui tolèrent, voire encouragent, des comportements violents. Cette culture du viol, où la virilité est parfois associée à la prédation, est un fléau systémique auquel chacun participe, consciemment ou non. 

Évoquer la culture du viol ne signifie pas tous les hommes sont des agresseurs en puissance, mus par des pulsions sexuelles irrépressibles. Cela signifie que, pour éradiquer cette violence, le viol doit être prohibé dans nos sociétés de manière absolue, sans excuse ni compromis.

Yades Hesse - 2024

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de Yades Hesse

Autres pages consultées

Explorer les sujets