Des insectes pour soulager le problème des déchets alimentaires mondiaux ?
Des larves de mouches, pour résoudre le problème des déchets alimentaires. Copyright NextAlim

Des insectes pour soulager le problème des déchets alimentaires mondiaux ?

Et si les insectes étaient la solution pour valoriser l’énorme quantité de déchets alimentaires produits chaque jour dans le monde ? C’est en tout cas la conviction de NextAlim, qui a mis sur pied une usine pilote d’entomoculture industrielle dans la région de Poitiers. Les larves de mouche se nourrissent des déchets et sont ensuite elles-mêmes transformées en produits d’engrais ou d’alimentation pour l’agriculture. De quoi également répondre à la demande croissante de protéines pour nourrir la planète, dans une logique d’économie circulaire. 15'000 tonnes de déchets devraient ainsi être traitées durant l’année 2018 et de nouvelles usines pourraient voir le jour en France dès 2019. Intéressant concept!

Deux constats sont à l’origine de la création de NextAlim. Premièrement, un tiers de ce que nous produisons au niveau alimentaire est jeté. Deuxièmement, la demande mondiale en protéines est en forte hausse et devrait encore s’accélérer en raison de la démographie. 

Le projet NextAlim a démarré en 2013 à Poitiers. Son concept est simple. Tout d’abord, il s’agit de récupérer les coproduits alimentaires, issus de l’industrie et des ménages. Une « soupe », savant mélange de déchets, est ensuite préparée. Des larves sont déposées sur cette soupe, qui s’en nourrissent et prolifèrent. Les larves sont enfin transformées en protéines d’insectes (pour nourrir les animaux), en fertilisant et/ou en huiles. « A chaque cycle, une partie de l'élevage est ponctionnée pour continuer à produire des larves. Nous sommes donc bien dans une économie circulaire », selon Laure Parasote, membre de l’équipe NextAlim. 

Déchets végétaux, viennoiseries et produits laitiers

La « soupe » préparée par NextAlim est fabriquée à base de déchets végétaux ou alimentaires. La réglementation interdit la dégradation via des larves de viandes, poissons ou sous-produits animaux non transformés. En revanche, il est possible d’intégrer des viennoiseries, des produits laitiers et tous les biodéchets végétaux. 

L’insecte utilisé par NexAlim est une mouche baptisée Hermetia Illucens (Mouche soldat noir). Cet insecte a la particularité de ne se nourrir qu’à l’état de larve. Une fois transformée en mouche, elle se reproduit, mais ne se nourrit pas. « Ces caractéristiques en font un animal d'élevage très intéressant, sans risque sanitaire », selon Laure Parasote. D’ailleurs, l’ensemble du processus de transformation est réalisé dans des bioréacteurs. Il n’y a donc pas de risque d'invasion. « Et même s’il devait y avoir un souci, ce n'est pas un risque puisque les mouches sont communes et inoffensives. Et elles se plaisent d’ailleurs dans les usines, puisque nous faisons tout pour qu’elles soient dans de bonnes conditions pour prospérer », précise pour sa part Raphaël Smia, co-fondateur de NextAlim. 

15'000 tonnes de déchets et 7'000 de produits finis

Une usine prototype est actuellement en fonction à Poitiers. Cinq à dix tonnes de déchets y sont traitées chaque semaine. En 2018, les quantités seront augmentées, avec comme objectif de transformer 15'000 tonnes sur l’ensemble de l’année. Avec ces 15'000 tonnes de déchets « entrants », l’usine créera 7’000 tonnes de produits finis (protéines, huiles et fertilisants), valorisés dans différentes applications. De grandes entreprises partenaires, comme le groupe Suez, sont pleinement intégrées dans le projet. « Notre but est de développer, dès 2019, d'autres unités sur le territoire français afin de pouvoir traiter localement les déchets sur tout le territoire », selon Raphaël Smia.

Un modèle économique qui va évoluer 

Au niveau économique, les différents produits finis qui quittent l’usine sont vendus selon les prix du marché. Actuellement, les fournisseurs payent pour que NextAlim prenne leurs déchets. Toutefois, en raison de la pénurie de protéines au niveau mondial, les prix augmentent.

A terme, les revenus en sortie d'usine de valorisation vont donc croître, ce qui permettra de moins faire payer ou ne plus rien faire payer aux fournisseurs de déchets, selon Raphaël Asim. L’autre piste sur laquelle travaille NextAlim est la localisation de substance ou produits à forte valeur ajoutée dans leurs produits finis, ce qui permettra d’en augmenter la valeur.

Informations complémentaires : www.nextalim.com 

Propos recueillis le 6 décembre 2017 lors de la manifestation Waste Meetings de Lyon

 

 

Cédric Luisier

Communication and Marketing Manager | Creative Writing | Social Networks | Events Manager

7 ans

Merci pour les commentaires et pour la lecture attentive! A noter que ces larves ne sont pas destinées à être mangées par les humains. Elles sont transformées en protéines pour animaux. Les initiateurs du projet sont moins optimistes que vous quand à la production agricole (notamment sous l'angle des protéines).

Ernest Badertscher

retraité chez Nestlé R&D

7 ans

Beaucoup de plaisir pour les générations futures. Mais, les surfaces agricoles du monde sont suffisantes pour nourrir le populations, même dans plusieurs décennies. En Suisse uniquement, les surfaces bloquées en compensation écologiques, sont plus importantes que les surfaces pour le blé, dont on est autosuffisant. Compensation écologique, 130'000 ha. Surface de blé 90'000 ha ? Avant de consommer ces vers de farine ou autres, il y a mieux à faire avec nos aliments traditionnels.

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