Des mots qui nous engagent
Cyrille Breucq
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Le sens des mots
Nous avons un jeu familial pour le nouvel an, une tradition : prendre le temps de réfléchir à un vœu pour les autres plutôt que pour soi. Cette année, dans nos échanges sur le sujet avec les enfants, une idée en creux a émergé : le sens des mots et l’engagement qu’ils trimbalent avec eux ; évidemment pour eux c’est encore à éclaircir, à apprendre, à comprendre : le sens des mots. Mais ce qui me frappe en écoutant, en lisant, en échangeant, c’est que ce n’est probablement pas le domaine réservé des enfants, loin de là.
D’aucuns prononcent, écrivent des mots parfois avec inconséquence, légèreté ou encore de façon impropre, avec une surenchère d’adjectifs et de superlatifs pour se distinguer, crier plus fort que d'autres des idées parfois pauvres ou mal détourées. Mais je m’égare.
La maîtrise du langage est un apprentissage permanent qu’aucun diplôme ne pourrait sanctionner; il s’agit simplement d’avoir l’envie d’exprimer le plus précisément possible sa pensée et la curiosité de trouver le meilleur moyen d'y parvenir en découvrant le plaisir des mots et leur définition. La faiblesse du vocabulaire nous recluant dans un univers d’émotions et d’idées inexprimables, frustrant. Avoir la pensée libérée de la contrainte du choix lexical.
Un professeur des écoles m’a récemment rappelé que la maîtrise du langage taillait les possibilités de la pensée, évident non ? Et pourtant nous nous habitons à vivre dans un champ lexical de 10m2.
Le pouvoir des mots
Au-delà de l’intérêt d’exprimer au mieux ce que l’on a à dire, se faire comprendre, convaincre, nourrir un débat, introduire une nouvelle idée, les mots ont un pouvoir : celui de changer le cours des choses : demander, proposer, refuser, émouvoir, infléchir, convaincre, etc.
Sans doute est-ce idiot de ma part, mais j’ai l’impression que cela nous échappe…parfois, peut-être même souvent.
Des mots qui nous engagent
Les déclarations trop souvent d’intention des marques, des entreprises, les discours des politiques parfois, la vacuité des commentateurs de tout poil semblent oublier un point important : les mots nous engagent. Tout comme l’absence de mot ou le mauvais choix de mot.
Je vais donc formuler ce vœu pour 2021 : engageons-nous pour ce dont nous parlons, plutôt que d’en parler.
Je nous souhaite de construire une année 2021 à l'image de nos engagements pour qu'ils ne soient pas que des mots ;).