Des propositions radicales pour éviter que la réplique "Trump" ne se produise en France
Cette tribune a été publiée sur le site internet du Huffington Post France.
Symboles du choc provoqué par les résultats de l'élection américaine, nous avons reçu quelques messages de nos compatriotes immigrés aux États-Unis qui craignent pour leur statut, leur sécurité et leur vie d'immigrants.
Oui, nous en sommes là.
Les États-Unis et le Royaume-Uni se voient renvoyer comme un boomerang les politiques ultralibérales mises en place sous Thatcher et Reagan dans les années 80, politiques qui ont entraîné une hausse des écarts de richesse et l'explosion des inégalités. Depuis de nombreuses années nous mettons en avant la tromperie que constituent les indicateurs économiques du monde anglo-saxon. Ces indicateurs sont le résultat trompeur d'une quasi absence de politiques d'indemnisations chômage, de l'obligation faite aux travailleurs de cumuler plusieurs emplois sous-rémunérés et précaires, et surtout la quasi inexistence de politiques sociales.
À tel point que la précarité, les écarts de richesse et les inégalités sociales ont explosé dans ces pays comme jamais depuis l'avant-guerre. On peut profondément déplorer que les victimes de cet ultralibéralisme soient amenées à voter contre leurs propres intérêts (éventuellement baisse d'impôts massives pour les riches et les entreprises, fin de l'assurance santé publique "Obamacare"... ), en étant détournées par des leaders populistes aux discours démagogiques : où la question sociale et celle des inégalités ont été substituées par le sujet de l'identité et la désignation de boucs émissaires imaginaires, soi-disant responsables de maux sociaux et économiques, eux, bien réels.
Ces parallèles nous ramènent bien sûr à la situation française, où le modèle social est clairement mis en danger par des forces conservatrices aux projets ultralibéraux, ainsi que par une extrême droite identitaire et raciste se cachant habilement derrière un masque social et protecteur.
Face à cette situation, nous ne pouvons plus faire de la politique comme avant.
Nous devons, plus que jamais, reconnecter le citoyen à la décision publique et collective. La démocratie est une construction humaine fragile, et la considérer comme acquise est une faute majeure. Elle est une bataille et une conquête quotidienne, certainement pas un acquis qui serait de l'ordre du naturel et de l'inné.
Pour se faire, la vie démocratique ne doit plus se résumer au seul dépôt d'un bulletin de vote un jour de mai ou de novembre tous les 4 ou 5 ans, mais elle doit résulter d'une implication citoyenne quotidienne, d'une connexion et d'une participation accrue et permanente.
Retisser le lien social, rapprocher les lieux de décisions du citoyen et combattre la dépossession économique.
C'est pourquoi le citoyen doit reprendre toute sa place dans la délibération collective et la prise de décision publique. Nous devons combattre ce sentiment de dépossession engendré par les effets de l'ultralibéralisme non régulé, et prendre les décisions institutionnelles et politiques qui s'imposent. Aux premiers rangs de celles-ci, je place la démocratie participative, les auditions publiques citoyennes, ou encore la création de chambres consultatives citoyennes. Je pense également à la nécessaire mise en place de politiques publiques qui favorisent les initiatives entrepreneuriales locales et les innovations sociales, ou encore, dans les domaines de la production et de la distribution agroalimentaires, la préférence faite aux circuits courts. La puissance publique doit être le relais, l'accompagnatrice des différentes initiatives citoyennes qui construisent différentes manières de vivre et de consommer. En bref, redonner du sens à l'action politique et publique et la rapprocher des réalités quotidiennes et initiatives de nos concitoyens.
En 2017, nous devrons faire des propositions fortes, courageuses et radicales pour éviter que la réplique américaine ne se produise en France. L'ensemble des responsables publics doivent regarder en face la réalité de nos compatriotes les plus touchés par la crise, et le faire sans concession ni crainte de devoir assumer un bilan qui est le leur. Surtout, ne pas se contenter de combattre l'extrême droite par des positions stériles et défensives. Il nous faut combattre, proposer, innover et construire un nouveau modèle intégrateur et émancipateur. Les institutions françaises sclérosées de la Vème république doivent être métamorphosées et permettre le renouvellement continu des représentants politiques. Nous devons rendre la représentation nationale beaucoup plus représentative de la diversité de la société française en termes de classes sociales et de parcours. Il faut mettre fin au cumul des mandats dans le temps et à la professionnalisation nocive de la vie politique. La politique ne devrait jamais être un métier mais un engagement temporaire.
Pour se faire, les partis politiques doivent aussi profondément se réformer en se reconnectant aux citoyens et en étant beaucoup moins verticaux afin de permettre une réelle représentativité de la société française dans sa composition sous peine de disparition.
En tant que candidat aux élections législatives françaises, je participerai activement aux changements à apporter en continuant inlassablement à proposer, avec nos concitoyens progressistes d'Amérique du nord, des solutions concrètes pour changer et transformer la société française, afin de créer une société de confiance et du vivre ensemble renouvelé.
Nous nous battrons avec forces et convictions pour déconstruire les discours des populistes, en y opposant une politique innovante et offensive socialement fondée sur la solidarité et la lutte contre toutes les formes de précarités. Nous combattrons aussi toutes les formes d'exclusions, sans jamais transiger sur la question des libertés et de la défense des minorités.
Après le choc et la colère, relevons-nous et battons-nous dès aujourd'hui aux côtés de nos concitoyens pour résolument et inlassablement construire un monde meilleur.