Detox digitale : comment se déconnecter utile ?

Detox digitale : comment se déconnecter utile ?

Les fêtes arrivent. On se prépare déjà mentalement à une consommation intense de gras, de sucre, d’alcool. Et comme on devra être moins nombreux à table, ces repas sans fin risquent de se multiplier sur des jours et des jours. Notre foie le sait bien : il va devoir se tuer à la tâche, sans franchement d’espoir sur le fait qu’un jour, oui, ça ira mieux.

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Comme tous les ans, à un moment, on va se dire : « aujourd’hui, c’est eau plate et bouillon de légumes ». Juste le temps de donner à son corps l’occasion de reposer ses filtres en surchauffe. Un jour de DE-TOX. Qui nous autorise à sautiller de nouveau joyeusement vers de nouvelles agapes.

Et notre foie entre en dépression. Avec un peu de chance, il pourra un peu respirer pendant le Dry January, challenge proposant d’arrêter toute consommation d’alcool pendant 1 mois pour récupérer un peu plus d’énergie, un meilleur sommeil, voire perdre un peu de poids. Même sur une courte période, les bénéfices semblent évidents.

La détox. Un moyen de garder l’équilibre ou plutôt de déjouer la culpabilité ?

Refaire peau neuve et prendre un nouveau départ ? Ou tenter de repousser les inévitables conséquences de nos excès sur notre santé et notre bien-être ?

Quand on passe chaque jour de 5 à 10h sur des écrans sans sourciller, quand on sent la sueur couler le long de son dos quand son téléphone n’a plus que 1% de batterie, quand ne pas avoir son téléphone nous donne l’impression d’être nu, quand nos yeux brûlent et que notre cerveau semble devenir trop gros pour notre boite crânienne… À un moment, on a envie de dire stop. On a envie de jeter son téléphone loin (enfin, pas trop quand même…). On a envie de calme. D’arrêter d’être constamment sollicité. De pouvoir juste lever la tête et sentir l’air.

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Le corps envoie des signaux de détresse quand on lui impose un rythme qu’il ne peut décemment plus suivre. Trop de nourriture ou trop d’écrans, même combat.

I. Il est déjà important de pouvoir entendre son corps, de pouvoir percevoir ces signaux et de pouvoir les attribuer à un usage excessif du digital.

Or, si la sensibilisation sur les excès alimentaires est aujourd’hui largement diffusée par les pouvoir publics (à juste titre), l’excès d’écrans est encore cantonné à des articles de journaux et aux initiatives d’un certain nombre d’experts et de scientifiques tentant de tirer la sonnette d’alarme. Les usages numériques ne bénéficient pas d’un recul suffisant, les maux qui en découlent ne sont aujourd’hui pas assez étayés d’études. Et surtout, les écrans sont trop indispensables au fonctionnement de notre société pour être frontalement dénoncés. Encourager sans cesse de nouveaux usages numériques et en même temps inciter à moins utiliser les écrans ? Une douloureuse contradiction. Les différents responsables publics chargés du numérique doivent se sentir un peu gênés aux entournures.

Du coup, il est plus facile de laisser les utilisateurs tenter de trouver des solutions par eux-mêmes plutôt que d’aborder le problème clairement, quitte à devoir affronter des répercussions en matière de santé. D’autant plus qu’il est difficile d’identifier les maux créés par un usage excessif d’écrans, ils sont multiples, différents pour chacun et sans rapport apparent (maux de tête / douleurs articulaires / perte d’attention / mauvais sommeil / irritabilité / surcharge mentale…). 

Il est donc important de dire haut et fort, de répéter que oui, trop d’écrans peut faire mal. C’est ce qui permet de reconnaître les signaux que nous envoie notre corps et donc d’agir.

II. Une fois les signaux entendus, que faire ? Une pause bien-sûr.

Le corps est en surchauffe. Il faut pouvoir lui laisser le loisir de refroidir. Pas d’écrans. Ou moins. En tout cas, une limitation que l’on décide, dans laquelle on s’engage. Un petit contrat avec soi-même qui n’est pas facile à respecter tant ces petits bijoux lumineux sont addictifs…. Qui n’a pas déjà décidé d'abandonner téléphone, tablette, ordinateur pendant un temps donné, sans vraiment réussir à s’y astreindre ? (quelle inventivité alors pour trouver une raison impérieuse de les utiliser !). Plusieurs « journées sans écran » ont été créées dans le monde mais elles bénéficient d’un écho très limité. David. Goliath. Sauf que là, Goliath ne prend même pas la peine de jeter un coup d’œil à la petite chose qui s’agite à ses pieds.

Alors comment faire ?

Se faire aider en demandant à une tierce personne d’imposer la contrainte, de confisquer ses écrans (son conjoint, ses parents… ses enfants ??). Ou, plus efficace et aussi plus agréable, si on en a les moyens, aller dans un lieu qui limite la connexion (pas de wifi, pas de réseau, même au fond du jardin, même en tenant le téléphone à bout de bras en tournant pour chercher désespérément un satellite de passage…).

Être ainsi obligé d’occuper son temps autrement. Ou plutôt, redécouvrir qu’on a du temps. Pour discuter avec ses amis, se balader, faire un jeu de société, lire, ramasser des marrons… On en arrive à se dire combien c'est difficile aujourd'hui de faire des activités qu’on avait tout à fait l’habitude de faire avant sans rien demander à personne. C’est tout de même un peu rageant. Oui, mais force est de constater que les écrans ont pris tellement de pouvoir, qu’il faut une force de caractère immense pour pouvoir s’en libérer seul.

Si on veut aller encore plus loin, pourquoi ne pas coupler ça avec des activités qui feront du bien à son corps et à son esprit : sport, yoga, création, cure, massages, développement personnel… Soudainement l’absence d’écran permet de redécouvrir un truc extraordinaire qu’on avait un peu perdu de vue : soi. L’expérience est généralement assez révélatrice d’un manque profond, qu’on réussissait pourtant facilement à mettre sous le tapis de nos pixels.

Faire une pause se révèle être clairement bénéfique. Tout comme un Dry January, une detox digitale permet de retrouver de l’énergie, de mieux dormir, de laisser son cerveau se reposer ou de le nourrir autrement. Mais aussi de soulager ses yeux et surtout, de se redresser, de retrouver une ligne d’horizon.

III. Mais que se passe-t-il ensuite, une fois la pause terminée, quand il faut revenir derrière son ordinateur, quand le téléphone redevient un outil indispensable pour accompagner et enrichir la vie quotidienne ?

Le risque est de repartir de plus belle, d’augmenter encore plus nos usages numériques parce qu’on a la sensation que la detox digitale nous a fait gagner un « crédit », alors qu’on remettait juste les batteries internes à un niveau acceptable. Dans ce cas, comme pour les excès d’alcool ou de nourriture, les maux vont continuer à s’intensifier, l’accumulation va être de plus en plus difficile à enrayer. 

Alors une detox digitale, oui ! Mais soit on a la possibilité de répéter l’expérience régulièrement et de s’y tenir, soit elle doit permettre de laisser des traces pour la suite, de mettre un cadre, de donner des pistes pour mieux maîtriser sa consommation numérique sur le long terme. Une digital detox permet de ré-expérimenter une vie déconnectée mais elle doit aussi donner l’occasion d’interroger sa relation aux écrans : qu’est-ce qu’on trouve dans tous ces contenus ? Qu’est-ce qui est réellement indispensable ou au contraire parfaitement futile (mais terriblement chronophage) ? Quels sont les usages qui procurent un réel plaisir, et ceux qui génèrent de l’angoisse ? Un moment de réflexion afin de remettre les écrans à la place qu’on a envie de leur donner, afin de prévenir leurs impacts négatifs.

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