Deux ans plus tard.

Deux ans plus tard.

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Cette photo a été prise il y a deux ans jour pour jour. Nous étions le 1er juin 2018, le ciel était couvert et l’air encore frais. J’ai ce matin-là été décoré avec une immense fierté de la Médaille de la Défense Nationale pour service exceptionnel rendu à la nation au nom de la Ministre des Armées Mme. Florence Parly (le titre fait un peu pompeux je vous le concède).

Cela faisait presque une année que ma mission en tant qu’agent du Service Civique avait commencé, presque une année après avoir pris l’une des plus grandes claques de ma vie.

Tout commence en septembre 2017. Je n’avais même pas encore 18 ans et je venais d’arrêter de poursuivre le rêve de réussir une carrière sportive. Je n’étais qu’un adolescent qui se cherchait encore, se demandant ce qu’il allait choisir de faire de son avenir. Je ne réalisais pas encore que le fait de pouvoir avoir ce choix était une chance exceptionnelle.

Avant de poursuivre mes études supérieures, j’avais alors décidé de consacrer une année de ma vie à aider les autres. « Les autres » dans mon cas étaient des jeunes de 18 à 25 ans, tous en situation de difficulté scolaire et/ou professionnelle, des décrocheurs, des écorchés de la vie qui n’avaient pas eu ma chance : celle de venir d’un milieu privilégié et ayant des parents qui pouvaient me supporter dans l’ensemble de mes projets aussi fous soient-ils. Ils s’étaient engagés en tant que stagiaires au sein du 1er Régiment du Service Militaire Volontaire de Montigny-lès-Metz, inauguré le 15 octobre 2015 par M. le Président de la République François Hollande.

Ils y passaient 8 mois. 8 mois pour se reconstruire un avenir, 8 mois pour croire en leur capacité d’affronter la vie, après toutes les difficultés qu’ils avaient malheureusement été forcés de surmonter.

J’intervenais dans ce processus en tant qu’adjoint au Moniteur-Chef des Sports de ce régiment. Cette personne aura été pour moi, lors de cette année de Service Civique, une figure centrale, un mentor, un compagnon d’aventure et un partenaire. Il a su me faire confiance, me laisser apprendre mais également lui apporter mes propres connaissances avec humilité, malgré les dizaines d’années d’expérience qu’il avait derrière lui. Nous aurons alors passé des centaines d’heures à échanger, à planifier et à réfléchir à la meilleure façon d’aider ces jeunes qui ne demandaient qu’à progresser. Par le sport, ils découvraient le dépassement de soi, la discipline, la rigueur et l’effort. Ils découvraient aussi qu’ils étaient capables. Capables oui. Capables d’aller plus loin, capables d’agir et d’avancer. Ils se redécouvraient une confiance en eux qui n’avait pas d’égal et qui les métamorphosait au fil des mois.

La claque que je me suis prise et dont je parlais au début, c’était ces jeunes à peine plus âgés qui me l’avaient mise. Je venais de comprendre que le quotidien que je vivais était une chance, que tous les jeunes n’avaient malheureusement pas un accès facile à l’éducation et que de faire des études supérieures n’était réservé qu’à une minorité. Alors, j’ai changé de vision sur ces adolescents que l’on voit à la télévision, les « décrocheurs », les « sans-avenirs » comme on l’entend trop souvent. Non, aucun d’eux n’était un bon à rien et non, aucun d’eux n’était heureux ou satisfait d’être là.

Deux ans plus tard, me voilà terminant ma deuxième année passée à HEC Montréal. Deux années où le travail, la rigueur et la persévérance auront dirigés mes actions et mes décisions. Mais lors de ces deux années, je sais qu’il y avait, et qu’il y aura encore pour les années à venir, un peu d’eux. Un peu des centaines de jeunes que j’ai pu aider, que j’ai vu grandir et changer, que j’ai vu revenir quelques mois après leur insertion sur le marché du travail, le sourire aux lèvres, au volant de la voiture qu’ils avaient pu se payer grâce au travail qu’ils avaient décroché à la suite de leur passage. Il y a un peu d’eux car j’ai pu apprendre à leurs côtés la chance inouïe que j’avais de pouvoir faire de prestigieuses études sans me soucier de tout ce qu’il y a autour. Au fond, je travaille aussi dur et je me lance dans des projets car j’ai pu voir de mes propres yeux la définition du déterminisme social. Croyez-moi, lorsqu’on le découvre aussi violemment, on prend une sacrée leçon de vie.

Je fais dans ce post un appel à tous. À toutes les personnes qui comme moi ont ou ont eu cette chance, et je sais que vous êtes nombreux sur ce réseau social. Profitez de la chance que vous avez pour aller chercher encore plus loin, travaillez dur pour ce que vous voulez accomplir et ne lâchez rien. N’oubliez pas que VOUS avez la chance de pouvoir avoir les ambitions que vous avez, parce que ce n’est même pas une chose envisageable pour beaucoup. Des milliers de personnes rêveraient d’être à ma place, à notre place, à votre place.

N’hésitez pas à entreprendre, à créer, à innover. Parce que c’est notre chance et que nous nous devons de ne pas la laisser passer. N’hésitez pas à vous engager également à aider les personnes qui ne l’ont pas eu : il n’existe pas de plus belle satisfaction que de voir renaître l’espoir dans le regard de quelqu’un à qui vous avez tendu la main.

J’aimerai remercier aussi toutes les personnes qui ont su me faire confiance lors de cette mission, mais aussi lors des deux dernières années. Même si cette phrase sonne très cliché, créer et développer les projets qui animent ma vie aujourd’hui n’aurait jamais été possible sans vous et j’en suis extrêmement reconnaissant.

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