deuxième échange
Voici le deuxième ouvrage dont nous avons débattu . Nous consacrons généralement deux heures de discussion à chaque ouvrage après lecture et prise de notes personnelles . À raison d'un ouvrage par semaine.
Alexandre Lénot
Écorces vives
Éditions Actes Sud (actes noirs)
Un village du Cantal, enfoui dans une forêt dense, âpre, hostile, battue par les vents et la pluie.
Mais aussi comme perdu dans l’ordre séculaire de son histoire ; les natifs qui n’ont pas quitté ce village hors du temps n’y vivent que de rancoeurs accumulées, de préjugés, de rivalités anciennes. Ces taiseux sont rugueux, rustres, ce sont des êtres brisés nourris de haine jusqu’à la violence.
Les inconnus ne sont pas les bienvenus …Mais ils sont quatre à être arrivés là pour oublier les failles d’une ancienne vie. Un couple d’Américains éleveurs de chevaux ; Eli, qui a perdu la femme aimée et a incendié leur masure où ne grandiraient jamais d’enfants ; Louise qui panse ses plaies d’enfance. Entre natifs et étrangers, le capitaine Laurentin qui finit ici une carrière pourtant brillante de gendarme. Leurs destinées se croisent, se mêlent, se font et se défont, évoquées dans une intrigue déconstruite par des points de vue multiples.
Nous avons particulièrement retenu :
- le personnage à part entière qu’est la nature : parfois refuge, parfois hostile, amie, ennemie, comme le sont les femmes de ce roman, parfois tendres, parfois guerrières.
- Les personnages se dévoilent par petites touches, ici ou là, avec parcimonie, telle que leur part d’ombre, de failles, de plaies demeurent en demi-teintes.
- La prose est belle, fouillée, la syntaxe exigeante, élaborée, le texte abrupt.
- Le rythme lent au début du roman monte en puissance, l’oppression grandit, la tension s’exacerbe. Davantage qu’un roman à intrigue, nous lisons un roman d’atmosphère qui n’est pas sans rappeler la littérature américaine des grands espaces.
#prixlitterairedesetudiantsinternationaux
#bestjuryever