Dico 3000 : Intense

En 2018, Tristan Garcia, auteur chouchou du planning stratégique 3000 (très gros cœur avec les doigts sur La Meilleure Part des hommes et Faber), publiait La vie intense, un essai sur cette notion devenue centrale dans le vocabulaire de la gen Z, et donc par extension chez 3000. 

99% du contenu de cet essai mérite d’être partagé pour interroger la centralité de l’intensité dans la bouche des moins de 30. Comme le résume efficacement GPT, la thèse principale de Garcia dit que l’intensité est une mesure de la force avec laquelle une expérience ou une sensation est vécue, indépendamment de sa nature positive ou négative. Nous sommes donc dans le royaume du ressenti. 

Garcia argumente que la quête de l’intensité est omniprésente dans la société moderne, où les individus cherchent constamment à vivre des expériences fortes et marquantes. Cette quête est souvent liée à une recherche de sens et de plénitude, où l’intensité devient une sorte de norme pour évaluer la valeur des expériences de vie. De manière assez logique, il finit par mettre en garde contre les dangers de cette recherche incessante, soulignant que la surenchère d’intensité peut mener à une saturation émotionnelle.

Étrangement, quelques années après la publication de ce texte, le covid ayant peut être aidé, la situation a glissé. Sémantiquement, l’intensité est mobilisée dans les conversations du quotidien pour signaler - à défaut de sanctionner - un propos jugé trop catégorique. “Comment s’est passée la réunion ? Han c’était intense, on a débattu 1 heure, personne n’était d’accord”. Dans ce genre de situations “entendues au bureau” on se sent loin d’une quête, plus près d’un rejet.

Finalement, la magie du verbe, c’est parfois la magie de la polysémie. Puisque Garcia nous explique que l’intensité est une mesure de force ni positive ni négative, alors il apparaît logique que cet adjectif puisse être employé dans des contextes positifs et négatifs en même temps.

Le chat de Schroedinger serait content.