Dire ses émotions et ses sentiments !
Chères lectrices, chers lecteurs,
Je vous l’avais promis ! Nous allons voir comment et pourquoi dire ses émotions et ses sentiments. Ce droit est important pour nous comme pour les autres et il entre dans la pratique de l’assertivité.
Pourtant combien de fois nous a-t-on dit de garder nos émotions pour nous car on allait s’en servir contre nous…Combien de fois nous a-t-on promis les pires ennuis si nous dévoilions nos sentiments à autrui.
Vous êtes seul à savoir ce que vous ressentez
Une chose reste sûre, personne ne peut entrer dans notre tête ou notre cœur. Nous sommes les seuls à pouvoir ressentir et traduire en mots ce que nous ressentons.
Les émotions que nous vivons et les sentiments qui nous habitent ne peuvent pas être découverts sauf si nous les exprimons.
Oubliez la croyance qui veut que l’autre sache sans que vous lui disiez.
Et ne laissez personne vous dire ce que vous ressentez ! Comment ce pourrait-il ?
A ceux qui seraient tentés de penser à notre place, n’hésitons pas à leur rappeler : vous n’êtes pas dans ma tête ni dans nom cœur, abandonnez l’idée de savoir ce que je ressens ! Maintenant si vous le souhaitez, je peux vous le dire.
Si l’on ne me le dit pas : je ne sais pas
Le fameux : « Mais tu sais bien que je t’aime… » dans un couple est un vrai problème. Non, l’autre ne sait pas si nous ne lui dites pas. C’est aussi simple que cela.
Nos sentiments, nos émotions sont à partager pour être connus.
Ainsi la démarche idéale à suivre est :
1. Ouvrir son esprit aux émotions et aux sentiments, les accepter tels qu’ils sont ;
2. Identifiez et reconnaître nos ressentis ;
3. Acceptez de les verbaliser ;
4. Enfin les dire du mieux possible en fonction du contexte et de votre objectif.
Accepter ses émotions et ses sentiments
La question : « Mais qu’est-ce que je ressens ? » est le début de toute démarche pour s’exprimer. S’ouvrir à soi-même est simple pour beaucoup mais pas tous.
Nous avons travaillé récemment sur les 5 sens. Utilisons cette approche pour aller plus loin : voyons, entendons, touchons, sentons et goûtons les émotions et sentiments que nous vivons.
Il existe des injonctions reçues lors de notre éducation ou dans notre milieu familial qui peuvent être des freins. Ces petites voix qui nous disent : « Ne t’écoutes pas » ; « Ne fais pas l’enfant » ; « N’attire pas l’attention sur toi » ; « Gardes tes émotions pour toi, il n’y a que toi que cela regarde » ; « Ce que tu penses (ressent) n’intéresse personne » ; …
Autant d’interdictions à ressentir qu’il nous faut combattre. Courage ! Ce ne sont que de vieilles guenilles à abandonner. Nous reviendrons sur ce sujet.
En attendant laissons venir à notre conscience ses émotions qui nous appartiennent.
Identifier et reconnaître nos ressentis
Prenons un exemple : Quelqu’un vous fait une réflexion désagréable en public. Ça vous met en rogne ! Oui, mais pourquoi ?
Les raisons émotionnelles peuvent être :
- Vous trouvez cette réflexion injuste car le reproche qui vous est fait est injustifié ;
- Vous vous sentez attaqué personnellement en lieu et place de la critique (justifié ou non) de votre travail ;
- Vous êtes mortifié car cette réflexion a été faite en public ;
- Vous êtes vexé d’avoir été désavoué alors que vous pensez avoir suivi les consignes à la lettre ;
- Vous vous sentez mal aimé ;
- La colère monte en vous avec violence tant l’attaque vous semble ;
Et les possibilités évoquées ici ne sont pas exhaustives.
Une réflexion ressentie comme anodine un jour sera insupportable un autre. Pourquoi ?
Est-ce la fatigue, le stress ? Est-ce dû à la personne qui vous a fait la réflexion, l’intonation avec laquelle elle a été faite, les non-dits et sous-entendus qu’elle contenait, …
Vous sentez-vous en difficulté, en danger, rejeté, non reconnu, tombé dans un piège ou victime d’un jeu ou d’une manipulation ?
Mais qu’est-ce que je ressens, voilà la question de départ !
Les premiers temps, cette introspection peut vous paraître un peu longue. Cela n’a pas d’importance, prenez le temps de ressentir et d’identifier toutes ses émotions qui s’empilent, s’additionnent et nous parcourent l’esprit. Avec la pratique, vous irez plus vite.
Verbaliser intérieurement avant de dire
Pour pouvoir exprimer nos émotions, le meilleur moyen est de commencer par nous les dire intérieurement.
Verbalisons dans notre tête pour les clarifier et aussi pour choisir les émotions principales.
Parmi celles-ci nous trouverons toujours une émotion, un sentiment qui l’emporte sur les autres.
C’est celui-là que nous devons peut-être exprimer en priorité. C’est aussi celui-là qui nous fait réagir et non pas agir en conscience.
Et maintenant je dis
Vous êtes « peiné », « en colère », « heureux », « fou de joie », « admiratif », « vexé », « triste », « motivé », etc.
La palette des sentiments et émotions qui peuvent nous passer par la tête est grande !
Nous avons vu ensemble qu’en cas de manque de respect nous pouvions utiliser la méthode ternaire. Celle-ci peut aussi être utilisée pour exprimer nos sentiments.
Je vous la rappelle :
1. Rappeler ce qui a été dit ou fait de façon très factuelle : Voilà ce que vous avez dit ou fait …
2. Présentez vos ressenti simplement : Voilà ce que je ressens…
3. Demandez à votre interlocuteur de ne plus recommencer le plus clairement possible.
Là c’est dans le cas où vous voulez que cesse une agression ou un comportement qui ne vous convient pas.
Mais s’il s’agit seulement de dire vos émotions… pourquoi ne pas les dire simplement.
Nous sommes une énigme pour les autres.
Soyons clair, ne les laissons pas mourir idiots, éclairons-les sur notre état émotionnel.
Pourquoi il n’y a pas de danger
Les manipulateurs aiment utiliser contre nous ce qui leurs apparaît comme nos faiblesses.
Nos émotions n’en sont pas. Elles nous appartiennent, traduisent notre ressenti et une fois partagées, elles ne peuvent pas servir de levier à des jeux puisque il suffit de dire : ce sont mes émotions, maintenant vous savez et ne pouvez pas en jouer contre moi.
Les manipulateurs qui veulent vous faire douter sur vos réactions ont l’herbe coupée sous les pieds. Les agressifs qui veulent vous culpabiliser échouent car vous êtes conscient de vos ressentis et des raisons de ceux-ci.
Ceux qui veulent vous faire douter de vous reçoivent une image assumée par vous et vous voient résister à leur tentative.
Et après…
Nous sommes au clair avec nous-même et ainsi maître de nos réactions. Sans subir les pressions nous pouvons choisir notre objectif en fonction du contexte et des personnes avec qui nous interagissons.
Reprenons notre exemple de la réflexion en public, nous devons nous poser trois questions :
- Qu’est-ce que je veux ?
- Quel est mon objectif final ?
- Qu’est-ce que je risque ?
Nous verrons donc cela dans un prochain article, en attendant entraînons-nous à analyser nos émotions et nos sentiments.
Allongé sur un transat, à l’ombre d’un grand arbre avec un bon livre ou menant une agréable conversation avec votre voisin(e) par exemple :
- Que ressentez-vous :
o La chaleur du soleil
o Un léger vent qui vous rafraîchi
o Le plaisir de la découverte de l’intrigue et des caractères des personnages
- Quelles émotions vous traversent :
o La jouissance liée à un moment de détente ou de partage
o La joie d’avoir laissé au loin vos tracas et soucis
o Le calme lié à l’environnement
o Le plaisir de la conversation partagée
o Un sentiment de bien-être
o La préoccupation du retour
o …
A vous de jouer et de partir à la découverte de vos émotions et sentiments puis de les partager.
Peut-être quelque chose comme : « Comme nous sommes bien sous notre arbre ! » ou « Ce livre me prend vraiment aux tripes… qui est donc le tueur ? »
Joyeux été, chères lectrices et chers lecteurs !
Dominique Charmes