Dons alimentaires, lutte contre le gaspillage alimentaire et justice sociale
SOLIDARITÉ
À Péronne, le surplus des repas hospitaliers servi aux Restos du cœur
Pour éviter le gaspillage alimentaire, l'unité centrale de production du centre hospitalier de Péronne offre les surplus alimentaires aux bénéficiaires de l’association fondée par Coluche.
À savoir
Une feuille de route 2018-2022 sur la politique de l’alimentation stipule que « le gaspillage alimentaire doit être réduit par un diagnostic obligatoire et le don alimentaire. » Avec, comme objectif, de « lutter contre la précarité alimentaire et limiter les conséquences environnementales du gaspillage. » L'unité centrale de production de l’hôpital de Péronne et l’antenne locale des Restos du cœur ont signé un partenariat pour reverser le surplus alimentaire. 750 repas complets sont préparés quotidiennement, en moyenne, par l'unité centrale de production du CH de Péronne et 80 barquettes non consommées par jour. Le rituel est désormais installé et, depuis le mois de novembre 2017, les bénévoles des Restos du cœur de Péronne, dans leur tournée de ramassage de nourriture, font escale à la cuisine du centre hospitalier. « Aujourd’hui, il y a des barquettes de rôti de porc, de la purée, des crudités, du fromage et même des tartelettes aux fruits », signale Patrick Josien, le chef de cuisine, tout en aidant au remplissage des grandes glacières, qui vont aller dans le fourgon des bénévoles. De son côté Marcel Portail, responsable de l’antenne locale des Restos du cœur, se félicite : « Ce que nous donne l’hôpital n’est pas ce que nous avons le plus en quantité, mais tout est prêt, déjà cuisiné, et c’est merveilleux. Les bénéficiaires sont ravis et tout part dans l’après-midi, lors de la distribution. »
Cet échange a eu lieu vendredi 8 février dans matinée, lors d’une des deux collectes hebdomadaires. « En mettant en place le système, nous nous sommes adaptés aux contraintes des Restos, qui font «leurs courses» le mercredi et le vendredi. Mais cela nous convient bien », ajoute le chef de cuisine.
« Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une réponse à la réglementation nationale contre le gaspillage alimentaire »
Patrick Josien
Arrivé depuis un peu plus d’un an à la tête du service restauration de l’hôpital, Patrick Josien a voulu reconduire une action, qu’il avait déjà mise en place dans son précédent poste.« Cela faisait partie de mes projets, car je travaillais déjà avec les Restos du cœur en Eure-et-Loir, détaille-t-il. J’ai contacté l’antenne locale de Péronne, car elle pouvait recevoir dans de bonnes conditions sanitaires la nourriture que nous pouvons leur proposer. Nous sommes tenus de respecter la traçabilité des aliments, mais aussi le respect de la chaîne du froid. »
« Nous avons un réfrigérateur dédié dans notre local et, pour le ramassage, nous nous sommes équipés de deux grandes glacières, avec des pains de glace, pour une bonne conservation pendant le transport. L’une est destinée aux protides et le reste va dans l’autre », précise Marcel Portail. Pour entériner ce partenariat vertueux, une convention vient d’être signée entre les deux parties.
Membre du réseau Restau’Co, qui regroupe les professionnels de la cuisine des collectivités publiques, Patrick Josien affirme que : « Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une réponse à la réglementation nationale contre le gaspillage alimentaire. » Il détaille : « En juin 2013, il y a eu le pacte national contre le gaspillage alimentaire, qui a été traduit dans une loi, en février 2016, pour fixer un certain nombre d’obligations. Plus récemment, les États généraux de l’alimentation ont introduit des mesures encore plus drastiques. » Et d’affirmer : « Pour autant, si dans le secteur privé, il y a des déductions fiscales, qui peuvent inciter les grandes surfaces ou l’industrie agroalimentaire à s’inscrire dans un processus de dons, ce n’est pas le cas dans le public. »
Plus de bio et lutte contre le gaspillage alimentaire
La feuille de route (2018-2022), sur la politique de l’alimentation, après les États généraux, fixe plusieurs contraintes. Ainsi, dans le projet de loi, l’article 11 indique que : « La restauration collective publique devra s’approvisionner avec au moins 50 % de produits issus de l’agriculture biologique, locaux ou sous signes de qualité, à compter du premier janvier 2022. » L’objectif étant de « faire de l’alimentation collective un levier d’amélioration de la qualité de l’alimentation. » Par ailleurs (articles 12 et 15) « le gaspillage alimentaire doit être réduit par un diagnostic obligatoire et le don alimentaire. » Avec, comme objectif, de « lutter contre la précarité alimentaire et limiter les conséquences environnementales du gaspillage. »