Dossier - Le mécénat collectif en région Hauts-de-France

Pourquoi se lancer dans une démarche de mécénat collectif ? Focus sur le territoire des Hauts-de-France avec une étude réalisée en partenariat avec Mécénat & Co. Après un premier article sur la problématique du diagnostic territorial et du choix de structure, zoom sur le choix des projets, la communication et la fidélisation des membres.

Pour faire face aux enjeux, de plus en plus de mécènes s'inscrivent dans des démarches collectives. Si ces dernières ne sont pas toutes nouvelles, elles n'en sont pas moins de plus en plus nombreuses à émerger pour permettre aux acteurs de toutes tailles de démultiplier leur impact sur leur territoire. De l'idée à la structuration de ces collectifs généreux, voici quelques exemples avec ces dynamiques collectives dans la région des Hauts de France.

Article 2

…au choix des projets, la communication et la fidélisation des membres

Dans le premier article de ce dossier, nous vous présentions différentes initiatives collectives au service du mécénat régional. Mutualisation des dons sous un fonds de dotation, cercle d’entreprises mécènes, fondation abritée ou encore appel à projets conjoint, une fois la démarche collective structurée, reste à sourcer les projets, communiquer sur la démarche et fidéliser ses membres.

Sourcing et choix des projets : jouer l’effet réseau

Ces projets de mécénat collectifs sont avant tout menés pour répondre à des problématiques spécifiques au territoire. Il s’agit dès lors de choisir les projets à soutenir : faut-il apporter un soutien à des thématiques sous-financées ? Faut-il préférer financer un changement d’échelle sur un projet porteur ? Et une fois la stratégie définie, comment faire remonter les projets au niveau local ? Les instruire? Les évaluer dans la durée? Autant de problématiques auxquelles chacun apporte des réponses différentes.

“Avec le temps, nous nous sommes bien implantés sur notre territoire et sommes reconnus comme un financeur de projets dans notre domaine, indique Florence Quint de la Fondation des Lumières. Notre travail avec les collectivités territoriales permet également de faire remonter des projets d’intérêt”. Du côté du Fonds de Dotation M “on souhaite créer un lien durable entre les associations et les mécènes pour aller au-delà des dotations versées. Etoffer les réseaux de chacun en mêlant un peu plus le monde associatif à celui des entreprises fait également partie de nos volontés”, nous dit Tom Patar, Président. “L’ancrage local a le précieux avantage de permettre aussi de tisser des partenariats de proximité avec les structures d’accompagnement ou têtes de réseaux associatives pour identifier des projets particulièrement intéressant à soutenir” souligne Laure Decouvelaere, Déléguée de la Fondation de France Région Nord.

Face à l’urgence, l’efficacité des collectifs

Un autre exemple de la volonté de répondre collectivement à un besoin identifié est celui de l’initiative Call & Care. Face au COVID et aux problèmes de décrochage scolaire suscités par les différents confinements, 8 fondations (Fondation du Nord, Fondation de l’Université de Lille, Fondation de la Catho de Lille, Fondation des Possibles, Fondation territoriale des Lumières, Fondation AJIR, Fonds de dotation Entreprises et Cité, Fondation de France Région Nord) et 4 collectifs d’entreprises des Hauts-de-France (Medef Lille Métropole, Réseau Alliance, CCI Grand Lille, Entreprises et Cité) se sont regroupées dans Call & Care. L’objectif : mutualiser les moyens, faire remonter les besoins et répondre rapidement aux besoins des étudiants, notamment en matériel numérique. Là aussi, le sourcing s'est opéré au niveau de la mise en commun des réseaux des membres du collectif, couplé à un appel à projets. Après un premier temps de réponse immédiate face à l’urgence, ce “collectif de collectif”, sans véhicule juridique dédié, se structure aujourd’hui pour poursuivre et amplifier son action sur toute la région. “Le fait de ne pas avoir de structure dédiée permet une souplesse importante : chacun apporte librement sa pierre à l'édifice en fonction de ses enjeux propres… c’est un format très fécond.” précise Céline Houttemane, chargée de la coordination du collectif.

La communication : une affaire de proximité

Si les acteurs qui se rassemblent autour d’un projet de mécénat territorial le font avant tout pour répondre à un enjeu local, la communication n’en est pas moins un passage obligé. Recruter de nouveaux donateurs, faire connaître son action, susciter des demandes, mettre en avant celles et ceux “qui agissent”... autant de bonnes raisons de communiquer sur son action. Pour Laure Decouvelaere, “ces collectifs communiquent avant tout sur leur action en mettant en avant les projets soutenus. En allant sur le terrain ou en rassemblant les porteurs de projets, ils peuvent donner à voir l’impact de leur financement et susciter de nouvelles envies d’agir”. L’implication des collaborateurs dans le processus d’instruction des dossiers et dans du bénévolat de compétences permet également une communication “à hauteur d’homme” particulièrement efficace.

Pour les associations aussi cette communication a ses bienfaits. “Les associations soutenues par un collectif de mécènes peuvent tisser des relations privilégiées avec certaines entreprises membres et créer d’autres liens” constate Laure Decouvelaere. Dans le cas des Hauts-de-France, de nombreux collectifs de mécènes se créent autour de bailleurs sociaux. Leur connaissance du territoire (besoin des publics…) et de ses acteurs (collectivités territoriales, entreprises…) en font des acteurs “pivots” particulièrement efficaces.

Fidélisation des membres

Pour pérenniser leurs actions, ces groupements collectifs doivent pouvoir fidéliser la participation des entreprises mécènes. Pas toujours évident, surtout dans un contexte d’incertitudes économiques. Mais là aussi, la dimension collective joue à plein “En créant un noyau de mécènes fidèles, les collectifs agissent comme des catalyseurs. Ils permettent à d’autres entreprises, quelque soit leur taille, de se greffer à l’aventure collective en y contribuant à hauteur de leurs moyens et capacité d’action'' poursuit Laure Decouvelaere. “Pour Call & Care, nous organisons en cette fin d’année plusieurs sessions de pitchs dans la région pour faire se rencontrer porteurs de projets et entreprises souhaitant s’engager” renchérit Céline Houttemane. Une manière de fidéliser les membres qui voient l’impact des projets et l’énergie des porteurs de projet “en direct”. Des événements qui peuvent aussi permettre de recruter de nouveaux membres pour Call & Care !

L’incubateur Admical

Pour accompagner les entrepreneurs qui souhaitent s’engager dans leur territoire, Admical a conçu, avec l’appui et l’expérience philanthropique de la Fondation de France, un parcours d’accompagnement spécifique. D’une durée de 6 à 8 mois, le parcours permet de définir pas à pas, de manière collégiale, les éléments fondateurs du futur collectif (vision, mission, fonctionnement, gouvernance, modèle économique, animation, etc.) en partant d’un diagnostic de territoire préalable.

Pour en savoir plus sur l’incubateur de mécénat collectif, contactez Marion Baudin, responsable de l'incubateur : mbaudin@admical.org

Article co-signé par 

Julie Mayer , Consultante et Formatrice, Co-gérante Mécénat&Co

William Renaut , Consultant et Formateur, Co-gérant Mécénat&Co

Mécénat & Co accompagne et forme les acteurs du bien commun à la définition et à la mise en œuvre de leur modèle économique et de leur communication. Recherche de partenaires, sollicitation de fondations, construction d'un modèle économique pérenne, formation ou communication… Mécénat & Co vous accompagne à chaque étape de votre projet. Avec les associations, les collectivités ou les entreprises nous construisons des solutions en région au service de votre impact.