Du G20 à un G-2, sans la Chine ni les Etats-Unis ?
Rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping, en marge du sommet du G20, à Osaka, en juin 2019. Photo : SUSAN WALSH/AP

Du G20 à un G-2, sans la Chine ni les Etats-Unis ?

Chronique publiée par L'Opinion le 13 mai 2020

Le kangourou étant le spécialiste du rebond, nul ne s’étonnera de voir surgir d’Australie, à travers son ancien Premier ministre Kevin Rudd, l’une des suggestions les plus originales pour rebâtir une gouvernance mondiale post-Covid.

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Kevin Rudd - Speech at the Lee Kuan Yew School of Public Policy, National University of Singapore - June 26, 2018,




Le constat est limpide, le G20, devenu G2, tourne aujourd’hui au G-zéro : notre monde est a-polaire, puisque tant le « soft power » américain que le « sharp power » chinois se trouvent rejetés par le reste de la planète. Chaque citoyen du monde est tout autant choqué par le rejet de la vérité par le régime dictatorial chinois — symbolisé par la mort du Docteur Li à Wuhan — que par le rejet, dans la gestion de l’épidémie par l’administration de Trump, du savoir scientifique, fondement historique du rayonnement américain.

Ce G-zéro contraste de manière criante avec la réponse à la crise de 2008 qui avait conduit à la naissance du G20 sous l’impulsion du président Sarkozy. Bien loin d’un plan de relance planétaire coordonné, on assiste en 2020 au triomphe des intérêts purement nationaux, à l’image du stimulus chinois, orienté seulement vers la demande intérieure, et du « bazooka » de la FED américaine, concentré uniquement sur le maintien de la bulle du S&P, quand bien même au prix de trente millions de chômeurs.

Le futur pour l’Occident viendra moins du rêve politique de relocalisations industrielles qui resteront lettres mortes, que de l’étude des diverses réussites du modèle sud-asiatique

La résurgence à venir de la guerre sino-américaine durant la campagne présidentielle, à grand renfort de slogans du type : « La Chine paiera ! », menace de nous offrir des relents du Traité de Versailles, dont les conséquences sont déjà faciles à identifier. L’économie chinoise, encore dépendante à hauteur de 20% de ses exportations, ne saurait se passer du commerce international ; tandis que la technologie américaine serait la première victime d’un embargo américain, tel que l’a remarquablement illustré le récent rapport du BCG : «How restrictions to trade with China could end US leadership in Semiconductors».

Roue de l’histoire. Fort de ce constat, Kevin Rudd propose de replacer les intérêts planétaires au-dessus des intérêts nationaux à travers un schéma original : la constitution d’un « G-2 » qui exclurait à la fois la Chine et les États-Unis de la gouvernance d’institutions multilatérales. Il propose de regrouper tous les pays reconnaissant, sur le plan de la gouvernance, la nécessité de combiner la main invisible du marché et la main visible du gouvernement ; sur le plan économique, la volonté de maintenir le libre-échange du commerce international ; et dans la sphère sociale, la poursuite de solutions multilatérales aux problèmes de nature planétaire, comme le Covid-19 et le changement climatique.

Dans le schéma d'un G-2, l’Occident devra se défaire de son arrogance et s’habituer à s’inspirer des pays d'Asie du Sud-Est, sortis grands gagnants relatifs de la crise sanitaire

Pour réussir, le schéma proposé devra prendre en considération le rééquilibrage du monde vers l’Asie du Sud-Est ; l’Occident devant se défaire de son arrogance et s’habituer à s’inspirer de pays aux modèles aussi différents que la Corée du Sud, Taïwan, Singapour, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, ou le Vietnam. Sortis grands gagnants relatifs de la crise sanitaire, ils vont être les premiers à bénéficier de la reprise du commerce intrarégional en Asie, débouchant sur un découplage asiatique non seulement par rapport à l’Europe mais également à l’égard des États-Unis, contrairement à la crise de 2008.

Le futur pour l’Occident viendra donc moins du rêve politique de relocalisations industrielles qui resteront lettres mortes, que de l’étude des diverses réussites du modèle sud-asiatique, qui accélèrent aujourd’hui la roue de l’histoire. Ce sera le seul moyen de transformer la soustraction du « G-2 » en une réelle addition.

James Gibson

CEO at Catalyst Enterprises Inc., Inventor, Economy builder, Smart city developer and Problem solver.

4 ans

Yep, anyone who can so horribly run a massive economy into the ground and only retain power through brutish gulags clearly is the wave of the future. I'm sure you'll be first in line for your new biosensor so that you'll be compliant with Beijing's laws against depression itself.

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