Echec

Echec

Durant cette première décennie, je me suis porté sur l’aspect visuel, esthétique et une recherche basée sur mon introspection émotionnelle et sensorielle. La sculpture et la peinture était le but à atteindre. La commande du Théâtre du Capitole (Toulouse) pour l'opéra « Elektra » m’a permis de clôturer cette période.

Avoir subi le premier confinement au printemps 2020 lors de ma résidence d’artiste en Scandinavie (Norvège, île Lofoten), ainsi que cette impression d’être sur la Lune pendant que le monde courait derrière des produits de premières nécessités, m’ont profondément marqué. Cette remise en question personnelle, liée à la société, à une constatation du dérèglement sociétal et climatique,se traduit par le besoin de prendre part.

L’impact de ces deux dernières années, des restrictions imposées par les « Princes » (cf Machiavel), m’ont fait prendre conscience du retentissement de la société sur ma création.

"Echec" démarre sur ce texte, écrit à la suite de ma dernière résidence artistique en Scandinavie (jan-mars 2020) :

Tellement ancien que l’on ne connait pas ses racines. Tout le monde y joue. Du plus riche au plus pauvre
Roi des jeux. Échec au roi. Nous sommes deux sur le plateau. Noir et blanc. Rouge et vert. Trente deux pièces. Deux fois seize. Le monde entier représenté sur le tablier. Qui est quoi.
Jeu de guerre et des seigneurs. Il a fait des traités de stratégies. Signé des notes papales.
Toutes les cultures l’ont sculpté. Toutes l’ont redessiné. Changé. Adapté.

Qui est le roi? Et cette reine, dame au pouvoir fabuleux. Un exemple de féminisme avant l’heure, d’accorder
toute la puissance à cette pièce. Et pourtant on ne perd que sur l’échec du roi. Quel en est le symbole?
Et qu’en est-il quand il ne reste presque plus rien sur le plateau? Quel est l’urgence?

Gagner ? Vivre ? Survivre?

Se battre et tenter de faire nul. Quelle chance nous reste-t-il?

Et puis d’autres questions. Encore et toujours. Pourquoi le pion vaut moins? Alors qu’il est le seul ouvrant
différemment s’il le souhaite. Ne sommes nous pas tous égaux dans une démocratie. Mais ici, ce jeu est une
monarchie. Je ne vois pas de différence cependant dans nos régimes. L’état major républicain ne fait que ce
qu’il veut, du moment qu’il a la majorité. Guerre de pouvoir, guerre de droit. Coups bas.
Ce ne sont que des stratégies de lutte.
Nous sommes tous pris dans ce tourbillon incessant. Dépendant, interdépendant. Tous, tout le temps. À
chaque instant, nous cherchons à obtenir plus.

Jeu.

Echec.

La réussite de l’un devient le raté de l’autre. La liberté des uns s’arrête.

Il a fait la conquête, ce jeu. Combien d’histoires, de mythes, de légendes tournent autour de lui. Beaucoup. Finalement toutes. Il y a toujours un jeu d’échec quelque part. Un plateau où le monde n’est que noir et blanc. Ou il n’y a qu’opposition. Pas d’égalité. Ou de liberté.

Chaque pièce, finalement, est prisonnière de son rôle.

Sauf le Pion. Qui part la symbolique de son avancé sur le plateau, en atteignant le camp adverse devient qui
il veut. Tous sauf le roi. Elévation sociale.

Sacre du minable. Pas après pas.

A son tour de massacrer qui il veut, s’il le veut. Et finalement, son rôle n’est que de bloquer le roi.
Adverse, bien sûr.
Simulacre de notre temps.
La parole est d’or. N’est dirigeant que celui qui sait parler. Celui qui sait impressionner l’autre. Rarement celui
qui partage. Remarque, si, il partage. Avec ceux qui aide à monter.
Rien n’est gratuit.

Jeu d’échec. Stratégie de développement, d’engagement. Et de sacrifice. Que suis-je prêt à perdre pour gagner double.

Jeu.
Echec. Echec.
Mat.

Au jeu d’échec, je préfère le jeu de Dame. Au moins toutes les pièces sont égales.
Mat-riarcat.        
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Le Prince aka Roi Blanc, pin des landes et feuille d'or, 143x37x32 cm, 2022

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