Ecosystème du financement des startups en Algérie (2/2)
Impasse & Solutions
Partie 2 — Solutions “Instruments compensatoires publics de financement directs et indirects, immédiatement actionnables”
Dans une première analyse de l’écosystème du financement des startups en Algérie (partie 1 de cet article), il apparait clairement que celles-ci se retrouvent dans une impasse, et ce dés leur amorçage, ne le permettant pas de poursuivre leur développement et aller à la rencontre de leurs marchés.
Ceci après avoir identifié, les disfonctionnements et/ou l’absence de maillons essentiels lors des deux premières étapes du cycle de vie des startups :
1 - Phases de la R&D/Naissance (Seed stage) : Prêts d’honneur/subventions publics et privés
2 - Phases de la Survie/Premiers succès (Early stage) : Accélérateurs/Business Angels/Fonds de capital-risque
Ces sujets doivent être pris en considération pour espérer voir émerger un tissu important de startups algériennes pouvant dynamiser l’économie.
Cependant, des solutions existent et peuvent être activées immédiatement par les startups en place et les acteurs de l’écosystème, le temps que les problématiques identifiées précédemment soient solutionnées.
Le financement de l’innovation est un facteur de réussite déterminant pour tout écosystème souhaitant tirer profit pleinement de ses principaux protagonistes (les startups).
Dans l’état actuel de l’écosystème algérien, beaucoup des ses startups disparaitront, sans vraiment avoir eu l’opportunité de démontrer leurs talents et de rencontrer/se confronter à leurs marchés. Très peu d’entre elles arrivent à passer la période de la vallée de la mort, période troubles débutant à l’entame du travail sur le projet et l’injection des premiers financements, jusqu’à l’atteinte de l’équilibre financier résultant des rentrées d’argents provenant de la commercialisation du produit « Illustration : Cycle de vie & financement des startups africaines — VC4A ».
Alors que d’autres s’exileront « non pas par choix » vers des écosystèmes plus favorables à leur épanouissement. Au-delà de cette sous-catégorie de fuite des cerveaux « celle des entrepreneurs », l’économie nationale se verrait amputer de l’innovation qui caractérise ces acteurs, du dynamisme et de la disruption des marchés « au bénéfice des consommateurs », de la création d’emplois et de richesses qui accompagnent la réussite des startups, des recettes fiscales, voire de l’attractivité d’un pays.
Il faudra certainement du temps et de l’absolue concertation des différentes parties prenantes « startups, accompagnateurs, financeurs, fédérateurs, gouvernements… » pour qu’un Startup Act puisse voir le jour en Algérie, et qui devra travailler et au-delà du financement, sur de nombreux sujets impactant les startups, alors que certains concernent toutes les entreprises économiques et de toutes tailles, au-delà même des startups:
- La formation de manière générale et la réforme de l’apprentissage,
- L’inculcation de l’esprit d’entreprise dans un pays encore marqué par le salariat,
- De la formation des entrepreneurs,
- Des aspects juridiques adaptés aux startups (introduction d’une nouvelle forme juridique ou d’une SPA assouplie, délais et procédures d’établissement de l’entreprise, prise en compte des titres « options, bons… » convertibles en actions…),
- De la facilitation des transactions avec l’étranger et de la convertibilité de la monnaie,
- De la réforme du secteur financier,
- De l’intégration économique régionale « notamment maghrébine et africaine de l’Ouest »,
- De la levée des obstacles faisant face aux mobilités
- De la capitalisation du savoir faire et de l’expérience de la diaspora,
- De l’accès et de la qualité des infrastructures télécoms,
- Du développement du paiement électronique,
- De la réforme des programmes entrepreneuriaux en place « ANSEJ-CNAC » et ceux du recrutement « ANEM », qui comme pour les premiers cités, peuvent être d’une grande aide aux startups « notamment au démarrage pour le recrutement de premiers jeunes collaborateurs via les dispositifs de pré-emploi DAIP et CTA, mais qui dans la réalité, souffre d’entraves.
- … .
Cependant, les startups actuellement en place, ne disposent pas de ce temps et ne pourront attendre que toutes ces réformes soient mises en place, la visibilité qu’a une startup ne peut dépasser 4 à 6 mois. Pour la simple raison qu’est leur trésorerie, qui ne leur permet pas de se projeter sur une plus large période « opérationnellement parlant ».
Ce challenge qu’est le financement hâtif des startups algériennes doit avoir des solutions facilement et immédiatement activables et actuellement disponibles.
Les besoins des startups peuvent être regroupés et catégorisés pour y répondre de façon mutualisée. Ceux-ci « besoins » sont souvent de cet ordre :
- Besoins en matériels
- Besoins en logiciels et services cloud
- Besoins en recrutement
- Dépenses en hébergement « bureaux, domiciliation, assurances… »
- Dépenses en propriété intellectuelle
- Besoins en accompagnements « juridique, fiscal, comptable, RH… »
- Besoins en communication et marketing
- …
A ce titre, des pistes sérieuses sont à explorer et peuvent répondre, directement ou indirectement, aux besoins des startups, qui sont communément assez proches (ci-avant).
Il s’agit de trois instruments publics existants pouvant directement impacter les startups et plus globalement l’écosystème entrepreneurial algérien :
- Le compte d’affectation spéciale n° 302-061 (soit Dépenses en capital) et les fonds publics d’investissement (soit le Fonds publics d’investissement et les Fonds d’investissement de wilayas)
- Le compte d’affectation spéciale n° 302-128 (soit le FAUDTIC : Fonds d’appropriation des usages et du développement des technologies de l’information et de la communication)
- Le compte d’affectation spéciale n° 302-124 (soit le Fonds national d’appui au développement des PME, d’appui à l’investissement et de la promotion de la compétitivité industrielle)
L’exploitation de ces fonds peut être individuellement ou collectivement activée :
1 - Les startups peuvent accéder au financement directement, en ouvrant leur capital aux fonds publics précédemment cités et qui serait le meilleur moyen pour elles d’apporter des réponses directes à leurs besoins spécifiques. Ces fonds disposent de toutes les prérogatives légales pour investir dans l’amorçage des startups, comme expliqué dans la partie 1 de cet article.
2 - Cependant, elles peuvent le faire également indirectement, en se tournant notamment vers les dispositifs publics actuellement en place (comptes d’affectation spéciales n° 302-128 & 302-124), ceci par le biais des fédérateurs et accompagnateurs publics et privés, qui sont les incubateurs, les agences de la promotion et du développement de la recherche, de l’innovation et de l’entrepreneuriat, les fédérations et autres groupements d’intérêt commun.
Ces derniers « incubateurs, accélérateurs, hubs, groupements… » peuvent conjointement se constituer en tiers de confiance vis-à-vis des principaux interlocuteurs gouvernementaux concernés « gestionnaires de ces fonds », d’un côté, et qui sont :
- Le ministère de la poste et des télécommunications MPTTN
- Le ministère chargé de la PME (Ministère de l’industrie et des Mines)
- L’ADPIPME Agence de Développement des PME et de la Promotion de l’Innovation
- Le ministère des finances
- Les banques publiques (actionnaires et gestionnaires de plusieurs fonds d’investissement)
- Le ministère de l'enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
- Le ministère du commerce
Et de l’autre, vis-à-vis des startups, dans la promotion de ces types de financement direct & indirect, dans la sélection et l’accompagnement de celles-ci vers le financement de leurs besoins par ce biais.
Le point fort de ces pistes et solutions, est qu’elles ne requièrent aucune nouvelle législation (souvent très longues à adopter). Tous les textes de loi et autres ordonnances, arrêtés… ont été légiférés, adoptés et publiés dans le Journal officiel.
Cependant, elles nécessitent la cohésion et le regroupement de toutes les parties prenantes pour espérer un impact vaste sur potentiellement toutes les startups du pays.
Un exemple récent et celui de la participation de plusieurs startups algériennes au salon VivaTech à Paris, qui sera financée partiellement « à hauteur de 80% » et pour la première fois par le gouvernement et ce par le biais d’un autre fonds « Fonds Spécial de Promotion des Exportations FSPE »
Ceci grâce d’une part à la mobilisation de plusieurs acteurs fédérateurs et notamment le cluster algérien du digital (ADC), l’association des diplômés algériens de France REAGE… qui ont su créer le lien entre les startups et les représentants gouvernementaux et notamment le ministère du commerce pour ce cas.
Cet exemple doit se répéter via les autres fonds et s’industrialiser pour que l’impact soit significatif.
Comme pour cet exemple, qui permet de répondre de façon mutualisée à un besoin commun des startups, l’exploitation des fonds cités plus haut, serait une formidable opportunité pour les startups de pouvoir poursuivre leur chemin vers la rencontre de leurs marchés, mais également pour ces acteurs fédérateurs et accompagnateurs, dont l’avenir est directement relié à celui des startups et dont le succès et la pérennité ne peuvent être dissociés de la réussite de celles-ci.
Aux différents acteurs de l’écosystème de se regrouper et de tirer profit collectivement de cette opportunité certainement bénéfique à tous dans l’immédiat.
Avant de travailler et sur le long terme sur les différents sujets de fonds permettant de libérer définitivement les entrepreneurs et startups des entraves qui ralentissent leur émergence.
Article originellement publié en deux parties sur Medium (Partie 1 - Partie 2)
Hakim HATTOU - Entrepreneur.
Directrice des Ressources Humaines Groupe - Coach professionnelle certifiée
5 ansArticle complet..merci