Edition Spéciale : #Enjeux miniers en France en 2024
Eric Reinbold
Référent Numérique Responsable (NR) et Accessibilité (A11Y) - Co-Pilote Direction RSE/RNE - Audit de maturité NR - Audit Référentiel BootCamp Eco-Conception - Acculturation NR
Un dossier de Clotilde MAURY auquel je souhaite donner de la visibilité. Quand on parle mine, on voit le Congo, le Pérou, le Maroc, la Chine .... et on oublie de regarder autour de nous en France.
Le dossier :
Extrait :
Puisque la France est le pays des Droits de l’Homme, nous pourrions ouvrir des mines en France de manière plus encadrée, voire des mines « vertueuses » ou « responsables ». Le Conseil national de la transition écologique le dit « l’exploitation de ces ressources en France et en Europe répond à un enjeu d’intérêt général, lorsqu’elle participe à l’indépendance stratégique et qu’elle contribue à des approvisionnements durables, résilients et responsables du point de vue de la production comme de la consommation ».
Cet article souhaite questionner les projets d’ouverture de mines dans le monde et en France dans le contexte actuel de crise écologique, en interrogeant notamment le concept de mine « responsable ». Il a pour ambition de donner quelques clés de compréhension des enjeux miniers, afin que les citoyens puissent participer à des prises de décisions majeures en connaissance de cause.
L’Aude, faisant partie des départements les plus pauvres de France, a paradoxalement été un territoire recélant une grande richesse : sa géologie. Grandement exploitée depuis l’Antiquité pour ses différents minéraux, tout d’abord le fer, puis l’arsenic, l’argent et l’or, (le cuivre, l’antimoine, le bismuth, et le plomb sont aussi présents en quantités plus faibles).
L’or et l’arsenic étant ici associés géologiquement, on estime que pour 6 grammes d’or extrait était obtenu 200 kilogrammes d’arsenic. Salsigne deviendra dès lors le plus grand producteur d'arsenic au monde, au minimum 10 % de la production mondiale (ce qui représente 500 000 tonnes) et sera au cœur de la guerre de Vietnam par son exploitation industrielle de l’arsenic, devenant le principal fournisseur des États-Unis pour l’utilisation de l’agent bleu (composé de cacodulate de sodium et d’acide cacodylique, deux dérivés de l’arsenic, l’agent bleu est un puissant herbicide utilisé comme défoliant par l’armée américaine)[2].
En réalité, nous appelons Salsigne : deux mines souterraine et à ciel ouverte, la fonderie, les fours, les usines d’extraction et de traitement, les zones de dépôts et de stockages, réparties sur 6 secteurs autour de la commune.
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Après 2004, l’ancien exploitant de la mine n’a pas eu l’obligation de dépolluer le site, l’État français s’est donc chargé de l’enfouissement des mines, des usines et des déchets. Sur l’ensemble du bassin versant de l’Orbiel, cela représente près de 3 millions de tonnes de déchets toxiques et 800 000 tonnes d’arsenic[7]. Les bâches déposées sur une épaisse couche d’argile, censées être plus hermétiques que du béton, devaient tenir plus de 150 ans, 20 ans après, elles fuient déjà. Dans notre imaginaire collectif, arsenic rime avec poison, et à raison puisque la forme inorganique de l’arsenic, c’est-à-dire sous sa forme pure (ou lié à l’oxygène, le chlore ou le soufre) est extrêmement toxique[8]. L’arsenic est donc bien plus dangereux une fois extrait des roches. C’est cet arsenic qui a commencé à s’infiltrer et à être lessivé par les pluies. Il est même visible à l'œil nu à de nombreux endroits dans la vallée de l’Orbiel, notamment à Nartau, où la coulée blanche du poison peut se confondre avec un névé de neige. On évalue ainsi entre 3 et 8 tonnes par an d’arsenic emportées par les vents, la pluie, et s’écoulant dans la rivière de l’Orbiel, colorant les pierres d’oranges et de rouges. On estime qu’ont été envoyées dans l’atmosphère au moins 116 000 tonnes de poussière de trioxyde d’arsenic (As2O3) ou anhydride arsenieux.
L’impact sur la population
En octobre 2020, les associations Le Secours Catholique et Terre d’Orbiel ont lancé une campagne d’analyses des toxiques, sur un panel d’une centaine personnes, les analyses ont montré que 100 % des personnes analysées ont un ou plusieurs éléments toxiques dans leur organisme (39 % arsenic, 84 % mercure, 48 % plomb, 39 % argent).
Le dossier
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Chargée de projets RSE et NR - Membre du collège solidaire de Good IT ! - Engagée pour développer un numérique soutenable, éthique et choisi
6 moisMerci beaucoup Éric pour ton partage. Effectivement, nous pensons souvent au Congo lorsque l'on évoque les impacts miniers, et à raison. Mais lorsque la France évoque les projets de réouverture de mine en vantant les techniques de mines responsables, elle oublie les projets en Guyane et les anciennes mines qui n'ont toujours pas été dépolluées, comme Salsigne, et tous les scandales sanitaires et écologiques qui en découlent.