Efficacité motivation créativité. La force du choix de nos pensées
10 notions de neuroscience à connaitre pour son bien. Notion n°8 reconnaissance du positif
Les recherches récentes nous apprennent que le temps passé à prendre conscience des évènements positifs ou négatifs est directement responsable de nos humeurs et de notre motivation à agir.
Émotions X temps = quantité de bien-être= efficacité-motivation
Par une porte médiévale on franchit un rempart crénelé. Le voyageur découvre des ruelles pavées puis une placette hors du temps. L’ombre des platanes et les façades de pierre sèche entretiennent une atmosphère désuète et rassurante. Les terrasses de café, égayées de tonnelles, invitent à la détente ; la bière blonde scintille dans le soleil et appelle au repos. Les tables, nappées de toile cirée à carreaux rouges et blancs, nous transportent dans une autre époque et la clientèle animée rend hommage à cette ambiance détendue.
Voici un tableau idyllique que l’on pourrait retrouver dans plusieurs régions de France ou d’Europe. Mais la vision du voyageur n’est pas du tout partagée par son ami : « Se garer dans ce village touristique était un vrai calvaire. Cela nous a pris du temps, nous nous retrouvons loin, obligés de marcher dans des rues sans intérêt. Nous voilà en retard sur notre programme et la dernière terrasse agréable semble complète, il va falloir se contenter de l’autre bistrot peu engageant ! Les commerçants vont encore profiter de la notoriété du coin pour nous assommer avec des tarifs prohibitifs. Ces nuages n’annoncent rien de bon, j’ai laissé mon parapluie dans la voiture. Ce camion et cette moto ne devraient pas être autorisés à rouler dans le centre ! Dépêches toi, il reste une place… trop tard, tu es trop lent, ce groupe antipathique vient de nous prendre la dernière table ».
Un peu caricatural peut être ? Mais combien de fois avons-nous été confrontés à une situation dont nous ne savons pas mesurer l’agrément ? La scène que nous venons d’évoquer était assez futile, légère, mais notre incapacité à repérer les bienfaits peut se révéler plus nocive dans des circonstances plus sérieuses. Cette inaptitude a peut-être plus d’incidence sur votre vie que vous ne l’imaginez. L’ensemble des contrariétés, objectives ou construites par nos ressentis, nous font perdre de vue l’essentiel : tout ce qui va bien. C’est quand tout va mal qu’il importe de s’occuper de ce qui va bien !
« Lorsqu'une porte vers le bonheur se ferme, une autre s'ouvre. Mais souvent, nous restons tellement longtemps à regarder la porte fermée que nous ne voyons pas celle qui a été ouverte pour nous ». C’est ce que nous dit Helen Keller qui possédait une certaine expertise en matière d’adversité, puisqu’elle était aveugle sourde et muette de naissance et avait appris à communiquer par braille...
L’apport des données récentes de la recherche
Savoir gérer ses débordements et se concentrer sur l’objectif, c’est bien, mais il existe une autre voie pour améliorer son quotidien : cultiver ses émotions positives, renforcer ses capacités à affronter l’adversité, améliorer sa satisfaction de vie dans l’immédiat et sur le long terme. Une grande partie de notre bien-être dépend de nous, de notre capacité à résister aux pensées sombres et à apprécier ce qui va bien.
Il existe maintenant des centaines d’études montrant qu’orienter son attention sur les éléments positifs de la vie augmente nos capacités à affronter l’adversité[i], améliore notre créativité et ouverture d’esprit[ii], approfondit nos liens sociaux, notre motivation, lutte contre le stress et les tendances à la dépression ou à l’anxiété[iii].
Voir le bon côté des choses apporte donc un réel mieux être, bien loin de la caricature de comportement naïf et superficiel que l’on décrit parfois. Au final, savoir repérer ce qui va bien, améliore tout simplement notre vie.
À l’inverse il existe une méthode assez efficace pour se gâcher la vie : repérer toutes nos insuffisances professionnelles, les occasions ratées, les échecs, sans oublier les manques en besoin d’affection, de santé, de reconnaissance sociale et se focaliser sur ces carences, en oubliant ce qui va bien. Si par hasard un succès vient perturber cette belle noirceur, ne pas se décourager : il suffit de craindre de perdre ce que l’on vient de gagner. Il existe toujours une bonne raison de redouter de perdre un avantage professionnel, l’affection d’un conjoint, un patrimoine financier ou un moment de bonne santé. Le problème n’est pas la peur naturelle des événements, mais la souffrance que nous bâtissons consciencieusement autour de ces réalités. L’inquiétude occupe tout l’espace de notre esprit et nous ferme aux autres, elle nous masque les belles opportunités.
La conscience des bienfaits et la gratitude ne sont pas les seuls facteurs bénéfiques repérés par les travaux de psychologie positive, mais ce sont les éléments sur lesquels il est le plus facile d’agir, sans déployer d’efforts démesurés.
Pour agir sur nous même, il n’est pas nécessaire d’être talentueux ni particulièrement intelligent, il faut juste un peu d’ouverture d’esprit pour changer son point de vue. Dans ce but, il importe de prendre conscience de notre tendance à privilégier les événements négatifs, pour ensuite développer volontairement l’attitude inverse.
En pratique :
· Prendre conscience : se rendre plus sensible aux autres, apprendre à repérer le travail accompli, les gestes attentionnés, les actes de partage, les conduites altruistes ou bienveillantes. Utiliser les pauses, les déplacements, les moments de détente pour apprécier tout ce qui vous plait. Appréciez ce que vous voulez, mais conservez ce temps précieux, le plus longtemps et le plus souvent possible.
· Approfondir : analyser, détailler, qui est à l’origine de l’événement positif ? Savoir apprécier les évènements positifs à leur juste valeur.
· Mémoriser l’événement pour prolonger ses effets bénéfiques. Mémoriser ses succès précédents servira plus tard, face aux difficultés.
· Partager : faire remarquer, exprimer, partager les événements positifs avec son entourage améliore les relations.
· Remercier : s’entrainer à remercier plus souvent, à mentionner les actions positives. On l’oublie souvent, c’est un moyen tout simple d’instaurer une relation ouverte et motivante. Mentionnez les détails et les émotions qui personnalisent votre expérience et renforcent le lien avec votre interlocuteur
· A posteriori, le soir, l’exercice des 3 bienfaits par jour : chaque jour pendant une ou deux semaines, prendre dix minutes (par exemple au coucher) pour noter dans un carnet, trois moments de la journée qui se sont bien passés et vous ont apporté satisfaction. Ces événements sont trois bonnes raisons d'éprouver de la gratitude. Noter une explication détaillée des causes, apporter un maximum de détails, ce qui a été dit ou fait, inclure les émotions ressenties sur le moment ou à distance, établir les causes et l’évolution de l’épisode.
Il est important de noter par écrit, ne pas se contenter d’y penser, cela permet un approfondissement de la réflexion et une meilleure mémorisation. Plus l’épisode est détaillé, plus les effets seront profonds. Cet exercice a montré une efficacité remarquable, se prolongeant plus de six mois après le test[iv]. Connaissez-vous d’autres démarches qui ne prennent que quelques minutes par jour pendant deux semaines et restent efficaces plusieurs mois ?
Comme tout apprentissage, celui-ci nécessite un minimum de persévérance : les débuts sont décevants, on oublie vite les bonnes résolutions, mais insensiblement, les résultats s’améliorent avec la pratique. Plus on se concentre sur ce qui se passe bien, plus on trouve de situations dignes de gratitude.
Ces lignes sont adaptées de l’ouvrage : « Ces émotions qui nous dirigent ». Pour en savoir plus : https://goo.gl/nGlyfp
« Les gens les plus heureux n’ont pas nécessairement le meilleur de tout ; ils ne font que ressortir le meilleur de tout ce que la vie met sur leur route ».
[i] Janoff-Bulman, R., & Berger, A. R. (2000). The other side of trauma:Towards a psychology of appreciation. In J. H. Harvey & E. D. Miller(Eds.),Loss and trauma: General and close relationship perspectives (pp. 29–44). Philadelphia: Brunner-Routledge.
[ii] Fredrickson, B. L., & Branigan, C. (2005). Positive emotions broaden the scope of attention and thought–action repertoires. Cognition and Emotion, 19, 313–332.
[iii] Emmons,R.A., Mc Cullough,M.E., (2003) Counting blessing versus burdens : an experimental investigation of gratitude and subjective well-being in daily life. Journal of personality and social Psychology, 84
[iv] Seligman, M.E.P., Steen, T.A., Park, N., Peterson, C. (2005) Positive psychology progress. American Psychologist, 60.(5) 410-21
sculpteure
4 ansMerci