Empathique ou confrontant ?
Un coach a 3 mains ? ;-)

Empathique ou confrontant ?



Dans ma pratique de coach j'ai souvent hésité entre ces deux poles.

Très voir trop empathique à mes débuts j'étais en même temps admiratif des coachs qui n'y allait pas par quatre chemins !

Dans ma façon de pratiquer le coaching je me sentais parfois tirailler entre une bienveillance naturelle et cette envie d'aller parfois vers quelque chose de plus … comment dire … corrosif peut être !

Bien sûr l'un n'empêche pas l'autre et la question est justement de savoir doser à bon escient son questionnement.

Mais l'idée c'est aussi et avant tout de se demander qu'est ce qui sera le plus utile au client à l'instant T.

Être dans une posture de coach tout à la fois éthique, déontologique et alignée avec qui je suis.

Je crois que je me suis laissé enfermer dans cette dualité pendant un moment. J'ai cherché alors une troisième voie dans laquelle je pourrai me sentir à l'aise.

Quelque chose qui puisse être activée de temps en temps si ça pouvait être pertinent au cours d'une séance.

En fait il me suffisait de trouver le bon mot. De bien nommer les choses aide souvent. Et ce mot " confrontant " n'était pas vraiment le bon.


Au final plutôt que d'aller vers du questionnement confrontant il serait plus judicieux, pour moi en tout cas, d'aller vers un questionnement que je qualifierai de provocant. Provocant dans le sens étymologique du terme. A savoir avec l'intention de provoquer quelque chose … Même si ce quelque chose ne donne finalement pas grand chose. C'est un petit risque à prendre aussi parfois !


Mais provoquer en coaching ce serait quoi concrètement ?


La provocation est un comportement qui consiste à inciter une réaction chez l’autre, souvent de manière humoristique, exagérée ou paradoxale.

Elle peut être utilisée en coaching pour aider les clients à surmonter leurs problèmes, à prendre conscience de leurs ressources ou encore à changer de perspective.

Et bien d'autres choses !

Qu’est-ce que la provocation en coaching ?

La provocation en coaching pourrait reposer sur le principe que le client possède en lui les solutions à ses difficultés, mais qu’il peut avoir besoin d’être stimulé, déstabilisé et challengé pour les trouver.

Le coach utilise alors la provocation pour créer un choc émotionnel, cognitif ou comportemental chez le client, qui va le pousser à réagir, à se remettre en question et à sortir de sa zone de confort.

La provocation peut prendre différentes formes, telles que :


  • L’humour : le coach utilise l’ironie, le sarcasme, l’absurde ou le ridicule pour faire rire le client, le détendre et le mettre en confiance, mais aussi pour lui faire prendre du recul sur sa situation et ses croyances limitantes.
  • L’exagération : le coach amplifie ou déforme les propos ou les comportements du client, pour lui montrer les conséquences négatives de ses choix, le confronter à ses contradictions ou lui faire réaliser l’absurdité de ses raisonnements.
  • Le paradoxe : le coach adopte une position opposée ou inattendue par rapport au client, pour le surprendre, le provoquer ou le défier, mais aussi pour lui ouvrir de nouvelles perspectives, stimuler sa créativité ou l’inciter à changer.
  • Le non-verbal : le coach utilise son regard, ses gestes, ses mimiques ou son ton de voix pour exprimer son désaccord, son scepticisme, son impatience ou son ennui face au client, pour le bousculer, le frustrer ou l’agacer, mais aussi pour l’inviter à se positionner, à s’affirmer ou à se dépasser.


La provocation en coaching n’est pas une technique agressive ou irrespectueuse, mais au contraire une méthode bienveillante et empathique, qui vise à aider le client à se libérer de ses blocages, à développer son potentiel et à atteindre ses objectifs.


Quels sont les avantages et les limites de la provocation en coaching ?

La provocation en coaching présente de nombreux avantages, tels que :

  • Elle permet de créer une relation authentique et dynamique entre le coach et le client, basée sur la confiance, la complicité et le plaisir. Il n'est pas interdit de rire pendant une séance de coaching !
  • Elle favorise l’implication et la motivation du client, qui se sent stimulé, valorisé et reconnu dans sa singularité.
  • Elle facilite le changement et l’évolution du client, qui se sent poussé à sortir de sa routine, à explorer de nouvelles possibilités et à expérimenter de nouvelles solutions.
  • Elle peut accélèrer le processus de coaching en réduisant les résistances, les rationalisations ou les justifications du client, et en le conduisant rapidement à l’essentiel.


La provocation présente aussi quelques limites, telles que :

  • Elle nécessite une certaine maîtrise de la part du coach, qui doit savoir doser, adapter et varier ses interventions provocatrices, en fonction du profil, du contexte et de la réaction du client.
  • Elle requiert une grande réactivité de la part du coach qui doit être capable de gérer les émotions, les tensions ou les conflits qui peuvent surgir lors des interventions provocatrices, et de rétablir le rapport si nécessaire.
  • Elle implique une grande responsabilité de la part du coach qui doit respecter l’éthique, les valeurs et les besoins du client, et ne pas utiliser la provocation pour imposer sa vision, son opinion ou son intérêt.


Est-ce à dire que je maitrise toujours parfaitement l'art de la provocation utile ?

Sûrement pas. Mais j'y travaille :-)


Voici quelques références bibliographiques pour approfondir le sujet de la provocation dans l'accompagnement :

  • Farrelly, F., & Brandsma, J. (1974). Provocative therapy. Meta Publications.
  • Marcheix, F. (2017). Le coaching provocateur. InterEditions.
  • De Shazer, S., & Berg, I. K. (1998). De la résolution de problèmes au miracle de la solution. Satas.
  • Haley, J., & Madanes, C. (1987). Stratégies en thérapie familiale. ESF.


ANNE-LAURE OPRANDI

Sophrologue RNCP & Coach professionnelle RNCP (spécialisation ados/jeunes adultes & parents)

8 mois

Merci à Anthony Gasquet ♾️, ses posts sont toujours pertinents, enrichissants et questionnants ! 👍 Tout à fait d'accord pour l'utilisation appropriée et respectueuse de la provocation dans le coaching. Parfois indispensable pour faire sortir son client de sa zone de confort 😉

Nelly STEFANOVIC

Design de produit et d'expérience client

8 mois

Être empathique c'est aussi être parfois impertinent, pour le bien de la personne ou du groupe. Il y a ceux qui le comprennent et malheureusement certains que ça dérange. C'est une question de culture et d'authenticité.

Bénédicte Resse

Senior Business Manager, Coach Professionnelle certifiée RNCP

9 mois

Approche créative, subtile et efficace quand utilisée avec bienveillance et intelligence en cohérence avec le coaché ! 👍🏼

Marie-Gabrielle Perrotin 🍓

Épauler les nouveaux managers et les leaders de proximité à incarner une posture authentique et inspirante - Coach professionnelle certifiée RNCP - Coaching de managers & Coaching d'équipe

9 mois

Merci pour ce partage très éclairant Anthony Gasquet ♾️. J'essaie dans mes coachings d'utiliser certains questionnements piquants pour provoquer une réaction, une prise de conscience, mais ça n'est pas toujours évident à utiliser. Je le fais quand je me sens à l'aise pour le faire et j'aimerais y arriver plus souvent car l'impact est souvent très fort

Simon ☄ BOUTILLIER

Consultant & Formateur en management ♦ Coach managérial RNCP Niv VI

9 mois

Je dirai que le coaching n'est que provocation. • Provoquer une prise de conscience • Provoquer une prise de recul • Provoquer un changement de perception (Apter) • Provoquer la remise en cause de croyances pour • Provoquer la mise en place d'un plan d'action • Provoquer la mise en action Tout notre questionnement et nos méthodes sont faites pour provoquer. L'ironie n'est qu'un outil parmi d'autre.

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