En entreprise comme en philosophie, il faut franchir les frontières!

« Amener au jour une authentique philosophie négro-africaine établirait à coup sûr que nos ancêtres ont philosophé, sans pour autant nous dispenser, nous, de philosopher à notre tour. Déterrer une philosophie, ce n'est pas encore philosopher.

L'Occident peut se vanter d'une brillante tradition philosophique. Mais l'occidental qui a reconnu l'existence de cette tradition et qui en a même saisi le contenu, n'a pas encore commencé à philosopher.

La philosophie ne commence qu'avec la décision de soumettre l'héritage philosophique et culturel à une critique sans complaisance. Pour le philosophe aucune donnée, aucune idée si vénérable soit-elle, n'est recevable avant d'être passée au crible de la pensée critique.

En fait la philosophie est essentiellement sacrilège en ceci qu'elle se veut l'instance normative suprême ayant seule droit de fixer ce qui doit ou non être tenu pour sacré, et de ce fait abolit le sacré pour autant qu'il veut s'imposer à l'homme du dehors. C'est pourquoi tous les grands philosophes commencent par invalider ce qui était considéré jusqu'à eux comme absolu.

On prétendra peut-être que cela ne vaut que pour la philosophie européenne et non pour la philosophie négro-africaine. Mais si on pousse à ce point le culte de la différence, on ne voit plus la raison de faire passer nos modes de pensées pour de la philosophie. »

Marcien TOWA, Essai sur la problématique philosophique dans l'Afrique actuelle, pp.29-30

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