Encourager l'entrepreneuriat... sans réserve?
J’ai récemment lu une publication qui reprenait le fameux quasi-leitmotiv « si tu ne l’essaies pas, tu ne le sauras pas », mais à saveur entrepreneuriale. Rien de particulièrement choquant, mais comme je me fais souvent l’avocat du yâbe, je me permets de rectifier le tir à certains endroits.
Et, ce faisant, j’abonde dans le même sens que Dominic Gagnon dans son récent billet de blogue « La fin du vedettariat entrepreneurial SVP! ».
Si on met dans le même panier les réussites d’entreprises rayonnantes et les tentatives répétées d’entrepreneurs et d’entrepreneures en devenir, c’est un peu comme reprendre le discours de l’American Dream où, si on met les efforts nécessaires, tout peut arriver.
Certes, mais il faut d’abord mettre certains aspects dans la balance.
Il faut inévitablement encourager l’entrepreneuriat, ça va de soi. C’est une grande source d’innovation et de saine concurrence. Il ne faut toutefois pas se leurrer : les échecs en affaires peuvent être coûteux, même si la plupart démarrent leur entreprise en sachant pertinemment que dégager un bénéfice peut prendre des mois, voire des années. Quand l’acharnement laisse place à une détérioration des liens familiaux, des aptitudes sociales et de la santé psychologique en général, on doit prendre du recul.
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Essayer de matérialiser tous les projets qui viennent à l’esprit permet bien sûr de faire des erreurs et d’apprendre de ces mêmes erreurs. Mais il existe de bien nombreuses avenues pour prédire la viabilité et la pertinence des projets d’affaires, par exemple en s’entourant de professionnels·elles, d’expert·e·s techniques, de mentor·e·s, ou en effectuant des analyses de marché sommaires et en sondant la clientèle potentielle. Tout ça peut être fait à faible coût avant de mettre les gaz, all out.
Et comme l’indique Dominic Gagnon dans sa publication :
« L’entrepreneur n’est pas le héros de l’histoire, mais chaque récit de héros présente une distribution de personnages secondaires – dans ce cas, des collègues, des pairs, des conseillers de confiance, des investisseurs et d’autres – qui peuvent les aider à se préparer et à surmonter les inévitables obstacles, goulots d’étranglement et défis personnels qu’ils rencontreront au cours de leur voyage. »
Les sources de financement et d’investissement à l’innovation sont bel et bien nombreuses, mais ça ne veut pas dire que tout le monde peut y avoir recours de manière répétée et se munir de la capacité financière pour les rembourser… à temps.
Bref, sans brandir le drapeau de la peur, je peux dire avec certitude qu’une approche réfléchie aura le dessus sur une démarche tout-de-suite-et-ici.