Enfin un peu de concurrence pour Adobe ?
Les trois principales applications de création d'Adobe, les plus connues probablement (et bien au-delà des professionnels de la création graphique) que sont Photoshop pour la retouche photo, Illustrator pour le dessin vectoriel et InDesign pour la PAO sont le standard de facto dans les arts graphiques et surtout dans le print. A la fin des années quatre-vingt-dix, l'éditeur américain avait eu la clairvoyance de développer sa propre application de PAO et de l'intégrer dans une suite (la Creative Suite), emboitant le pas à Microsoft qui connaissait un succès grandissant dans la bureautique avec la suite Office. Le principal concurrent d'Adobe à l'époque, qui avait en France un quasi-monopole de fait était Quark avec Xpress. Mais Quark était une société mono-produit et pour toutes les personnes qui travaillaient à la fin des années quatre-vingt-dix dans les arts graphiques, il n'était pas compliqué d'entrevoir ce qui allait arriver. Quark n'avait que Xpress pour se défendre et Adobe venait de commercialiser un concurrent, InDesign, qui permettrait d'avoir toutes les applications (retouche photo, dessin et composition) dans une même suite, provenant du même éditeur, avec les mêmes outils, interfaces et fonctionnement. Ajouter à cela le fait qu'Adobe possède, toujours à ce jour, le seul éditeur de PDF professionnel avec Acrobat et la messe était dite. En France, Quark a perdu progressivement des parts de marché pour finalement n'être quasiment plus utilisé. En tant que professionnel de l'informatique qui travaille dans le print depuis vingt ans et qui, encore aujourd'hui, réalise des opérations prépresse au quotidien je constate que 99% des fichiers sources clients que nous avons à modifier sont des documents InDesign. Puis au début de la décennie actuelle, Adobe a pris de court beaucoup d'utilisateurs en forçant à passer d'un modèle de licences perpétuelles au modèle d'abonnement qui s'est répandu comme une trainée de poudre à toute la planète IT depuis. A la différence d'autres éditeurs, Adobe ne donna pas le choix aux clients entre licence perpétuelle et droit d'usage via un abonnement. Tous ses produits ne sont plus disponibles que dans ce second mode, à l'exception d'Acrobat, forçant tous ceux qui veulent les utiliser à payer l'abonnement ad vitam aeternam. Si cela fait sens pour certains professionnels ou entreprises, le taux d'utilisation de certaines applications pour d'autres, rend le coût important sur le long terme, par rapport aux licences perpétuelles classiques. Quelle entreprise n'a pas différé des mises à jour ou sauter une au deux générations d'applications pour alléger des budgets ou simplement pour rendre compte du fait qu'un logiciel est utilisé de façon plus sporadique ? Hors de question avec les systèmes par abonnement, et pas seulement pour la Creative Cloud d'Adobe bien sûr. Si cela ne remet pas en cause la grande qualité des logiciels Adobe, la question se pose pour un dirigeant : mon entreprise doit-elle rester à jamais bloquée dans ce mode de gestion financière ? Je fais partie de ceux qui ont rêvé depuis longtemps qu'un éditeur vienne proposer une alternative. Soyons réaliste, Adobe a un catalogue d'applications qui va bien au-delà de ses trois logiciels grâce à la croissance externe et l'intégration réalisées par l'entreprise depuis deux décennies et encore une fois, la qualité de ses outils n'est pas remise en cause.
Il y a quatre ans, Serif, un éditeur anglais, lançait la gamme Affinity et ses premières applications "Designer" et "Photo". Serif n'est pas un nouveau joueur dans le secteur mais sa gamme historique n'a pas connu le succès (en France en tout cas). J'ai pu tester Affinity Photo, pour la partie développement car j'utilise Lightroom à titre personnel. J'avais trouvé l'interface et les fonctionnalités excellentes pour une première version, avec la sensation d'avoir en main un outil moins lourd que Photoshop. Puis Designer est sorti, le concurrent d'Illustrator. J'avais secrètement souhaité qu'Affinity commercialise une application de PAO pour concurrencer InDesign. C'est désormais fait et "Publisher" qui vient d'être commercialisé est cette application. Affinity propose désormais une alternative pour ceux qui souhaitent des outils professionnels et en licence perpétuelle. Vous pouvez visionner la courte vidéo de présentation sur le site de l'éditeur. Attardez-vous par exemple sur la fonctionnalité StudioLink qui parait excellente (l'intégration des outils de retouche photo et de dessin directement dans l'interface de Publisher).
Ironiquement, je vais quitter le secteur des arts graphiques dans quelques semaines mais je n'oublie pas ces métiers essentiels et fabuleusement intéressants notamment la fabrication et le prépresse. Je vais continuer à cultiver mes compétences techniques sur ces outils informatiques et aider à titre personnel dans des projets de compositions pour le print (et pourquoi pas à titre professionnel si je retrouve des services PAO dans mes futures fonctions). Je vais acheter une licence Affinity Publisher car vu le prix, même un particulier, une association, une petite entreprise qui ont besoin d'un logiciel de composition professionnel de temps en temps peuvent se le permettre. Et de toute façon, ce que vous transmettez à un imprimeur, c'est un fichier PDF/X, rarement le fichier source. J'encourage les responsables techniques, prépresse, informatiques chez tous les imprimeurs à tester les logiciels Affinity. Le coût d'une licence des produits Affinity est très bas et le site de l'éditeur vend également des supports de formation. J'encourage les infographistes dans les entreprises de toute taille à essayer les logiciels Affinity car il se pourrait bien que cette fois, une alternative valable à long terme soit enfin arrivée. A nouveau, je ne critique en aucun cas la grande qualité des produits Adobe. En tant que gestionnaire de service informatique, j'ai été désabusé par le business model que l'entreprise a imposé à leurs clients et qui a aussi, au passage, laissé sur le carreau des revendeurs. Mais désormais, nous avons à nouveau le choix et c'est une excellente nouvelle.
Analyste en performance web environnementale, Formateur en écoconception numérique & Développeur web écoresponsable
5 ansInfo intéressante. Étonnement, les gens veulent pouvoir choisir quelle chaîne télé regarder, mais ne semblent absolument concernés par le fait d'utiliser exclusivement des produits en position de monopole, au détriment de leur libre arbitre 🤔.
IMPRESSION NUMERIQUE GROUPE CAR OZA VILLEURBANNE
5 ansBonjour Patrick merci pour tes conseils, toujours aussi judicieux . bonne continuation au plaisir de te voir Yannick