ENTRE PENSEES CLAIRES-OBSCURES
Quelle circonscription serait-elle en probabilité suffisante de croire que le consensus ne fut pas une naturalité d’effervescences sans comptes – d’Us & Savoirs – partagés au nom d’une utile évolution pluridisciplinaire ?
Les sots et simples d’esprit ?
Les suffisants en anathèmes ?
Les poujadismes en dissidences primaires ?
Une présomption en échanges clandestins ?
Une inopérante thésaurisation usurière ?
Une dissolution pluridisciplinaire au profit de corporatismes inefficients ?
Trinôme d’injonctions en reliques politico-philosophico-culturelles ?
Quelle est cette raison ?
Cette faculté qui nous est donnée pour nous permettre de déterminer quelle chose peut nous faire du bien et quelle autre du mal, et cela en fonction de la dose de plaisir ou de peine reçue. Ce n’est là point un bon calcul pour déterminer la raison puisqu’elle ne peut être variable qu’en fonction de l’acceptation de chacun envers chacune et réciproquement.
Y va-t-il d’une raison acceptable par tous ?
Il ne peut y avoir de consensus puisqu’elle est déterminée par ce que nos sens nous procurent à ressentir de la souffrance que nous voulons fuir et du plaisir que nous recherchons.
En inoculation d’idéal libertaire, qu’elle est cette croyance en nos convictions individualistes consistant à avoir certitude qu’elles ne sauraient s’arrêter là où commence la liberté pour l’autre d’en avoir d’autres… ?
Ne sommes-nous pas les gestionnaires de nos sentiments ?
Si telle est la pensée attentionnée, alors ne rendons pas l’autre intrinsèquement responsable même s’il n’a su ou réussi à combler dans l’instant tous nos besoins insatisfaits.
Pauvres ou riches...
L’essentiel n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir…
Cette espèce, de bipèdes, grégaire et invasive n‘a toujours pas compris que le monde où elle vit est, en la faculté de ses savoirs, propriétés technologiques, composition biophysique et possibilités de voyage ; un continuum espace-temps fini. Si l’intelligence humaine ne réduit pas sa mécanique destructrice et n’adapte pas sa sociologie économique à son référentiel terrestre, notamment les plans industriels, champs cultivés et cultures vivrières dans ses cités et territoires en tant que zones de vie des espèces animales dont le mammifère-humain fait partie, alors il serait juste de penser que la civilisation du XXIème siècle a abordé un cycle de déconstruction civilisationnelle, où les dommages collatéraux seront assurément plus importants que les précédentes.
Alors oui, aujourd’hui, si le corpus humaniste sensé peut percevoir que l’hominidé de type bipède est sur une pente glissante où, sans changements notables, la tragédie sera celle de son propre délitement individuel et sociologique en prescription d’une 6ème extinction des espèces, déjà commencée, alors nous pouvons, encore, par addition des bonnes volontés et utiles stratégies inverser la vapeur. Mais il ne reste pas beaucoup de temps avant que les deux générations suivantes à la nôtre, voire les membres restants des deux d’avant, n’en subissent les pires outrages affiliés à cette évolution incohérente au rapport de la conservation des VIVANTS et du BIEN COMMUN…
Une générosité débordante, exsangue de bon sens associatif, ne parviendra jamais à pallier le manque criard de lucidité et l’infantilisation en défaut de réalisme ; comme le déni de solidarité éthique et le collectivisme impotent ne sauraient qu’engendrer ce pourquoi le corporatisme en veulerie séditieuse omnipotente mènera invariablement à la Fracture Cultura-Communautaire Intransigeante : ‘’Représentation – Objet – Sujet’’
N’aurais-je pas oublié un 4ème terme…???
Cette faculté dont personne ne saurait se passer !
En effet qu’en est-il de la PENSEE…?
La scénographie moderne serait-elle seulement possible sans la pensée ?
Que celle-ci soit philosophique, épistémologique ET/OU ontologique ?
Je n’ose prendre le temps d’approfondir tout de suite cette question des plus invasives chez le ‘’mammifère humain’’.
Son histoire ne fait que commencer.
Quelques minutes, à l’échelle de l’univers connu…
M.A
Le principal fléau de l’humanité n’est pas l’ignorance, mais le refus de savoir.
Simone de Beauvoir
Si la pauvreté est la mère des crimes… Le défaut d’esprit en est le père.
Jean de La Bruyère
« N'espérez jamais trouver votre sûreté dans les armes de la fortune. »
Sénèque.
RIEN N’EST PLUS OBSCUR QUE LES CHOSES QUE NOUS AVONS PERPETUELLEMENT SUR LES LEVRES…
L’humaniste vit en paix avec tous les hommes sans agir exactement comme eux. L’homme égocentrique agit exactement comme eux sans s’accorder avec eux. Le premier est aisé à servir et difficile à satisfaire ; le second exige d’eux qu’ils le servent, mais il est satisfait à bon compte.
Il y a chez les hommes autant d’incompréhensible indolence que d’activité nocive à des moments et en des lieux déplacés. On prise comme quelque chose de rare ceux qui savent écouter calmement et avec attention ; tout aussi rare est un véritable lecteur ; et rien n’est plus rare que quelqu’un qui laisse opérer sur lui l’influence de ses semblables sans continuellement en détruire l’impression, pour ne pas dire l’anéantir, par son inquiétude, sa vanité, son égoïsme intérieurs.
La jeunesse est si forte dans l’intuition qu’elle a d’elle-même, et en même temps si fragile et si faible dans son comportement ; c’est ce qu’il y a, en elle ; d’ambigu et de démonique.
Reconnaître le mérite est plus difficile que s’enthousiasmer.
Rarissimes sont les gens qui, ne serait-ce qu’un seul instant de leur vie, ont véritablement voulu, et tout aussi rares ceux qui ont aimé.
La formation intellectuelle est d’autant plus réussie que chacune de ses phases assume le caractère d’une expérience.
LE LIVRE DES AMIS
[…] En 1956, Léo Ferré avait acquis une certaine renommée et gagné l’intérêt des surréalistes de l’époque, André Breton et Benjamin Péret en tête. Au point d’entretenir une certaine amitié avec Breton, et de vouloir lui confier la préface de son premier – et unique – recueil de poèmes : Poète… vos papiers !
Projet que Breton, qui prônait alors le vers libre, refusa, la teneur du texte n’étant pas à son goût. Cet épisode sonna le glas de leur courte amitié, et Ferré, qui n’était pas homme à se laisser rabrouer, adressa une dernière lettre assassine à son « ami d’occasion ».
[1956] – LETTRE A UN AMI D’OCCASION
Cher ami,
Vous êtes arrivé un jour chez moi par un coup de téléphone, cette mécanique pour laquelle Napoléon eût donné Austerlitz. Je n’aime pas cette mécanique dont nous sommes tous plus ou moins tributaires parce qu’elle est un instrument de la dépersonnalisation et un miroir redoutable qui vous renvoie des images fausses et à la mesure même de la fausseté qu’on leur prête complaisamment. Et ce jour-là, pourquoi le taire, j’étais prêt à toutes les compromissions : Vous étiez un personnage célèbre, une sorte d’aigle hautain de la littérature « contemporaine », un talent consacré sinon agressif. J’étais flatté mille fois que vous condescendiez à faire mon chiffre sur votre cadran à grimaces, pour solliciter une rencontre dont je ne songeais nullement à régler les détails… Trop ému, vous voyez je n’étais déjà plus flatté, j’aurais dû m’enquérir aussitôt – avant de faire les commandes d’épiceries – de votre personne, de vos problèmes, par exemple en mettant le nez dans vos livres. Je ne vous avais jamais lu, parole d’honnête homme, je ne l’ai guère fait depuis à quelques pages près. Les compliments qu’il m’a été donné de vous faire à propos de ces quelques pages étaient sincères, je le souligne. Votre style est parfait, un peu précieux certes, mais de cette préciosité anachronique qui appelle chat un chat et qui tient en émoi la langue française depuis qu’elle est adulte, guerres comprises.
Bref j’ai lavé les chiens, acheté le whisky et mis mon cœur sur la table.
Vous êtes entré.
Votre voix me frappa au visage comme une très ancienne chanson, une voix d’outre-terre dont je n’ai pas fini de dénombrer les sourdes résonances, un peu comme votre écriture lente, superbe, glacée. Avant de vous entendre on vous écoute, avant de vous comprendre on vous lit. Vous avez la science des signes, du clin d’œil, de la pause. Vous partit, il ne reste qu’une inflexion, qu’un froissement d’idée, qu’une sorte de vague tristesse enfin qui s’éteint avec les derniers frottis de vaisselle. Et l’on en redemande ! C’est assez dire le charme que vous distillez, un peu comme les jetons de casino, cette fausse monnaie, qui détruisent la vraie valeur pour ne laisser qu’une pauvre hâte à recommencer toujours et à perdre sans cesse. À vrai dire vous êtes un Phénix de café-concert, une volupté d’après boire, un rogaton de poésie. Vous êtes un poète à la mode auvergnate : vous prenez tout et ne donnez rien, à part cet hermétisme puritain qui fait votre situation et votre dépit.
Vous avez amené chez moi toute une clique d’encensoirs qui en connaissaient long sur le pelotage. Ce n’étaient plus de l’encens, mais un précis frotti-frotta comme au bal, dans les tangos particulièrement, quand ça sent bougrement l’hommasse et qu’il y passerait plus qu’une paille. Vos amis sont nauséabonds, cher ami, et je me demande si votre lucidité l’emporte sur les lumières tamisées ou les revues à tirage limité. Tous ces minables qui vous récitent avec la glotte extasiée, ne comprenez-vous pas peut-être leurs problèmes et leurs désirs : ils vous exploitent et c’est vous en définitive qui passez à la caisse car l’ombre que vous portez sur leurs cahiers d’écoliers c’est tout de même la vôtre. Ils ont Votre style, Vos manières, Vos tics, Votre talent peut-être, qui sait ?
Je suis venu quelquefois vous chercher à votre café « littéraire » et ne puis, vous exprimer ici la honte que j’en ressentais pour vous. On eût dit d’un grand oiseau boiteux égaré parmi les loufiats, chacun payant son bock, et attendant la fin du monde. Quelle blague, cher ami, Vous qui m’aviez émerveillé, je ne sais comment, et qui vous malaxez chaque éphéméride à cette sueur du five o’clock.
Je ferai n’importe quoi pour un ami, vous m’entendez cher ami, n’importe quoi ! Je le défendrai contre vents et marées – pardonnez ce cliché, je n’ai pas votre phrase acérée et circonspecte – je le cacherai, à tort ou à raison, je descendrai dans la rue, j’irai vaillamment jusqu’au faux témoignage, avec la gueule superbe et le cœur battant. Vous, vous demandez à voir, à juger. Si l’on m’attaque dans un journal pour un fait qui m’est personnel, vous ne levez pas le petit doigt sur votre plume même si c’est ma femme qui vous le demande, sans vous le demander tout en vous le demandant. Vous êtes un peu dur d’oreilles et les figures de littérature dans une lettre d’alarme ça ne vous plait guère. Quant à enfoncer les portes que vous avez cru ouvrir il y a quelques décades, vous êtes toujours là : la plume aux aguets et le « café » aux écoutes…
Il y a ceux qui font de la littérature et ceux qui en parlent. Vous, de la littérature, vous en parlez plus que vous n’en faîtes. Vous avez réglé son compte à Baudelaire, à Rimbaud, pour ne parler que de ceux à qui vous accordez quelque crédit quand même. À longueur d’essais, de manifestes, d’articles, vous avez vomi votre hargne, expliqué en long et en large vos théories inconsolées, étalé vos diktats. Vous avez signifié à la gent littéraire de votre époque que vous étiez là et bien là, même à coups de poings, ce qui n’est pas pour me déplaire car vous êtes courageux, tout au moins quand vous avez décidé de l’être. Votre philosophie de l’Action ne va jamais sans un petit tract, sans un petit article ; vous avez la plume batailleuse, comme Victor Hugo et quand il part à Guernesey vous poussez une pointe aux Amériques, ce qui n’est pas non plus pour me déplaire, anarchisme aidant, l’Unique c’est Ma Propriété. L’histoire de la Hongrie s’est réglée pour vous, pour moi, pour d’autres, par un tract – encore – des signatures, une nausée générale et bien européenne et les larmes secrètes de Monsieur Aragon qui n’a pas osé se moucher. Alors, mon cher ami, permettez que je rigole de nos vindictes qui avortent en deuxième page de Combat, et allons à la campagne.
Nous, les poètes, nous devrions organiser de grandes farandoles, pitancher comme il se doit et dormir avec les demoiselles. Non, nous pensons, et jamais comme les autres. Quand il nous arrive de diverger dans nos élucubrations, on se tape dessus, à coup de plume, toujours. J’ai eu l’outrecuidance d’écrire en prose une préface, une introduction, une « note » si vous préférez – et cela pour vous laisser la concession du manifeste, concession que vous tenez d’une bande de malabars mille-neuf-cent-vingtiesques qui avaient moins de panache que vous – je me suis donc « introduit » tout seul un petit livre de poésie où je pourfends le vers libre et l’écriture automatique sans penser que vous vous preniez pour le vers libre et pour l’écriture automatique et je ne savais pas que vous n’étiez que ça en définitive : un poète raté qui s’en remet aux forces complaisantes de l’inconscient.
Vous avez rompu comme un palefrenier, en faisant fi de mon pinard, des ragoûts de Madeleine, et de ce petit quelque chose en plus de la pitance commune qui s’appelle l’Amour. Vous m’avez fait écrire une lettre indigente par un de vos « aides » dans ce style boursouflé dont vous êtes le tenancier et qui dans d’autres mains que les vôtres devient un pénible caca saupoudré de subjonctifs. Tel autre de vos « amis » et que par faiblesse et persuasion j’avais pris en affection jusqu’à le lire – car il signe aussi des vers libres – m’envoya dinguer toujours dans ce style qui se regarde vagir. Je passe l’intermède de votre revue « glacée » où en deux numéros j’allais du grand mec à la pâle petite chose. Un de vos vieux amis enfin m’a « introduit » dans une anthologie, moi le maigre chansonnier et chose curieuse nous sommes vous et moi et côte à côte les deux seuls vivants à essayer de bien nous tenir parmi et au bout de tant d’illustres cadavres.
Vous ne trouvez pas qu’il y fait un peu froid ?
Je vous dois cependant certains souvenirs lyriques autant que commodes à inventorier : nos conversations à brûle-pourpoint, votre admirable voix lisant de la prose et je vous dois aussi de m’avoir sorti dans le moyen-âge dont vous savez tous les recoins et même les issues secrètes, à croire que vous en êtes encore.
Si j’en crois l’un de vos amis de la première heure et qui brinqueballe encore les insultes dont vous l’avez gratifié et ce « quand-même-on-ne-peut-pas-le-laisser-tomber » m’a affirmé que vous reviendriez à moi, les bras ouverts et la mine prodigue, car dit-il, un masochisme incurable vous pousse depuis des années à faire, défaire et refaire vos amitiés. Je n’en crois rien et vous laisse bien volontiers à vos vers libres.
Croyez que je regrette bien sincèrement de vous avoir eu à ma table.
Léo FERRE
FRONTS – TEXTES
Non, ne compter plus sur moi.
A vous faciliter vos tâches de satrape
En écoutes de diktats simiesques,
Prendre vos ordonnances, argent comptant,
Avec croyances en soumission de veaux,
Agencés dans boxes à blé, coupé, de tout…
Dans vos bourses, rien, ne sera que ma défense.
Non, ne me demander plus encensement.
A discourir en falsification, par doctes de vaseline,
En glissement de tables assassines, inquisitrices,
Lire vos écritures livides – vies textes… ;
Avec illogismes, en narcissisme de books,
Affriolées en lisseuses à caches misère…
Hors de vos vestibules, culture ne sera que ma suite.
Non, ne m’obliger pas à adhérer.
A devenir membre dissident, à temps perdu,
En usurpation de synoptiques humanistes,
Echanges en partisanneries de cave,
Avec philosophie-politiques sans attention,
Primées dans des devises, de nazes,
Hors de vos partis, expressions seront mon signe.
Non, n’espérer plus vengeance, en thèse nulle.
A croire à paralogismes iniques, hors-humains,
En prisme de sollicitudes vaines, partitions manquées,
Se souciant plus des cieux que de la TERRE,
Avec sémio-centrisme en bio-scènes de destruction,
Postulats derrières les remparts d’un château de cartes.
Hors de mes songes, l’imaginaire sera mon creuset…
La culture, les savoirs et la connaissance sont le sel de la vie.
Les véritables amitiés et la réelle fraternité en sont le sucre.
Michel ASTI – AU VENT DES EMOIS
On n’a jamais beaucoup ni peu d’amis, leur nombre est par essence suffisant.
On peut être parvenu à l’âge de soixante ans sans avoir l’idée de ce qu’est un caractère.
Rien n’est plus obscur que les choses que nous avons perpétuellement sur les lèvres.
On transfère aisément à la personne elle-même, dit quelque part Hebbel, le respect qu’on a pour le domaine dans lequel elle excelle. Il dit cela en référence particulière à Adam Müller et à Gentz, mais il touche là quelque chose d’universellement vrai. Argus aux cent yeux était un homme sans occupations, comme l’atteste son nom. Par conséquent, ce n’est pas un titre de gloire qu’un spectateur puisse mieux juger de certaines choses que ceux qui les ont sous les mains ; et pas un sujet de honte pour ces derniers d’améliorer leurs tours de main d’après les observations d’un oisif.
HAMANN à son frère, en 1760
LE POEME
Le poème évite avec discernement le raisonnement individuel.
Le barde, la poétesse, poètes et versificateurs écrivent leurs mots sur le mur de l’indifférence.
Ils cherchent, parfois avec désillusions ; l’homéomorphisme aux précautions d’une interdisciplinarité des rationalités univoques filmées au formalisme de leurs sensibilités.