Equilibre ⚖
Bonjour !
A quoi ressemblera le travail des cadres en 2030 ? C’est « un travail moins central au quotidien, mais qui demeure un vecteur de socialisation, qui apporte du sens et est en accord avec les valeurs des cadres, qui favorise et repose sur la confiance... », écrit dans son dernier livre, 2030... Le travail a changé, Gilles Gateau. Et le directeur général de l’Apec d’ajouter, pince-sans-rire : « Vaste programme ! »... Notre journaliste Sarah Spitz l’a interrogé sur d’autres sujets dans l’Opinion.
Centralité
Le confinement a été propice aux interrogations existentielles. Un nouveau contrat social est-il en train d'émerger ? Trop tôt pour le dire. En revanche, nombre d'études démontrent une place moins centrale du travail dans la vie des cadres. La part des Français en activité déclarant la place du travail « très importante » est passée de 60 % en 1990 à... 21 % en 2022 ! Ce basculement mérite nuances, note Gilles Gateau. D’abord, ce retrait n’est pas rejet : 84 % des sondés jugent quand même le travail « important ».
Génération
Ensuite, attention de ne pas surévaluer l’effet génération : les jeunes actifs accordent de la valeur au travail dans les mêmes proportions que leurs aînés (47 %). A moins de 30 ans ou à plus de 45, on formule les mêmes attentes : un travail rémunérateur, intéressant, facile à concilier avec la vie personnelle. Gilles Gateau : « Là où une distinction peut être observée entre générations, c’est dans l’expression de ces mêmes aspirations. C’est avec beaucoup plus de force que les moins de 30 ans font part de leurs attentes. » En clair, ils craignent moins d’aller voir ailleurs en cas d’insatisfaction.
Rééquilibrage
Les choses changent quand même. La réussite et l’accomplissement se jouent moins dans l’entreprise que durant le temps libre (famille, sport, activités associatives...). Le travail apparaît moins comme un marqueur social. L’auteur encore : « D’identitaire ou statutaire (pour les cadres en particulier), il devient davantage utilitaire. » Comprenez bien : « Faire carrière est une notion qui perd de sa force. »
Déconstruction
Au passage, le patron de l’Apec se permet de déconstruire quelques clichés, avec force sondages. Non, les Français ne sont pas paresseux. Et bien loin de la démission silencieuse, le fameux quiet quitting. Oui, l’entreprise suscite toujours une part d’affect, le lien affectif existe, il demeure même puissant. Mais c’est vrai, les chercheurs constatent une recherche du juste milieu « qui fait écho à des situations où les cadres perdent le contrôle de leur amplitude horaire... »
Changement
Pour finir, le sociologue Michel Wieviorka décrit un changement culturel qui, « s’il ne retire pas sa valeur au travail, le prive de sa position hégémonique qu’il avait jusqu’alors. Le travail n’est donc désormais plus au-dessus de tout. » Vous reconnaissez-vous dans cette mutation intime ?
Ah, une dernière chose !
Jeudi 21 novembre, les sénateurs ont adopté l’instauration d’une contribution consistant à imposer aux salariés de travailler gratuitement 7 heures de plus par an. Cette « contribution de solidarité » pourrait rapporter 2,5 milliards d’euros au secteur de l’autonomie. Pourrait ? Le Premier ministre a dit qu’il ne soutenait pas cette initiative – une piste intéressante, mais qui doit faire l’objet de négociation avec les partenaires sociaux... A suivre.
Génération X'O
Génération X'O, c’est un X comme eXpérience et un O comme Opportunité, pour les plus de 45 ans qui estiment que la plus belle part de leur carrière est devant eux. Partagez X'O, suivez-nous sur LinkedIn !
Bonne lecture !
Rémi Godeau, rédacteur en chef de l’Opinion