Esprit critique et bon jugement : ça commence au cégep !
#30secondes avant d’y croire.
#30secondes avant d’y croire. C’est le temps que ça devrait vous prendre avant de considérer une nouvelle comme étant véridique ou fausse. Phénomène amplifié par l’avènement du Web et des réseaux sociaux, les fausses nouvelles pullulent et ont un impact réel sur la société. De là, l’importance de forger notre sens critique.
Rédigé par Josianne Haspeck, conseillère en communication | Collège Lionel-Groulx
Si la formation générale (philosophie, français, anglais et éducation physique) peut contribuer à développer l’esprit critique et le bon jugement nécessaire pour faire la part des choses, c’est également un volet touché dans le programme Arts, lettres et communication, Option média, profil Cinéma et communication, formation répondant aux intérêts de journalistes, documentaristes et scénaristes en herbes.
C’est dans cette idée que la présidente de l’Association des journalistes indépendants du Québec et journaliste, Gabrielle Brassard-Lecours, a présenté au cours des dernières semaines une conférence portant sur les fausses nouvelles et la politique, inscrite dans une initiative de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).
L’objectif : lutter contre la désinformation touchant la politique et son impact sur la démocratie. Comment ? En donnant des réflexes aux citoyennes et citoyens de demain pour repérer les fausses nouvelles et à mieux comprendre l’impact qu’elles peuvent avoir dans notre société.
Qu’est-ce qu’une fausse nouvelle ?
Une histoire fabriquée qui prend l’allure d’une vraie dans le but de tromper les lecteurs. Le grand public, jeune et moins jeune, est susceptible de se faire prendre.
Combattre la désinformation
La désinformation politique qui peut s’ensuivre permet de discréditer un adversaire publiquement, influencer l’opinion publique, semer la confusion ou susciter la méfiance du public. Cela porte souvent sur des sujets qui divisent comme la laïcité, l’avortement, les changements climatiques, l’immigration, etc. Par exemple, on a vu circuler une fausse nouvelle affirmant que la mairesse de Montréal, Valérie Plante, avait manifesté contre le projet de loi sur la laïcité avec le prédicateur Adil Charkaoui. Cette publication a été partagée 1800 fois en 24 heures alors que c’était complètement faux. « Si la fausse nouvelle vient conforter une opinion, elle est rapidement partagée », a expliqué la journaliste indépendante.
Pour lutter contre la désinformation, il faut vérifier la source de la nouvelle, l’authenticité d’une image. Au cours de l’atelier, la conférencière a souligné qu’aucune loi ne régit la création de fausses nouvelles. Au moyen de plusieurs exemples provinciaux, nationaux et internationaux tirés des médias sociaux, elle a dressé le portrait du rôle de chien de garde du journaliste et des médias en démocratie.
- Défendre la liberté d’expression
- Informer les citoyens
- Encourager le débat sur les politiques publiques
- Servir l’intérêt (du) public
Plusieurs médias ont d’ailleurs créé leur « escouade » pour repérer ces fausses nouvelles.
L'actualité
Ici Radio-Canada
Science-Presse
Le Soleil
Actufuté - partenariat entre CIVIX et la Fondation pour le journalisme canadien
The Annenberg Public Policy Center
79 % des utilisateurs s’informent sur les réseaux sociaux.
95 % ont entre 18 et 24 ans
89 % ont entre 25 et 34 ans
9 Canadiens sur 10 ont déjà été bernés par une fausse nouvelle
La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) présente cette conférence, rédigée par son partenaire de l’Agence Science-Presse, dans le cadre du programme d’éducation aux médias, #30 secondes avant d’y croire.
Gabrielle Brassard-Lecours a profité de sa tribune pour parler de son travail et des principes qui la guident quotidiennement dans sa cueillette d’informations : vérification des faits, sources crédibles, intérêt public, équilibre, impartialité.
L’éducation aux médias pour l’avenir de la démocratie
À l’heure actuelle, aucun cours d’éducation aux médias à proprement parlé n’est offert au secondaire sinon en cours optionnel. Toutefois, le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge a présenté, au printemps 2019, un document qui vise à soutenir les démarches pédagogiques orientées vers l’adaptation au monde numérique. Ce cadre de référence de la compétence numérique vise à favoriser le développement de cette compétence chez les élèves du secondaires, mais également les étudiantes et étudiants collégiaux et universitaires.
« Les jeunes sont nés dans un monde numérique, rappelait Éric Caire, ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale. Il est essentiel qu’ils puissent apprendre autant à maîtriser les technologies qu’à devenir des utilisateurs avertis pour en tirer le meilleur et pour éviter les pièges. »
L’enseignement supérieur joue donc un rôle important pour accompagner les étudiants à exercer leur citoyenneté à l’ère du numérique.