Et l'enfant dans tout ça ?
Notre posture de neutralité n'empêche pas les médiateurs familiaux d'éprouver parfois de l'inquiétude à l'égard des enfants dont il peut être question en séance de médiation familiale.
Une parole souvent instrumentalisée
Dans un contexte de grand conflit parental, la parole de l'enfant est régulièrement confisquée pour servir les intérêts d'un des parents dans sa lutte pour gagner contre l'autre. Cette logique mortifère apprend aux enfants l'impérieuse nécessité de faire attention à ce qu'il dit. Il comprend rapidement que pour "sauver sa peau", il va falloir contenir ses paroles. Dire à papa et à maman ce que chacun veut entendre, afin de conserver coûte que coûte l'amour de chacun de ses parents. Surtout ne pas dire à maman que le week-end avec papa s'est bien passé. Surtout ne pas dire à papa que le nouveau compagnon de maman est sympa. S'adapter, déformer, correspondre. En médiation, les parents découvrent le double langage de leur enfant et dans le meilleur des cas, comprenne la douloureuse situation dans laquelle se trouve leur enfant. Mais trop souvent, pour ne pas se remettre en question, on entend : "tu veux dire que notre enfant est un menteur ?"
Parfois, le poids est tellement lourd, que l'enfant finit par renoncer et demande à ne plus voir l'un de ses parents. Comment se construire lorsqu'il faut toujours être dans la vigilance, comment développer une parole propre qui ne soit pas dangereuse pour soi et pour les personnes que l'enfant aime ?
Une place qui n'est pas la sienne
L'absence de dialogue entre les parents se répercute nécessairement sur l'enfant en lui donnant une place qui n'est pas la sienne. Tu diras à ton père de ne pas oublier de payer la pension alimentaire, lui demande t-on. Ta mère pourrait quand même t'acheter des vêtements corrects, bougonne le père. Tu lui demanderas quand il prendra ses vacances, pour que je puisse prévoir les nôtres suffisamment tôt, pour une fois, s'exprime la mère.
Ces propos acerbes, voire le ressentiment à l'égard de l'autre parent, c'est souvent l'enfant qui les entend, puisque les parents évitent d'entrer en contact. Que fait l'enfant de ces mots violents qui circulent à travers lui ? L'emmener voir un psy, oui sans doute lorsqu'on prend conscience de son mal être. Mais tant que le climat parental n'aura pas évolué, l'enfant continuera à souffrir. S'il y a bien une raison de venir en médiation familiale, c'est la volonté commune des parents de reprendre leur place d'adultes, responsables, de chercher ensemble des modalités de communication suffisantes, et de préserver leur enfant.
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MEDIATRICE FAMILIALE--
5 ansle clivage, le conflit de loyauté, cet épuisement psychique qui mène petit à petit a rejeté un des parents.
Médiateure familiale DE assermentée près la Cour d'Appel de Paris et la Cour d’Appel de Versailles
5 ansMerci Karine Mauguin pour cet article. C’est quelque chose que nous vivons tellement souvent en médiation ...